La guerre du vélopartage aura-t-elle lieu en Valais (aussi) ?

Le système de vélopartage de La Poste, Publibike, est bien installé à Sion depuis plusieurs années et depuis peu à Sierre également, tandis que Martigny vient de se doter du réseau Velospot. Dommage pour l’usager d’avoir déjà deux systèmes différents dans des villes si proches. Mais ces deux acteurs risquent bien de se faire bousculer par un troisième larron: le remuant Donkey Republic, une sympathique « république des ânes » venue du Danemark.

Depuis plusieurs années, Sion dispose du système de vélopartage de Publibike, une société de La Poste. Le premier système, très rigide, d’emprunt-location (une borne fixe et une attache physique du cycle), associé à l’époque à des vélos de qualité franchement douteuse ont plombé d’emblée cette offre à priori séduisante: un abonnement de base et un vélo quand j’en ai besoin, à Sion et évidemment ailleurs en Suisse.

Un e-bike Publibike avec son écran de verrouillage.

Sion et Sierre (qui vient de se doter d’une station supplémentaire au nord de la gare) ont accepté de prolonger cette offre avec une nouvelle gamme de vélos et un système plus souple au printemps 2018. Les vélos tiennent désormais la route et les stations de collecte/dépôt du vélo ne nécessitent plus d’accrocher la machine à une borne. Plus simple pour l’usager et le prestataire, qui peut simplement déplacer le totem qui sert de station.

On peut certes émettre des critiques sur les quelques « mésaventures » rencontrées, comme une batterie parfois anémique sur les e-bikes, des pneus plats, des vélos impossibles à déverrouiller ou des selles pointant vers le ciel, mais dans l’ensemble, l’expérience a plutôt été positive dans mon cas. Une seule fois j’ai dû poursuivre à pied, faute de vélo disponible à ma station de départ, entre l’hôpital et la gare de Sion.

Velospot à Martigny

Voilà quelques semaines, Martigny a annoncé son système à son tour. La ville du coude du Rhône s’est équipée avec un autre fournisseur, Velospot. Pour l’usager circulant entre les villes valaisannes, c’est déjà un peu dommage, vu qu’il lui faudra deux abonnements distincts pour, par exemple, rejoindre la gare de Sion à vélo, prendre le train jusqu’à Martigny où il pédalerait encore jusqu’à son lieu de travail.

Même s’il est possible d’obtenir une carte journalière, sans abonnement, mais avec une caution de 150.- CHF, Velospot nécessite un abonnement de base de 60.- francs par an, les 30 premières minutes de chaque utilisation étant ensuite gratuites. Il en coûte ensuite 2.- par tranche de 30 minutes entamée. L’abonnement à 220.- CHF par an donne droit à une batterie amovible et à un chargeur pour bénéficier de l’assistance électrique sur les machines de Velospot. Il faut transporter cette batterie avec soi pour l’insérer dans le vélo choisi.

Le site de Velospot est toutefois un peu vieillot et les critiques de l’application sur l’App Store d’Apple n’inspirent pas une confiance aveugle. Après avoir téléchargé cette application, il s’avère que le système (un simple envoi de formulaire par e-mail) a besoin de mon nom et e-mail (OK) et numéro de téléphone (pourquoi?) et que les conditions d’utilisation s’affichent en italien. Pour l’instant, ce sera sans moi.

Publibike, avec ou sans abonnement

Chez Publibike, l’abonnement sans cotisation « QuickBike » vous délestera de 3.- pour les 30 premières minutes de chaque trajet, puis de 5 centimes par minute supplémentaire jusqu’à un maximum de 20.- par location. Pour un e-bike, les prix sont respectivement de 4.50 CHF, 10 centimes et 40.- CHF.

La formule EasyBike annuelle (existe aussi en paiement mensuel à 9.-) coûte 60.- par an, offre les 30 premières minutes par trajet, coûte ensuite 5 centimes la minutes avec un plafond à 20.- par location. Enfin FreeBike, pour 290.- par an (ou 29.- par mois) intéressera surtout les adeptes du e-bike en offrant les 30 premières en VAE, ces dernières étant d’emblée payantes avec les autres abonnements.

