Un nouveau vélo, c’est toujours un petit événement (essayez le hashtag #newbikeday sur votre réseau social préféré, vous verrez 😉 ) et ce printemps, j’ai eu la chance d’en vivre deux de ces journées. Et la plus belle, avec celles qui ont suivi, n’était pas forcément la plus attendue…
Pour mon anniversaire, j’ai reçu un Brompton de mon épouse (qui parmi ses innombrables qualités, possède celle d’être vélociste). Elle avait tout de même une petite idée derrière la tête, car elle possède déjà un tel petit vélo de la même marque, qui n’est pas la pire en l’espèce. « A nous les petits week-ends en train dans les villes européennes », m’a-t-elle lancé en me présentant ce magnifique Brompton, modèle « Barbour » pour faire chic. Et là, autant vous dire qu’elle n’a pas eu besoin de me pousser trop fort.
Quelques semaines plus tard, sur un coup de tête en rentrant d’une soirée un peu festive, nous avons commandé nos billets de train sur le site des CFF. Un peu avant une heure du matin en ce dimanche de mai, non sans avoir changé nos plans (nous visions Strasbourg) à la dernière minute, en raison de la météo, pour viser Vérone.
Voyager avec le vélo? Pas un souci
Le premier avantage du vélo pliable est alors immédiat: pas besoin de s’inquiéter de savoir si l’on peut l’embarquer dans le train ou non. C’est oui et sans réservation puisqu’il passe facilement dans les compartiments à bagages des trains les plus «problématiques», comme les Intercity, les TGV et autres Frecce transalpines. Tout au plus faut-il parfois encore l’emballer dans une housse (celle de Brompton est très bien et pas trop encombrante une fois rangée). Sans la housse on peut en outre facilement faire rouler le vélo déjà plié sur un quai de gare. Ou dans la gare elle-même bien sûr, si elle est plus grande, comme celle de Milan.
Quelques petites heures après l’achat des billets en ligne, le réveil matin nous a tirés, péniblement, de notre sommeil et nous avons enfourché nos «Broms» à 6h30 du matin pour aller attraper le train régional en gare de Saxon.
Changements de train à Sion, Milan et (exceptionnellement en raison de travaux) à Bologne. Nous voici à Vérone à la mi-journée. Avec un moyen de transport tout prêt qu’il suffit de déplier pour commencer la visite touristique. A Vérone, le seul problème du vélo en ville est celui de la foule, immense. On n’avance pas très vite, mais au moins on est assis 😉
Explorations transalpines
Nous décidons, après avoir mangé et déniché un hôtel très bien situé de partir explorer les alentours de la ville, le long de l’Adige. Le tracé est légèrement « gravel » par moments, la météo splendide et les italiens profitent aussi de la journée au vert.
Au retour, une petite grimpette jusqu’au Castel San Pietro et son esplanade nous offre une magnifique vue sur la vieille ville au soleil bientôt couchant. Pas loin de 40km, avec les petits trajets annexes, parcourus avec nos vélos pliables pour cette première journée. Pas mal et surtout très plaisant.
Télécharger le fichier GPXAprès avoir encore une fois affronté, mais à pied cette fois, la foule immense qui envahit les rues et les alentours des arènes (un concert y est prévu en ce dimanche soir), nous décidons d’aller voir un peu plus loin dès le lendemain et préparons, avec l’aide de Komoot, un itinéraire d’environ 80 km jusqu’à Brescia. Là, ça ne rigole plus avec nos Bromptons et bagages, certes petits, mais quand même… On verra bien.
Verona – Brescia
Après un bon petit déjeuner, nous flânons encore un peu en ville et le long du fleuve, jusqu’à une petite échoppe de vélos. Caroline a besoin d’une sonnette, toujours utile sur les voies vertes, et moi d’un outil multifonctions et de rustines. On ne sait jamais (surtout quand on se fie à Komoot pour préparer son itinéraire, on n’est pas à l’abri des surprises).
