Depuis le temps que mon épouse Caroline me parlait de ces 24 Heures Thömus, elle a fini par me convaincre d’y participer.
Le principe est assez simple: partir de la ferme d’Oberried où tout a commencé en 1991 (une longue histoire…) et où l’on trouve aujourd’hui le Swiss Bike Park, entre autres, pour une destination assez lointaine et motivante à rejoindre en plus ou moins 24 heures.
Les précédentes éditions ont ainsi emmené les participant•e•s à Monaco, au mont Ventoux, à l’Alpe d’Huez ou encore au sommet du Stelvio. Cette année, l’objectif était le sud du lac de Garde, en passant par les cols du Grimsel et du Nufenen. Un périple d’un peu plus de 460km pour quelque 5000m de dénivelé positif.
Sept groupes d’une douzaine de personnes, sauf le nôtre qui en comptait plus de vingt, dont le boss Thomas «Thömu» Bingelli en personne, se sont ainsi élancés dès dix heures le 24 juin, par intervalles de 30 minutes, avec pour chaque groupe un ou deux véhicules d’accompagnement pour transporter les petites affaires de chacun (habits de rechange, lampes pour la nuit…) et assurer des ravitaillements à intervalles réguliers. Personne ne risquait de mourir de faim, surtout que des ravitaillements plus copieux (risotto, salade de pâtes, birchermuesli le dimanche matin) nous attendaient au Grimsel, à Bellinzona et à Trezzo sull’Adda, entre Milan et Bergame.
Nous avons donc longé les lacs de Thoune et de Brienz, avec la lourde responsabilité pour votre serviteur d’ouvrir la route, le patron m’ayant désigné «leader» lors du briefing du matin. Moi qui n’aime déjà pas trop naviguer au Garmin (je voulais le tester à cette occasion) ni guider des groupes sur des routes inconnues, j’étais servi. Mais dans l’ensemble cela s’est bien passé, avec les plus longs relais de ma vie, d’une bonne centaine de kilomètres parfois… J’étais en forme, autant en profiter et en faire profiter mes compagnon•ne•s de route.
Après les lacs, les cols, le Grimsel depuis Innertkirchen, assez long, mais relativement roulant et avec une circulation acceptable en ces heures un peu plus avancées de la journée. Rien à voir avec ma précédente expérience, même si nous avons tout de même rencontré quelques abrutis du volant en chemin. Après le risotto au sommet et une bonne pause pour tout le monde, les groupes reprennent la route, toujours en décalant les départs. À la descente vers Gletsch, Oberwald et Ulrichen succède l’ascension du Nufenen à la tombée du jour. Les premiers groupes au soleil, les derniers dans la pénombre. Notre groupe, le numéro 4, entre les deux. J’ai bien essayé de rattraper le soleil dont la limite remontait à vue d’œil, mais c’était peine perdue, la rotation de la Terre étant nettement plus rapide que celle de mes jambes…
Au col du Nufenen, à près de 2500 mètres d’altitude, il fait déjà bien frais et nous entamons la longue descente vers Airolo, puis Bellinzona, sans tarder. Notre « guirlande » de feux rouges et blancs atteint la ville aux châteaux un peu avant une heure du matin, sous les applaudissements des fêtards en goguette.
Le temps de manger un peu et de piquer un petit somme, nous repartons en direction de Lugano vers 3h30 du matin, où point le jour lorsque nous traversons la ville encore bien endormie. Nous avons alors franchi la dernière « bosse » du parcours avec le Monte Ceneri.
Le reste sera tout plat ou presque, un peu ennuyant tout de même, les lignes droites vent de face succédant aux ronds-points sur plus de cent kilomètres dans cette morne plaine. On en vient presque à apprécier (en vrai, non, pas du tout) l’animation mise par les abrutis qui nous frôlent en klaxonnant, ne comprenant pas qu’il est plus simple de doubler un peloton de vingt cyclistes bien alignés en rang par deux qu’une colonne deux fois plus longue.
L’Italie n’est pas l’Espagne et pas une destination «vélo», surtout si vous devez emprunter autre chose que des pistes cyclables, certes disponibles à foison dans des régions comme le Trentino, comme je le découvrirai les jours suivants. Pistes cyclables certes bien faites, mais pas toujours adaptées à la progression rapide d’un peloton de cyclosportifs.
Fin de la digression pour célébrer l’arrivée au lac de Garde, avant laquelle il a fallu lever le pied (notre groupe numéro 4 ayant pris la tête…) afin que bières fraîches et Prosecco puissent être mis en place, de même que l’arche d’arrivée digne d’une étape du Giro d’Italia. Le reste ne sera que fête, congratulations, apéritif dînatoire au bord et dans le lac, avant un retour en car vers Berne le lendemain, semble-t-il loin d’être de tout repos (je rentrais à vélo et j’y ai « échappé ») avant les dernières grillades et raclettes à la ferme d’Oberried. Tellement bien que l’on m’a presque déjà interdit de rentrer à vélo l’an prochain…
Les 24 Heures Thömus, un truc à faire une fois, puis plusieurs tant les souvenirs et les émotions partagées créent des liens que l’on a envie de conserver et de cultiver.
Alors merci Thömu et à la prochaine!