Tout ceci est un peu touffu, mais les options sont bien détaillées sur les sites respectifs.

Le Trublion orange Donkey Republic

Ces propositions déjà disparates pour l’usager le sont aujourd’hui encore un peu davantage avec l’arrivée d’un troisième larron bien dans la tendance du « libre partage » actuel: Donkey Republic. Une « république des ânes » qui se présente ainsi sur son site: « En 2015, nous avons créé un cadenas électronique et une système de vélo-partage automatisé dans le sous-sol d’un immeuble de Copenhague. Depuis, nous avons transporté ce système dans un voyage autour du monde, dans le but de faire devenir le vélo le héros des transports publics, et un catalyseur pour des ville plus vertes, ou il font bon vivre avec moins d’embouteillages. »

Un vélo « orange » à la gare de Sion.

Inscription et 30 minutes gratuites

En pratique, comme chez Publibike et Velospot, il suffit de télécharger l’application sur son smartphone. Puis d’y créer un compte, y lier une carte de crédit (même pour une utilisation gratuite, pour débiter les frais liés à d’éventuels dégâts) et… choisir un vélo. En Valais, les 30 premières minutes de chaque location sont offertes. L’abonnement à 10.- par mois donne droit à 60 minutes gratuites par location, celui à 16.- par mois à 12 heures.

Si les tarifs peuvent paraître proches de Publibike et Velospot, l’offre est assez différente. Les vélos sont justement tous différents et portent un nom. Petit, grand, modèle « femme » ou « homme », comment s’y retrouver? « Les utilisateurs mémorisent assez facilement le nom des vélos quu’ils aiment bien et choisissent un de ceux-là par la suite« , explique Gaël Ribordy, fondateur et directeur de Kargo.bike, promoteur de Donkey Republic en Valais.

Madame vous attend!

Déjà vingt points de dépôt en valais

Aujourd’hui encore à un stade embryonnaire, Donkey Republic ne demande qu’à s’étendre rapidement. Contrairement à Publibike et Velospot, Donkey n’a pas forcément besoin d’un emplacement public pour stationner ses vélos. Libre à chacun, particulier, entreprise, commerce ou collectivité (bienvenues aussi) de mettre quelques places à disposition sur son terrain. Pas de borne à installer, même si les vélos doivent être ramenés aux lieux de dépôt localisés. Aujourd’hui, le réseau ne compte qu’une poignée de vélos en Valais, mais déjà une vingtaine de points de dépôt où les usagers peuvent les restituer, à Sion, Sierre, Martigny et Monthey.

Ailleurs en Suisse (Genève, Neuchâtel, Le Locle à ce jour) Donkey s’est souvent associé aux offres similaires à Valais Roule, faisant ainsi décoller le nombre de vélos proposés. Et ailleurs en Europe, on compte déjà des dizaines de milliers de vélos en circulation.

Le réseau à Copenhague. Vous avez dit dense?

L’esprit est sympa, l’offre est moins « carrée » que chez PubliBike ou Velospot, mais le nombre de vélos en circulation et facilement accessibles en Suisse et ailleurs (l’abonnent est valable dans toutes les villes Donkey, comme Copenhague, Amsterdam, Barcelone ou Vienne, entre autres) constitue toutefois un sacré argument pour qui ne veut pas se prendre la tête à choisir entre deux abonnement concurrents pour circuler dans deux villes valaisannes à 30 km de distance.

Avec davantage de vélos, l’offre risque bien de devenir rapidement très intéressante. Les chevaux de course sont partis avant, mais miser sur un âne pourrait bien s’avérer payant.

2 réflexions au sujet de “La guerre du vélopartage aura-t-elle lieu en Valais (aussi) ?”

  1. À Copenhague j’ai eu l’impression que les Donkeyrepublic étaient surtout utilisés par des touristes, les locaux étant de toute façon tous équipés et les caves des immeubles bien remplies.

    Il me tarde d’y retourner.

    • Salut Thomas,
      Oui, certainement. Et ce sera peut-être aussi le cas chez nous. Raison de plus pour tenter d’unifier tout cela. Ou, a pire, d’utiliser le système le plus répandu…

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