258 milliards pour les piétons et cyclistes?

Lu ce matin un article sur les morts causés par la pollution de l’air en Grande-Bretagne, responsable pour tout ou partie de 40’000 décès chaque année. L’alerte est lancée par des médecins, qui estiment que les gens devraient aussi souvent que possible «laisser leur voiture au garage et se déplacer à pied, à vélo ou en transports publics».

En Suisse, ce ne doit guère être mieux et la pollution atmosphérique, en partie due au trafic automobile, doit bien causer quelques centaines ou milliers de morts chaque année. Comme la circulation routière en général, cause de 69 décès de piétons et de 17 cyclistes en 2013.

Une belle piste cyclable, séparée du trafic automobile. Un exemple à suivre...
Une belle piste cyclable, séparée du trafic automobile. Un exemple à suivre…

C’est là que l’argument de la sécurité au tunnel du Gothard, qui a fait moins d’un mort par année (toujours de trop, on est d’accord) depuis son ouverture en 1980, ne tient plus. Ou alors, il faut extrapoler. Si on investit 3 milliards pour sécuriser un tunnel qui cause la mort d’une personne par année, ce seront donc 258 milliards de francs (3 milliards x (69+17) vous suivez?) qui devraient être investis pour sécuriser des passages piétons, créer des zones piétonnes, des trottoirs et des pistes cyclables. Avec 258 milliards, il y a par exemple assez d’argent pour 430’000 km (!) de pistes cyclables goudronnées et éclairées. Et, cerise sur le gâteau, on épargnera les poumons de pas mal de monde.

Ou la vie des piétons et cyclistes est-elle moins importante que celle des automobilistes du Gothard?

Etonnant aussi de voir que les promoteurs de la « sécurité » au Gothard sont souvent les mêmes qui s’expriment contre le programme « via sicura ». La sécurité ne serait-elle qu’un prétexte?

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… à condition de prendre les cyclistes au sérieux toute l’année. Pas seulement quand cela nous arrange. Photo de la même piste cyclable que ci-dessus, mais en hiver…

On me répondra que la Suisse n’est pas les Pays-Bas ou le Danemark et que la culture du vélo, bla, bla, bla… Ça tombe bien, car ce matin encore (en train c’est plus facile de lire qu’en bagnole) je suis tombé sur un autre article qui rappelle qu’Amsterdam n’a pas toujours ressemblé à ce qu’elle est aujourd’hui, mais qu’elle était, elle aussi, une ville construite pour les voitures et pas pour les gens, comme un peu partout. Mais elle a changé, car on l’a voulu. Et c’est peut-être bien ce qui manque chez nous: la volonté de changer et planifier nos villes et villages pour les gens. Pas pour la voiture.

Davantage de sécurité et moins de pollution. Qui y a à perdre?