Puis nous nous élançons sur la voie cyclable, très bien balisée, en direction du lac de Garde, à travers collines et vignobles de toute beauté. Nous fuyons assez rapidement la foule de Peschiera del Garda en cette semaine de l’Ascension pour nous arrêter dans un restaurant de Lugana et y déguster un (très bon) vin du même nom. Pour des Suisses, l’appellation n’est pas trop difficile à mémoriser 😉
Après le repas, qui a permis de laisser passer une petite averse, nous reprenons la route. Ou les chemins plutôt, vu que l’itinéraire évite assez soigneusement les routes principales. Le revêtement est de qualité variable, du goudron lisse au chemin de terre, en passant par du bitume rapiécé et bien granuleux. Et j’avoue avoir été surpris par le confort de ces Bromptons.
Comment ça roule ces machines?
Dans les conditions évoquées ci-dessus, ces petits vélos sont tout à fait étonnants. D’abord, ils roulent bien, très bien. Nous disposons de modèles à 6 vitesses (trois dans le moyeu x2 avec un petit dérailleur sur mon vélo ou une démultiplication dans le pédalier pour Caroline) et le plus grand développement permet d’atteindre les 35 km/h sans mouliner (un soir en rentrant du travail, vent favorable, je me suis amusé à prendre la roue d’un cyclo en Pinarello et je me suis bien amusé). Le plus petit rapport permet d’affronter sans crainte les bosses les plus raides. Entre les deux extrêmes, il faut parfois jouer un peu avec les manettes pour trouver le bon rapport, mais on s’y fait assez vite, surtout que l’on est rarement dans l’urgence (sauf si l’on participe aux championnats du monde de Brompton, mais c’est une autre histoire).
La direction est certes assez vive, mais on s’y fait aussi très vite et c’est plutôt appréciable en ville, au milieu de la foule d’une zone piétonne autorisée au vélos, comme à Vérone. Cela n’empêche pas quelques pointes de vitesse en descente et au plat, avec un peu d’entraînement, on ose même lâcher le guidon (sauf si on est à Fully, où le policier local ne manquera pas de vous amender ou de vous envoyer au tribunal des mineurs pour les enfants, mais c’est aussi une autre histoire).
Le plus étonnant avec ces pliables Brompton reste le confort général. Alors non, le rendement n’est pas celui d’un vélo de route et vous n’allez pas « gicler » dans les bosses. L’élastomère à l’arrière et le poste de pilotage un peu « mou » confèrent une forme d’élasticité à cette bécane et lui permettent d’absorber les chocs et de filtrer les défauts du revêtement dans un confort général qui ne vous donne qu’une envie: continuer à tracer la route et explorer une région, au calme, sans stress. La position générale, très relevée, participe bien sûr de ce confort, mais elle permet surtout de mieux apprécier l’environnement et le paysage dont le cycliste, rappelons-le, fait partie, en pouvant le sentir, le ressentir, plutôt que de simplement le voir au travers du pare-brise d’une automobile.
C’est assez difficile à expliquer, mais au guidon de ce genre de vélo, je me sens davantage comme un explorateur de paysage que « dévoreur » de kilomètres. Avec le Brompton, l’expression «l’important c’est le chemin» prend tout son sens. Et là, nous parlons de sorties un peu plus longues. En ville, c’est juste parfait. On se faufile, roule doucement dans les coins fréquentés, plus vite sur les grands boulevards, on s’arrête n’importe où, vite et facilement, embarque la bécane dans un train, un bus ou un taxi s’il le faut… Le pliage et le dépliage sont très rapides avec un peu d’entraînement.
Un mot encore sur les bagages. Les Brompton peuvent être équipés d’un bloc de fixation sur la colonne de direction, qui permet de très facilement y « clipper » les différents bagages, plus ou moins volumineux. C’est vraiment très efficace et surtout, cela n’alourdit en rien la direction. Le vélo est certes plus pesant, mais se « pilote » tout à fait normalement et c’est assez génial. Rien à voir avec la direction « de camion » de votre vélo de « bikepacking » chargé de sacoches au guidon ou sur la fourche. Je n’ai pas testé la sacoche sur le porte-bagages, mais c’est une option des Brompton. En cherchant un peu sur le net on découvre des bécanes équipées de la totale: sacoche à l’avant, sur le porte-bagages et sous la selle.
