«Le snowboard n’est pas un sport sans danger», disait dans les années nonante un gars qui s’était crashé en essayant de traverser un pierrier sur sa planche avant de bien se vautrer. Depuis, c’est une sorte de private joke entre mon frère Raphaël et moi. Et le VTT n’est pas non plus un sport sans danger.
Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas cintré à plus de 50 km/h sur une route forestière. Une roue avant qui fuit je ne sais toujours pas pourquoi – pas les bons pneus? pas la bonne pression? un moment d’inattention sur ce secteur trop facile mais rapide? – avant une tentative de rattrapage inefficace et c’est le vol plané. Résultat des courses: un côté droit ouvert de partout, de la cheville à l’épaule en passant par le genou et la hanche et un casque explosé. Merci au casque donc…
Après, le résultat n’est plus très important, hein?
Culture
Le vélo, son milieu et les connaissances qui vont avec, de la nutrition à l’histoire en passant par la technique et des infos pratiques.
Du goudron partout
L’autre jour j’ai repris mon bike pour me rendre sur l’alpage de Randonne, dans le Valais suisse. Il faisait beau et plein de gens ont eu la même idée que moi: sortir se promener. Je roulais sur les sentiers et j’ai croisé des marcheurs absolument partout. Et je me disais que je pourrais en ce jour particulier rouler davantage sur les chemins 4×4 et les route forestières, histoire de soigner les relations entre vététistes et marcheurs.
Raté pour la première route non goudronnée: le bitume et les bétonneuses étaient passés par là. Seconde tentative, même chose. Un beau ruban de goudron tout neuf. Du coup je me suis dit que ces routes jadis non goudronnées ne servaient désormais plus qu’à amener les marcheurs au départ de leurs sentiers dans un meilleur confort. Tant pis pour eux. Ils n’auront qu’à me supporter à vélo sur ces mêmes sentiers.
Joakim
A quand des ingénieurs cyclistes?
L’autre jour je lisais le bouquin de Guillaume Prébois, « L’autre tour », où ce journaliste raconte son tour de France à l’eau claire, un jour avant les pros, sur le même parcours. Un bouquin dont je ne peux que conseiller la lecture et que vous pouvez commander sur son site (http://www.guillaumeprebois.com). A un moment, il écrit que ceux qui tracent les étapes n’ont jamais dû poser les fesses sur un vélo.
Je me suis fait la même réflexion en arrivant à la hauteur du pont sur le Rhône à Branson. Un nouveau pont a été construit, l’ancien va être démoli. Avant la construction du nouveau pont, il fallait s’arrêter pour laisser passer la circulation lorsque l’on longeait le Rhône, un parcours apprécié des cyclistes. Normal. Aujourd’hui, cette route le long du fleuve passe DESSOUS le nouveau pont. On peut donc tirer tout droit, facile…
Minute papillon. Un ingénieur, qui n’a jamais dû faire de vélo, a estimé que c’était trop simple: le goudron a été supprimé et il faut faire un détour d’une dizaine de mètres, avec une épingle à la clé pour poursuivre sa route. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?
Le pire, c’est que ce n’est rien comparé à l’accès à la piste cyclable situé sur le nouveau pont. Prochain épisode…
Cyclistes indésirables
Le même type qui clôture les sentiers fabrique des panneaux de circulation dans son garage:-)
L'homme invisible
C’est dingue, il y a des fois où je suis l’homme invisible. En général, c’est sur un vélo. Je vous jure, certains automobilistes ne me voient pas. Ou alors, et c’est pire, ils font comme si je n’étais pas là.
Au début, c’était pas facile. Je savais pas que j’étais invisible. Donc je faisais pas gaffe. J’étais tout surpris quand les voitures me coupaient la route dans les giratoires, me doublaient à dix centimètres des pédales avant de tourner à droite devant ma roue, ou sortaient de leur place de parc devant mon guidon. Comme l’autre jour dans mon village: un type déboîte tranquillement de sa place alors que je me pointe à quelques mètres. Coup de guidon, coup de frein. Déjà que la rue est en pente, ça énerve. Puis engueulade – ça tombait bien, sa fenêtre était ouverte – du genre «tu peux pas regarder avant de sortir de ta place? Rogntudju!» Réponse du type, énervé: «T’as qu’à freiner aussi».
Sur le coup ça m’a encore fâché davantage, évidemment. Je pensais avoir droit aux même priorités que les autres usager de la route. Mais passons. Parce que la bonne nouvelle, c’est qu’il m’avait vu. Je ne suis pas invisible! Alors s’il vous plaît, la prochaine fois, quand vous me voyez, faites comme si j’étais là.
