Journée de pèlerinage aujourd’hui, avec pour objectif Einsiedeln et son abbaye. L’idée était toutefois et surtout de découvrir le Pragelpass, presque le but en soi de notre voyage, tant on nous en avait parlé. « Très beau depuis Glarus, une torture depuis Muotathal », nous avait assuré l’ami Rudy.
La chance est avec nous, comme la météo encore une fois. Nous sommes à Glarus et attaquons ce fameux col du côté « facile ». La première grimpette jusqu’au lac de Klöntal n’est toutefois pas piquée des vers, les pourcentages sont bien plus importants que dans le Klausen et nous sentons peut-être le poids des fameux cordons-bleus arrosés de bière…
La vue du lac, serti d’une imposante couronne montagneuse, nous fait toutefois oublier ces jambes qui picotent un peu. La route qui longe ce même lac est, elle aussi, spectaculaire et nous sommes assez heureux d’être à vélo lorsqu’il s’agit de croiser le car postal ou un camion.
Au bout du lac, l’ascension reprend et un panneau annonce des pentes à 18%. Fausse alerte, on ne dépassera jamais les 15%, sur une courte distance. On ne nous avait pas menti, le col est magnifique, sur une toute petite route où ne circulent qu’une poignée de véhicules motorisés (ils y sont même interdits le samedi et le dimanche). Au sommet, nous dépannons un cycliste zurichois qui a crevé et oublié sa pompe. « Je pensais qu’il n’y avait que les coureurs du Tour de Suisse qui avaient droit à une assistance mécanique », rigole-t-il lorsque je m’active avec démonte-pneu et pompe…
En descendant sur Muotathal, nous comprenons le conseil avisé de notre ami Rudy. La pente est impressionnante et je préfère faire chauffer les disques de frein plutôt que de me brûler les cuisses. Un jour peut-être, mais sans les sacoches sur le vélo 😉
Le Pragelpass franchi, ne restent que quelques petites bosses en direction d’Einsiedeln pensions-nous… Grave erreur. Les cols des Alpes sont certes longs, mais les pourcentages sont souvent inférieurs à 10%, tandis que dans ces Préalpes schwytzoises on semble s’être moins préoccupé de la régularité de la pente et les pourcentages sont souvent supérieurs à ces 10%, ce qui se fait cruellement sentir avec nos vélos chargés.
Après une brève halte au départ du nouveau funiculaire (ascenseur serait peut-être un terme plus approprié) de Stoos, qui vient de déposséder celui de Châtelard-Emosson du record du monde de pente la plus raide, nous entamons la montée vers Ibergeregg, qui nous amène tout de même à 1460 mètres, soit à peine moins haut que le Pragelpass. Nous arrivons ici dans le domaine skiable de Hoch Ybrigg, patrie de la championne Wendy Holdener, double médaillée des Jeux olympiques de PyeongChang. Après une autre pause « boulangerie » dans son village natal, nous poursuivons notre route le long du lac de Sihl, qu’un pont, aussi long que peu large, nous fait traverser pile-poil en face d’Einsiedeln et son abbaye du 12ème siècle.
Pour le logement, il suffit de désigner un saint, et il y aura certainement un hôtel à son nom. Nous jetons notre dévolu sur Saint-Georges, sans le dragon mais avec un garage à vélo équipé pour le nettoyage et les réparations.
La suite: Einsiedeln – Lucerne par aucun col
Episode précédent: Wassen – Glarus par le Klausen