Interdire les VTT? Berne en rêvait, Charrat le fait. Mais non.

L’avis de la commune de Charrat du 25 mai dernier.

Ce billet a été mis à jour le 20 juin, avec la position de la commune de Charrat, qui fait finalement machine arrière.

On pensait avoir échappé au pire, certes un peu loin de chez nous, dans le canton de Berne. Les autorités envisageaient d’interdire le VTT sur les sentiers et autres chemins forestiers. Le tollé fut général et même la presse généraliste s’épancha sur la question.

Le canton de Berne a fait machine arrière, mais en Valais, très discrètement pour l’instant, la commune de Charrat vient de décréter les VTT indésirables ailleurs que sur les routes carrossables. Les autorités basent leur décision sur la Loi sur la circulation routière du 19 décembre… 1958. Cette dernière précise en effet que les cycles ne sont pas autorisés sur des chemins manifestement pas prévus à leur effet, comme les chemins pédestres.

C’est oublier un peu vite que les VTT n’existaient pas vraiment en 1958 et ce qui n’était manifestement pas possible à une époque sans bouchons sur l’autoroute, l’est (possible) depuis la fin des années huitante.

La commune de Charrat oublié aussi un peu vite la nouvelle loi valaisanne sur les itinéraires de mobilité de loisirs (LIML) du 14 septembre 2011. Celle-ci précise à son article 12 les règles de priorité sur les itinéraires de chemins pédestres: “Sur les itinéraires de chemins pédestres, les randonneurs à pied ont la priorité sur les autres usagers, lesquels ont le cas échéant l’obligation de s’arrêter.” Si je dois céder la priorité, il me semble comprendre que j’ai le droit d’être là. Les dispositions finales de cette même loi indiquent encore : “Dès l’entrée en vigueur de la présente loi, toutes les dispositions contraires à celle-ci sont abrogées”.

La commune de Charrat semble donc aller un peu vite en besogne. Voilà deux ans, elle avait installé des barrières sur le sentier entre Sapinhaut, Mayen Moret et le village. Aujourd’hui elle interdit purement et simplement les cyclistes sur ce chemin, un endroit où en plus de 20 ans de VTT – je suis tellement vieux qu’on disait encore Mountain Bike – j’ai bien dû croiser quatre promeneurs.

À l’heure où l’on se plaint que les jeunes ne bougent plus assez et que tout le Valais touristique assure sa promotion estivale avec force images de VTT – sur des sentiers, faut-il le préciser – je peine à saisir la démarche. Les sentiers constituent l’essence même du VTT et l’une des plus grandes sources de plaisir pour ces cyclistes tout terrain. Obliger un vététiste à n’emprunter que les routes carrossables, c’est un peu comme obliger tous les randonneurs à skis à rester sur la piste à la montée comme à la descente. Et sans le plaisir de rouler sur des petits chemins bien sympas, je risque d’avoir de la peine à motiver les petites têtes blondes qui m’entourent.

Du VTT sur un sentier, ici à Fully, une activité qui a l’air de déranger…

Alors oui, il y a des abrutis à vélo qui ne respectent rien ni personne, sur la route ou sur les sentiers. Mais il y en a aussi passablement qui sont à pied, qui sèment des punaises (sympa pour les chiens et les enfants aussi) ou qui laissent traîner bouteilles et paquets de chips. Si, si, je vous jure.

Un crétin à la ville reste un crétin à la montagne. À pied ou à vélo. Et même à Charrat.

Mise à jour du 20 juin 2012: Contacté par Le Nouvelliste, le président de Charrat, Maurice Ducret, reconnaît que son administration est allée un peu vite en besogne en mettant engins motorisés et VTT dans le même sac. « On a fait ce règlement parce qu’on avait des déprédations sur nos adonis. C’est notre fleuron touristique, une plante protégée. C’est vrai que les problèmes sont surtout causés par les quads et les motos. Pour les VTT, je crois qu’on peut être tolérants et ils seront acceptés sur nos sentiers. »

Par ailleurs, Sandro (merci à lui) me signale l’existence du document « Coexistence entre randonnée pédestre et VTT » avec une position commune de Suisse Rando, SuisseMobile, Swiss Cycling et du bpa.

