La semaine dernière, l’émission Envoyé spécial de France Télévisons a diffusé un reportage consacré au vélo en ville, ou plutôt à ce qui serait une « guerre » des routes et de la rue entre usagers. Certains ont déjà bien décrit les problèmes de ce reportage, mais, venant de la télévision, l’aspect racoleur et simplificateur ne me surprend plus. Du tout.
Il ressort une impression d’activité dangereuse de ce reportage anxiogène, aux antipodes de ce qu’est le vélo en soi. Et je me suis (re)posé la question: puisque c’est (apparemment) si dangereux, pourquoi faisons-nous du vélo?
Pour le sport, la compétition, l’activité physique, la santé, la planète, l’efficacité sur les petits trajets, les plus longs, la vitesse, la lenteur, les rencontres, la fluidité, le paysage, la faim et la soif qui s’ensuivent? Peut-être une peu de tout cela à la fois dans mon cas. Mais, au départ et très égoïstement pour le plaisir.
J’aime être sur un vélo, glisser sur le bitume, le gravier, la neige. On dit que le vélo est ce qu’il y a de plus proche du vol (comme les oiseaux, hein, pas de piquer dans la caisse). Peut-être bien, mais mes quelques heures d’apprenti pilote sont aujourd’hui trop éloignées pour que je m’en souvienne avec précision.
Reste ce plaisir de partir au petit matin, au soleil, sous une pluie fine ou même la neige, de « sentir » cette journée qui commence, parfois en ne pensant à rien, parfois en mettant de l’ordre dans ses idées. Ce petit bonheur d’être « dans » le paysage et de ne pas seulement le voir (et encore) à travers un pare-brise, d’entendre le chant des oiseaux, voir le soleil se lever au fond de la vallée, arriver bien réveillé au boulot et n’en apprécier que davantage son premier (ou plutôt deuxième dans mon cas) café.
Idéalement on fait tout cela sur des chemins à l’écart du trafic motorisé, mais ce n’est pas toujours possible. Alors oui, on s’emporte parfois contre des automobilistes trop pressés, qui au-delà de troubler notre quiétude nous mettent en danger. Car le vélo en soi, hors compétitions en tous genres, est très loin d’être une activité périlleuse.
Au-delà de ces petits bonheurs personnels, le vélo, cet engin si simple, peut apporter tellement à nos vies et sociétés encombrées et surexcitées que le plus frustrant est certainement qu’il soit si peu pris au sérieux dans nos contrées.
Trop cher? Ou trop riches?
L’argument du prix revient toujours lorsqu’il s’agit de réaliser des aménagements cyclables. Sans tout détailler, c’est évidemment un mauvais calcul. Dans la série de reportages sur la petite reine de la RTS, diffusée l’automne dernier, Morten Kabell, maire adjoint responsable des affaires techniques et environnementales pour la ville de Copenhague, ville cyclable par excellence, a eu ces mots, en substance : « On nous demande parfois comment nous pouvons nous permettre toutes ces infrastructures cyclables. Et je réponds « comment pouvez-vous vous permettre de ne pas le faire? Vous devez être vraiment riches pour ne pas créer d’infrastructures pour le vélo. » Copenhague était une ville pauvre jusqu’à la fin des années 1990 et tout ce qu’on pouvait se permettre, c’était de construire des pistes cyclables. Ce sont les infrastructures les moins chères qui soient. Et une piste cyclable peut transporter cinq fois plus de personnes qu’une route pour les voitures. Ce n’est donc pas une question d’idéologie, mais d’efficacité.«
Tout ceci nous éloigne des raisons personnelles qui me font aimer le vélo. Mais de meilleures infrastructures permettraient à coup sûr à davantage de monde de goûter aux joies de la bicyclette. Et un bonheur partagé n’en est que plus savoureux, non?
Merci Joakim de ce message plein d’enthousiasme pour la pratique du véllo! ça fait vraiment plaisir de lire de tels propos alors que la tendance est au dénigrement ou pire , à la passivité. J’avais eu le même sentiment que vous en regardant « Envoyé spécial » mais cette émission à l’obligation,si j’ose dire, d’être rentable, c’est-à-dire spectaculaire pour ne pas dire agressive. Mais revenons chez nous dans ce beau Valais, ça fait plaisir de voir l’énorme succès de la petite reine lors du Slow Up Valais! vive le vélo!
Merci Fabienne! Eh oui, le Slow Up démontre bien qu’énormément de monde n’attend que des infrastructures de qualité pour circuler davantage à vélo. Comme le dit encore Morten Kabell dans le reportage, il y a trois moyens d’améliorer les choses: des infrastructures, des infrastructures et des infrastructures…