Être à vélo n’est pas forcément en faire

Le vélo a ceci de particulier qu’il est autant un sport qu’un moyen de transport et un mode de vie. C’est bien sûr un avantage, mais aussi un inconvénient et source d’incompréhension lorsque l’on tente de tout fourrer dans un même panier.

L’autre jour, j’ai participé à une séance… participative au sujet de la zone agricole de ma commune de Fully. Cette dernière a la peu compréhensible et peu répandue particularité d’interdire toute circulation non agricole, vélos y compris, sur pratiquement l’ensemble de ses 90 kilomètres de chemins agricoles. C’est que les agriculteurs, censés pouvoir circuler et rebrousser en restant sur leurs parcelles, préfèrent souvent utiliser la route pour cela et craignent de renverser une personne à vélo.

À Fully, les personnes à vélo sont souvent empêchées d’emprunter les routes de campagne et forcées à emprunter les axes à fort trafic motorisé.

Cette interdiction est évidemment peu compréhensible et contre-productive pour le développement d’une mobilité cyclable bénéfique à de nombreux points de vue, car elle force les personnes à vélo à emprunter les routes les plus dangereuses, celles au trafic important et rapide. L’absence d’aménagements cyclables dignes de ce nom se fait malheureusement cruellement sentir.

Illustration Dave Walker

J’en reviens à la confusion entre les différentes utilités du vélo. Lors de la séance précitée, j’ai entendu que «la piste cyclable des berges du Rhône est top, mais les vélos passent quand même dans la zone agricole». Une affirmation qui appelle quelques commentaires.

Pour commencer, les berges du Rhône ne sont pas une piste cyclable, mais une route interdite au trafic motorisé (vélos électriques rapides compris), sauf agricole. Et si elles peuvent être intéressantes pour une pratique de loisirs (le vélo «sportif») et, dans une certaine mesure, pour la mobilité quotidienne (le vélo «moyen de transport») elles ont pour principal défaut de ne mener à nulle part.

C’est un peu comme l’autoroute pour les voitures. L’autoroute ne mène pas aux villages, aux commerces, à l’école, à la gare. Il faut d’abord la rejoindre et ensuite en sortir. Sinon, à ceux qui me disent «va faire du vélo sur les berges du Rhône», je peux répondre «va faire de la voiture sur l’autoroute».

C’est aussi simple que cela. Quand je suis à vélo, je ne suis pas forcément en train d’en faire. Mais peut-être juste en train d’essayer d’aller quelque part.