Ils en parlent

14 réflexions au sujet de “Interdire les VTT? Berne en rêvait, Charrat le fait. Mais non.”

  1. En 1968, sauf erreur, la commune de Zermatt avait déjà interdit les Mountain bick ou vélos de montagne. La même année, nous avons fondé le Mountain Bike Club 88 à Bagnes. Notre première démarche a été de rédiger un règlement d’utilisation de la montagne, AVANT que les Autorité n’interviennent.Il a longtemps servi de référence. En 1969, Zermatt a autorisé le VTT en se basant sur notre règlement. Des ccrétins… L’autre jour il y avait près de 500 personnes le long du bisse de Savièsedont un gars en VTT!

  2. On devrait plutôt interner les gens qui ont des idées pareilles car c’est à cause de ce genres de personnes que tout nous est interdit et que les gens pètent les plombs

  3. C’est plutôt les gens qui ont des idées si débiles qu’il faudrait interner et interdire de liberté, ils ne comprennent pas qu’à force de tout interdire, les gens pètent les plombs…pfff ya vraiment des idiots et pas seulement à pieds et à vtt…..c’est honteux d’avoir de telles idées,vraiment ces gens me dégoutent…

  4. Mais je crois pas…. Ecoute, je sais pas s’il faut rire ou pleurer… Moi je dis, vive la course à pied, vive la randonnée et vive le VTT!

  5. Franchement je suis tout a fait d’accrod avec toi ! Ton texte est PARFAIT !
    J’habite a Charrat et j’ai appris a rouler sur ce sentier !
    Serez-tu d’accord que je mette ton article a coté des affiches « d’interdiction » sur les panneau d’affichage !?
    Je pense qu’il peut faire réfléchir bien des gens !

  6. tous cesi de la foutèse en tant que Charratin et amoureu de la nature et aimant me promener sur nos sentier PEDESTRE et de voir en face de toi arriver a tombeau ouvert un ou des con… sur sont vtt c’est hiper dangeureux on peut comprendre nos autoriter

  7. en tant que Charratin et amoureux de nos sentier PEDESTRE et qu’en face de toi arrive a tombeau ouvert un con…. a vtt et en plus mal poli on peut comprendre la démarche de nos autorités qui prennent soin de ses sentier .

    • Je crois avoir écrit qu’il y avait bien des crétins chez les vététistes , comme partout, qui ne respectent rien ni personne. Croyez bien que je le déplore autant que vous. Ceci dit, je constate que le seul malpoli qui ne sait pas se tenir dans ce fil de commentaires, c’est vous, sous couvert d’anonymat. Je pensais qu’il n’était pas utile de demander un nom et un prénom aux commentateurs de ce blog, mais j’ai dû me tromper. Et je vais certainement y remédier.

      D’ailleurs c’est fait, avec quelques règles simples à respecter pour les prochains commentaires sur ce blog.

      Joakim

  8. Réponse un peu tardive, je viens de découvrir votre site.

    J’avoue que je ne comprends pas certaines décisions de nos autorités, comme je ne comprends pas certains point de vu lu ici ou ailleurs.
    Je pratique le VTT, j’adore rouler sur les sentiers, en essayant de laisser de coté les routes trop fréquentées. J’en veux pour preuve une de mes sorties où je préparais le GR en allant sur la Croix de Coeur, je me suis fait doubler par une bonne vingtaines de gros, d’immenses, d’énormes 4×4 roulant à tombeau ouvert sur des chemins pédestres qui ne ressemblent plus du tout à des routes d’alpage, mais plutôt à des autoroutes pour *amoureux* de la montagne, ou peut-être est-ce de la buvette du sommet, ou d’un certain type de sport plus tranquille…. bref
    Dans les années 90, il y avait tout un débat sur les bisses et la pratique du VTT sur ces chemins, ce n’est pas nouveau. J’aime à croire que si tout le monde met du sien, que le respect mutuel est de rigueur tout se déroule bien.
    Cyclistes, promeneurs, coureurs, botanistes que sais-je encore…. un petit bonjour, un petit merci ou pourquoi pas allé soyons fou, un petit sourire et le monde va à nouveau tourner en 26′ ou en 29′ bref, c’est un autre débat.
    En tout cas j’aime à croire que la solution n’est pas dans les lois mais dans le bon sens de chacun……

    Christian

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