Il paraît qu’il y a des chiens allergiques aux deux-roues. J’en ai rencontré. « Désolé, mais il est allergique aux cyclistes », sonna la voix de son maître, m’enjoignant de ne point bouger pour ne pas énerver la pauvre bête. Heureusement, il s’agissait d’un tout petit chien qu’une pichenette eût tôt fait de précipiter dans la vigne en contrebas. Tel n’est pas toujours le cas, comme lorsque des piétonnes effrayées par un doberman finissent leurs jours dans la Limmat.
Tel ne fut pas non plus le cas lors d’une autre escapade cycliste lorsqu’un berger allemand me barra la passage sur une route de campagne. Entre lui et moi, le vélo. La scène dura bien deux minutes, le clébard me mordillant le mollet au passage, avant que je ne remonte sur ma bicyclette et m’éloigne à une vitesse qui m’eût permis de pulvériser le record du monde de l’heure en d’autres circonstances. Le maître du berger allemand était pour sa part bien trop occupé à tailler ses arbres pour intervenir.
De toute manière, les propriétaire de chiens ont des réponses toutes prêtes. Du genre « il n’est pas méchant, il veut juste s’amuser » ou « ne vous inquiétez pas, il est gentil. » Désolé mais je ne partage pas les mêmes jeux que ces animaux et ils n’ont pas « gentil » imprimé sur le front. Dans le même genre: « Je ne comprends pas, il n’a jamais mordu personne avant. » Ça c’est certain. Avant la première fois, il n’avait jamais mordu personne.
Joakim Faiss