Avec la loi sur les voies cyclables mise en consultation cette semaine, le Conseil fédéral entend améliorer la qualité et la sécurité des voies cyclables. Si la construction des voies cyclables restera une tâche dévolue aux cantons, ces derniers auront toutefois l’obligation à l’avenir de planifier les voies cyclables et de s’assurer de l’interconnexion et de la sécurité du réseau des voies cyclables.
En complément au projet de loi, la Confédération a mis en ligne quelques documents d’information complémentaires, dont une fiche d’information sur l’importance du cyclisme. On y relève quelques chiffres intéressants:
- 10 % des trajets en voiture de même que 14 % des trajets en tramway et en bus ne dépassent pas un kilomètre, ce qui correspond à un parcours à pied idéal, soit 15 minutes de marche.
- 46 % des trajets en voiture de même que 83 % des trajets en tramway et en bus ne dépassent pas cinq kilomètres, ce qui correspond à un parcours à vélo idéal, soit 15 à 20 minutes de trajet.
- 66 % des trajets en voiture de même que 96 % des trajets en tramway et en bus (hors RER) sont inférieurs à dix kilomètres, ce qui correspond à un parcours à vélo électrique idéal, soit 20 à 25 minutes de trajet.
«Si ne serait-ce qu’une partie de ces trajets était effectuée à vélo, cela désengorgerait considérablement les transports publics et les transports individuels motorisés, en particulier dans les villes et les agglomérations. Des voies cyclables de meilleure qualité pourraient y contribuer», explique l’Office fédéral des routes (OFROU). La qualité et la sécurité des réseaux cyclables constituent en effet le point central pour développer la pratique cyclable quotidienne.
La sécurité, obstacle majeur
Selon un sondage réalisé en 2014 sur mandat de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) auprès des conducteurs de vélos électriques, plus de la moitié d’entre eux utiliseraient un vélo électrique plus fréquemment si les routes étaient plus sûres. «Par conséquent, les questions de sécurité routière sont considérées comme un obstacle majeur en particulier par les citadins», détaille encore l’OFROU.
Obligation pour les cantons
«Un réseau de voies cyclables de qualité contribue en effet au désenchevêtrement du trafic. Ainsi, les automobilistes, les cyclistes et les piétons empiètent moins sur les espaces réservés aux uns et aux autres, ce qui contribue à prévenir les accidents», note le Conseil fédéral dans son message.
Dans la loi mise en consultation jusqu’au 10 septembre 2020, le Conseil fédéral propose concrètement d’obliger les cantons à planifier et à construire des réseaux de voies cyclables. Si des voies cyclables sont supprimées, elles devront à l’avenir être remplacées par de nouvelles.
Aussi sur les routes nationales
En fonction de la situation et afin de désenchevêtrer le trafic, «la Confédération réalisera également de plus en plus de voies cyclables sur le domaine qui lui appartient, par exemple au niveau des jonctions autoroutières». On se réjouit de voir ça sur les franchissements de l’autoroute en Valais, ou sur la route du Grand-Saint-Bernard pour ne citer que ces lieux problématiques.
PRO VELO: «Encore beaucoup de chemin à parcourir»
Le président de PRO VELO Suisse, Matthias Aebischer, salue la proposition du Conseil fédéral: «La nouvelle loi montre que la Confédération a compris le souhait manifeste du peuple de voir augmenter le trafic cycliste et qu’elle veut y répondre. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que la Suisse ne rattrape des pays modèles comme les Pays-Bas ou le Danemark en matière de cyclisme. Toutefois, la loi donne à la Confédération et aux cantons des instruments importants pour rendre le vélo plus sûr et plus attrayant. Un pas important a donc été franchi».
Une trop longue attente
Enfin. La loi sur l’aménagement du territoire prévoit depuis 1979 qu’il «convient notamment: de maintenir ou de créer des voies cyclables et des chemins pour piétons.» En 1979, j’avais 9 ans et même mes enfant n’ont plus cet âge. Rien, ou si peu, n’a été fait dans mon canton et ma commune. On se retrouve, plus de 40 ans plus tard, avec des situations ubuesques sur la route où même la police doit consulter la commission cantonale de signalisation pour comprendre le sens de certains panneaux. Comment peut-on se sentir en sécurité dans ces conditions, au milieu d’un trafic motorisé toujours plus dense et dangereux? Comment prendre son vélo pour aller faire ses courses, à l’école, à la gare, sans craindre l’accident?
Dès l’entrée en vigueur de la loi, communes et cantons auront l’obligation de se mettre au travail et ils seraient bien inspirés de ne pas attendre cette échéance pour avancer. Dans le monde entier, des villes ont saisi l’occasion de la pandémie de coronavirus pour donner davantage de place aux cyclistes et piétons. La Suisse et le Valais ont largement manqué ce train, ce que je ne peux que déplorer à l’heure où l’on s’apprête encore, avec un peu d’espoir, à accueillir les Championnats du monde de cyclisme.
A une question que l’on m’a posée récemment, j’ai répondu que mon rêve dans le domaine du vélo était que tous nos enfants, même petits, puissent se rendre chez leurs grands-parents, à l’école, au sport, à la gare a magasin ou au village voisin à vélo, en toute sécurité, grâce à un vrai réseau cyclable. Ce sera le signe d’une société apaisée, d’une vie sociale et économique intense, mais respectueuse de l’environnent et de l’humain en général.
Merci d’avance à ceux qui le réaliseront, même sous la contrainte.
> Télécharger le projet de loi: Loi fédérale sur les voies cyclables (projet) (302 téléchargements )