Voilà Brescia
Après 4h30 de pédalage, sur 80 km et 450 mètres de dénivelé positif, nous voici à Brescia où nous posons nos modestes bagages dans un hôtel-centre de séminaire plutôt catholique si l’on en croit son nom de « Paul VI »… Très agréable et proche du centre, ce qui n’empêche pas de remonter sur nos Bromptons pour parcourir la cité (le vélo rend flemmard et c’est tout de même moins fatiguant que de marcher…) Et, déjà, nous envisageons la suite, encouragés par cette journée qui nous a montré qu‘il était possible de parcourir passablement de kilomètres avec nos petits vélos.
La suite, ce sera donc en direction de Bergamo, d’où nous prendrons un train pour Milan, puis la Suisse. Un peu moins de 60 km (en théorie), mais sous une petite pluie qui devrait nous accompagner tout au long du parcours (en théorie aussi).
Télécharger le fichier GPXBrescia – Bergamo
La petite pluie annoncée est vraiment très fine au départ, avant de cesser complètement et nous roulons au sec durant le reste de la journée. Voilà pour la première théorie invalidée et c’est tant mieux, même si nous sommes assez bien équipés pour la pluie. Nos sacoches sont munies de protections contre la pluie et les gardes-boue nous préservent des projections. C’est un autre bon point de ces vélos anglais qui fonctionnent bien dans le mauvais temps. Je me dis d’ailleurs souvent que n’importe que vélo « utilitaire » devrait être ainsi équipé.
Nous poursuivons sur l’itinéraire officiel de la Ciclovia culturale Bergamo – Brescia, très sympa, mais avec un balisage par moments perfectible. Les variantes de parcours ne sont pas toujours très claires et nous en avons fait l’expérience dans la région du lac d’Iseo. Plutôt que de suivre la trace préparée par Komoot, nous avons suivi les indications d’un panneau et nous sommes retrouvés au bord dudit lac. Charmant, mais l’itinéraire semblait nous éloigner de Bergame… Ce qui était le cas après avoir vérifié sur une terrasse d’Iseo, petit verre de Lugana à la main (les erreurs de parcours ne sont pas forcément désagréables). Nous avons alors compris que la Ciclovia culturale, n’était pas une voie unique, mais une voie principale avec quelques variantes supplémentaires possibles.
L’approche de Bergame est un peu compliquée par moments, mais c’est peut-être aussi de notre faute. Après notre petit détour à Iseo, la journée s’annonce plus longue que prévue et nous devons encore rentrer en Suisse. En allant vers Bergame, nous improvisons ainsi quelques raccourcis qui nous éloignent du balisage officiel dont l’aspect « culturel » le fait souvent zig-zaguer de villages en monuments. Mais la magie du GPS nous remet sur le bon chemin et l’entrée dans Bergame est très facile, sur piste cyclable jusqu’au centre ville.
Nous ne pouvons bien sûr pas nous empêcher d’aller admirer la ville haute, malgré une ascension pavée plutôt bien raide au début. Là aussi, la foule est importante et nous ne nous attardons pas. Nous reviendrons pour mieux découvrir cette charmante cité et son écrin qui accueille chaque année l’arrivée du Tour cycliste de Lombardie.
Dernière glissade en descente jusqu’à la gare, pliage des vélos et départ pour Milan, puis la Suisse, non sans retard (100 minutes au départ de Milan) de notre Eurocity pour Brigue. Mais ça, ce n’est vraiment pas de la faute des Bromptons, qui nous ramèneront encore une fois sans problème, même si nuitamment, depuis la gare de Saxon. La jolie boucle est bouclée.
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J’ai voyagé avec vous, vous m’avez fait rêvé d’une région magnifique
J’ai un peu mal au c… en vous lisant
Merci Martine, c’est juste d’un bon cuissard dont tu as besoin 😉