Le 7 mars prochain, Valaisannes et Valaisans sont appelés à élire leurs député·e·s au Grand Conseil (le parlement) ainsi que les membres du Conseil d’Etat (le gouvernement) et c’est important dans plein de domaines, dont celui du vélo. Le vélo comme sport, comme loisirs ou comme moyen de transport.
Certains y sont plus favorables que d’autres, certains y sont carrément hostiles, donc c’est important, surtout si c’est important pour vous. Ça l’est pour moi et je ne vais pas vous dire pour qui voter, mais je peux vous expliquer comment je raisonne ces jours, en essayant d’éviter les pièges dans lesquels j’ai pu tomber par le passé.
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient
Les promesses, tous les politiciens en font pour se faire élire. Surtout ceux qui n’ont encore jamais été élus, car on ne peut pas les juger sur leurs actions. Et même déjà élus, certains s’obstinent à promettre, mais on aurait tort de les suivre aveuglément.
Ainsi, je ne dis pas que j’ai voté pour un patron de compagnie d’autocars au Conseil d’Etat valaisan. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non, je ne m’en souviens honnêtement pas. Mais je me souviens avoir cru aux promesses de son programme électoral sur la mobilité (j’ai donc peut-être voté pour lui). Un chef d’une entreprise d’autocars, ça doit être au fait des problèmes à régler sur la route me suis-je certainement dit à l’époque. Et que promettait ce fameux programme pour 2013-2017 qui m’avait tant intéressé?
« Développer le réseau cyclable pour les déplacements cyclables quotidiens dans et entre les agglomérations (accès aux gares, réseaux cyclables en général, places de stationnement, etc.) »
Huit ans plus tard, que sont devenues ces promesses? Les berges du Rhône sont déliquescentes, pleines de trous(comme d’autres routes) et de neige en hiver, encore encombrées de voitures, avec des limitations à 80 km/h, les gares toujours inaccessibles à vélo ou à pied et les pauvres bandes cyclables de la route cantonale sont en voie de disparition. Avec tout ce qui a été effacé, je pense qu’il y a même moins de kilomètres cyclables en Valais qu’en 2013 (je n’ai pas demandé au Service de la mobilité, car il ne répond pas à mes autres questions pourtant assez simples, par exemple pour connaître le nombre de cyclistes qui passent devant leurs compteurs sur les berges du Rhône).
Eviter les obstinés
Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas d’erreurs. Je le conçois volontiers, mais j’estime aussi qui s’agit de les reconnaître (les erreurs) pour pouvoir les corriger et avancer. Et là, il y a certaines obstinations que je peine à comprendre.
Petite digression vers un article qui est en partie à l’origine du texte que vous être en train de lire: Two intersections improved for cycling – BICYCLE DUTCH C’est en anglais, mais il y aura peut-être bientôt une version traduite ici.
Cet article nous apprend qu’aux Pays-Bas, on corrige les carrefours mal faits: “Les rues ne sont jamais terminées. Leur conception requiert une analyse contante.” Et que se passe-t-il quand la sécurité (pourtant exceptionnelle en comparaison de ce que l’on trouve chez nous) des usagers les plus vulnérables n’est pas garantie? On corrige. D’ailleurs c’est assez fou, cette voie cyclable qui a la priorité sur les voitures. Chez nous on vous demanderait de descendre du vélo et de passer à pied.
La preuve.
Quel rapport avec le Valais et ses élections me direz-vous?
Eh bien, pour voir qui s’engageait vraiment pour le vélo en Valais (en politique s’entend) je me suis rendu sur le site du parlement où j’ai recherché le mot “vélo”. On tombe alors sur toute une série de motions et autres interpellations.Cela permet de voir assez concrètement qui a vraiment travaillé pour la promotion du vélo ces dernières années.
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des gens d’à peu près tous les partis (sauf un me semble-t-il, mais je peux me tromper, n’hésitez pas à me corriger). Cela permet à chaque cycliste, ou personne qui se déplace à vélo, de voter pour ces personnes sans “trahir” ses autres idées politiques, même s’il n’est pas interdit d’ajouter un “pro vélo” d’un autre parti sur sa liste. Et même si dans le domaine des mobilités actives, les rangs des personnes favorables sont mieux fournis dans certains partis que d’autres. Pas besoin de vous faire un dessin, je pense.
Et pour tout le reste, en évitant les erreurs de casting, il y a Smartvote. Pour les députés, les suppléants et le gouvernement.
Mais je suis aussi tombé sur les discussions et la décision pour la réfection de la route cantonale à Fully, entre La Louye et Branson. En rapport avec l’obstination.
Dans le rapport de commission, un député s’inquiète de l’absence d’aménagement cyclable et “rappelle que tous les cyclistes ne sont pas des cyclotouristes, mais qu’il existe une catégorie de cyclistes dont on ne parle pas, à savoir les personnes se déplaçant à vélo au quotidien. Il est d’avis que le projet ne fait pas de place aux vélos et qu’il ne favorise pas la transition de certains automobilistes vers le vélo.”
A cette remarque, le chef de service indique “que l’axe le long du Rhône remplit ce rôle et que, du point de vue du canton, c’est l’unique axe qui concerne ses attributions. […] De par la loi, le canton n’a pas la tâche institutionnelle de développer des routes pour les deux roues et ne peut qu’inciter ou accompagner les communes à agir dans ce sens.” Donc le canton fait des routes cantonales, mais les routes, c’est pour les voitures. Point. Et si les berges du Rhône remplissent ce rôle (non), il faut des accès pour rejoindre ce fameux “axe le long du Rhône” d’ailleurs impraticable durant des jours et des semaines après chaque chute de neige. Heureusement que c’est mieux sur la route cantonale (non).
La suite? C’est pire. “Le Département précise que le canton prend en compte les vélos et que ce n’est pas parce que tel n’est pas le cas dans le présent projet, qu’il ne va pas le faire pour les projets futurs. Le Département a hérité de ce dossier, avec ses problèmes et ses incohérences, et « doit faire avec », tout en étant conscient du fait qu’il est insatisfaisant sur ce point.”
Je rappelle juste que le chef du département, c’est celui qui promettait de “développer le réseau cyclable pour les déplacements cyclables quotidiens dans et entre les agglomérations (accès aux gares, réseaux cyclables en général, places de stationnement, etc.)«
On a donc un projet insatisfaisant, mais on s’en cogne en promettant que cela sera mieux demain (sauf pour ceux qui subiront ce projet insatisfaisant) et on va le faire quand même.
Alors ce qui est certain, c’est que cette fois, je ne voterai pas pour un autocariste qui fait des promesses, mais je crois qu’il n’y en a pas (d’autocariste candidat, les promesses, par contre…).
Le bénéfice de l’espoir…
Si rien de notable ne s’est passé pour la promotion du vélo durant la pandémie, contrairement à d’autres villes et régions, même suisses, qui en ont profité pour favoriser le vélo (qui en plus de se déplacer permet par ailleurs de lutter contre la sédentarité, de prendre l’air sans se presser dans les transports publics, Covid-19 oblige) on ose espérer une réponse favorable du gouvernement au postulat “Mobilité: des cols valaisans ouverts plus tôt aux cyclistes?”
Qui vivra verra.