Magnanime avec les chauffards le Conseil fédéral serre la vis aux victimes

Lors de sa séance du 17 novembre 2021, le Conseil fédéral (CF) a adopté le message concernant la révision de la loi fédérale sur la circulation routière (LCR) et l’a soumis au Parlement.

But de l’opération: « Réduire les émissions de gaz à effet de serre, améliorer la sécurité routière et permettre la conduite automatisée. »

Solution pour le premier point? Autoriser des véhicules plus gros et plus lourds sur la route. Les constructeurs semblent effet incapables (non, mais même électriques un gros SUV ça se vend mieux) de créer des véhicules électriques de taille normale, pour ne pas dire raisonnable ou petite.

Donc, pour le Conseil fédéral, « les véhicules dotés de technologies respectueuses de l’environnement sont souvent plus longs et plus lourds que les véhicules conventionnels, notamment à cause de leurs batteries ou de leur cabine aérodynamique. Afin de promouvoir les véhicules de ce type, des exceptions à la longueur maximale et aux poids maximaux prévus par la loi seront admises pour eux, de façon à ce que l’utilisation de technologies respectueuses de l’environnement n’entraîne pas une réduction de la capacité de chargement. »

Comment des véhicules plus lourds et tout aussi rapides constituent un progrès pour la sécurité routière reste à voir. Et je découvre que les électriques sont plus aérodynamiques (ce qui passe par une taille accrue si je suis le raisonnement du CF) que les véhicules thermiques.

Surtout que le CF ne s’arrête pas en si bon chemin en assouplissant les mesures du programme Via sicura. Il entend ainsi « renoncer à l’introduction de l’éthylomètre anti-démarrage et de la boîte noire ». Les les conducteurs ayant été pincés de manière répétée en état d’ivresse pourront dormir tranquille et surtout démarrer leur véhicule s’ils doivent conduire bourrés.

Sortez casqués

Pour le deuxième point (améliorer la sécurité routière), cela semble donc mal engagé, mais le Conseil fédéral a de la ressource et sort sa mesure magique: le casque obligatoire à vélo pour les enfants et adolescents jusqu’à 16 ans. « Étant donné que le nombre de cyclistes victimes d’accidents graves augmente fortement dès l’âge de 12 ans et que, parallèlement, le taux de port du casque diminue à partir de cet âge, le Conseil fédéral se voit octroyer la compétence de rendre le port du casque obligatoire pour les enfants et les adolescents jusqu’à l’âge de 16 ans lorsqu’ils circulent à vélo. »

Plusieurs problèmes:

  1. Pour réduire les émissions à effet de serre, une pratique accrue du vélo fait clairement partie des solutions, entre autres bénéfices, mais l’obligation du casque le rend moins attractif. Cela s’est vérifié partout, même si l’on peut trouver des bénéfices au casque librement porté.
  2. Le casque protège la tête et c’est bien. Mais dans une collision avec un véhicule (toujours plus gros, on le rappelle), il y a moyen de se faire gravement mal ailleurs aussi. Il faudrait surtout chercher à éviter les collisions. Et limiter la taille et la vitesse des véhicules motorisés.
  3. Selon le tout frais rapport Sinus du BPA, au chapitre « Vélo classique », on peut lire que « chez les enfants et les jeunes de moins de 18 ans, le nombre d’accidents graves a diminué de 24 % entre 2010 et 2020. Les 0-17 ans sont même assez nettement les moins touchés par les accidents graves et les décès. Une bonne nouvelle bien sûr, même si chaque accident est de trop. Et sinon, selon le BPA, c’est surtout à pied qu’ils sont victimes d’accidents. Peut-être un casque pour piétons bientôt?
Selon le BPA, le nombre d’enfants et jeunes victimes de dommages corporel graves est en baisse.
Les 0-17 ans sont même les moins touchés en 2020.
Les seniors paient par contre un lourd tribut aux accidents de vélo.

En résumé et en caricaturant à peine, le Conseil fédéral autorise de plus gros véhicules, potentiellement conduits par des gens ivres et veut protéger les enfants avec une coque de 250 grammes de polystyrène expansé posée sur leur tête.

A côté de la plaque et pas qu’un peu.

Aux Pays-Bas, les casques sont rares et le nombre d’accidents impliquant des cyclistes le plus faible au monde. Il doit bien y avoir des solutions valables pour améliorer la sécurité des cyclistes…