«Il me semble que toi et ton vélo ne rentrez jamais intacts de cette épreuve», me glisse un ami au retour de l’édition 2017 de la Transvésubienne, cette redoutable épreuve azuréenne entre La Colmiane et Nice.
Je ne peux pas vraiment lui donner tort après mes points de suture au menton en 2010, quelques égratignures en 2013, un tibia salement amoché en 2014 et un vélo cassé en plusieurs morceaux en 2015.
Cette année j’avais donc assuré le coup avec un vélo bien costaud, le Rocky Mountain Element 970 RSL, qui a très bien tenu le choc. L’épreuve comportait un prologue «descendant» (avec quelques sévères «coups de cul») sur un tracé magnifique entre La Colmiane et Saint-Martin en Vésubie. Tellement beau que j’ai parfois regretté de passer si vite à certains endroits… Mais bon, c’est la course, dont le «vrai» départ était donné le lendemain matin à 6 h à La Colmiane par le «mass start» habituel en descente avant une longue première grimpette où chacun trouve à peu près sa place et son rythme pour les heures qui suivront.
De longues heures qui défilent vite tant il faut rester concentré sur le tracé, pour ne pas rater les balises, ne pas chuter, franchir les obstacles en tous genres, racines, pierres par milliers, marches, sauts… et rester sur le sentier parfois très, très étroit. sans oublier les portages, toujours gratinés et spécialement sauvages cette année.
La «variante» inutile (?)
Mission accomplie sur les 79,5 premiers kilomètres du parcours qui en comptait 80. Quelques petites frayeurs, quelques arrêts imprévus, pour donner une cartouche de gaz à l’infortuné Patrick Lühti (10e malgré quatre crevaisons), puis pour tenter de réparer ma propre crevaison plus tard, et un coup de mou dans le derniers tiers de parcours (une manière de payer le montage d’un développement minimal de 28×40 finalement un chouia « gros »), mais une course plutôt bien menée dans l’ensemble.
Jusqu’à cette foutue «variante» taillée à la débroussailleuse pour créer un chemin là où il n’y a pas de raison d’en avoir un dans les 500 derniers mètres de course.
La fatigue, une hésitation et la grande bascule, tête en avant de 2m de haut sur un tas de cailloux qui ne m’avait pas l’air accueillant du tout. Et il ne l’était pas… Je passe la ligne un peu sonné, genou et coude en vrac, en 21e position, assez loin de mes amis Emeric Turcat (3e), Emmanuel Allaz (4e) et Jeremy Gadomski (6e), mais tout de même très heureux d’obtenir un nouveau sticker «finisher» sur cette épreuve dont on ne sait jamais ce qu’elle nous réserve.
Mauvaise nouvelle: passage au bloc obligatoire
En l’occurrence un podium chez les 45-49 ans, suivi d’une visite à l’hôpital Pasteur de Nice, qui ne devait être qu’une formalité pour quelques points de suture. Les radios montreront toutefois de l’air dans le genou. «Cela veut dire qu’il y a eu contact avec l’extérieur», explique l’orthopédiste. «Une infection garantie si nous n’ouvrons pas le genou pour le nettoyer. Nous allons devoir vous passer au bloc…»
Le séjour s’est donc prolongé, avec une prise en charge très professionnelle et sympathique. L’infirmière était voisine de Greg Germain, journaliste-photographe à Nice Matin et spécialiste de la course. L’ami de l’anesthésiste devait faire la course, mais s’était cassé la main une semaine plus tôt… Autant dire qu’elles comprenaient assez bien par où j’étais passé.
Mes amis, Emmanuel « le Viking » Allaz et son père Jean-Michel, ont pu me récupérer devant l’hôpital le lendemain matin à 7 h (non sans avoir dû négocier ferme l’heure de sortie) pour le retour en Suisse. Et avant quelques longues journées d’immobilisation à domicile.
D’une manière ou d’une autre, la «TransV» marque toujours son homme. Cette année, elle m’a surtout dit de rester tranquille quelque temps après la course…
Et encore
Bon rétablissement et j’espère bientôt de retour sur les sentiers !
Merci! Ça va toujours moins vite que ce que l’on voudrait. Et c’est pas comme s’il faisait beau 😉