Un vélo de 40 tonnes?
Il y a des signes qui ne trompent pas. La température s’adoucit, malgré quelques sautes d’humeur de la météo, les journées s’allongent, l’ouverture de la pêche… le printemps approche. Les cyclistes en profitent pour alléger leurs tenues hivernales et se faire plus nombreux sur routes et chemins. Seuls quelques automobilistes, parfois étourdis, souvent irrespectueux des deux roues motorisés ou non, semblent l’ignorer.
Enfermés dans leur caisse tôlée, certains automobilistes semblent en effet atteints d’une forme d’autisme lorsque débouche un véhicule à deux roues. Ils le voient sans le voir. En fait, le cyclise n’existe pas pour l’automobiliste. Comment expliquer sinon qu’il grille une fois sur deux la priorité au deux-roues? Heureusement, les années aidant, le cyclise acquiert une fine connaissance de la psychologie des automobilistes aux carrefours. Son sens de l’anticipation lui permet en général d’éviter l’accident. N’empêche que de temps en temps, je rêve de me transformer, telle la citrouille en carrosse, en chauffeur de 40 tonnes à l’approche des croisements.
Plus simplement, il suffirait que les automobilistes imaginent un 40 tonnes à la place du cycliste. A condition que leur cerveau supporte un tel effort.
Joakim Faiss
Chiennes d'allergies
Il paraît qu’il y a des chiens allergiques aux deux-roues. J’en ai rencontré. « Désolé, mais il est allergique aux cyclistes », sonna la voix de son maître, m’enjoignant de ne point bouger pour ne pas énerver la pauvre bête. Heureusement, il s’agissait d’un tout petit chien qu’une pichenette eût tôt fait de précipiter dans la vigne en contrebas. Tel n’est pas toujours le cas, comme lorsque des piétonnes effrayées par un doberman finissent leurs jours dans la Limmat.
Tel ne fut pas non plus le cas lors d’une autre escapade cycliste lorsqu’un berger allemand me barra la passage sur une route de campagne. Entre lui et moi, le vélo. La scène dura bien deux minutes, le clébard me mordillant le mollet au passage, avant que je ne remonte sur ma bicyclette et m’éloigne à une vitesse qui m’eût permis de pulvériser le record du monde de l’heure en d’autres circonstances. Le maître du berger allemand était pour sa part bien trop occupé à tailler ses arbres pour intervenir.
De toute manière, les propriétaire de chiens ont des réponses toutes prêtes. Du genre « il n’est pas méchant, il veut juste s’amuser » ou « ne vous inquiétez pas, il est gentil. » Désolé mais je ne partage pas les mêmes jeux que ces animaux et ils n’ont pas « gentil » imprimé sur le front. Dans le même genre: « Je ne comprends pas, il n’a jamais mordu personne avant. » Ça c’est certain. Avant la première fois, il n’avait jamais mordu personne.
Joakim Faiss
Petite pas reine
La ville de Stockholm s’apprête à investir un peu plus de 72 millions de francs suisses ces dix prochaines années pour … lire la suite
Deux-roues méprisés
« Les routiers sont sympas », clament-ils. Au gré des quelques milliers de kilomètres parcourus à bicyclette en Suisse et ailleurs chaque année, le constat est plus nuancé. D’accord les cyclistes sont lents, relativement du moins puisque souvent plus rapides que ces pauvres vélomoteurs d’aujourd’hui qui ne sont plus que l’ombre de leurs aînés. La lenteur a toutefois son charme et il n’est point besoin de mépriser ces deux-roues ou, pire, de les ignorer.
Avec le temps et l’expérience, on finit par se méfier de tout ce qui circule sur plus de trois roues. Automobiles, poids lourds, tracteurs, même combat. Au début on s’énerve, peste et maudit tous ces inconscients qui, bien protégés dans leur char d’acier, mettent en danger de frêles cyclistes, mal équipé pour s’élancer dans la jungle routière.
Mais, comme on a appris à se méfier, on devine souvent les intentions ou les hésitations du quidam installé derrière son volant. Untel va me brûler la priorité, celui-ci va me dépasser en plein dans le rétrécissement de la chaussée, machin ne va pas se gêner de dépasser alors que j’arrive en face…
Aujourd’hui, afin d’agrémenter mes sorties, j’établis un palmarès des attitudes les plus dangereuses et les moins respectueuses des cyclistes.
En tète, un chauffeur de camion de la Poste suédoise qui, une demi seconde après m’avoir dépassé a écrasé sa pédale de frein pour obliquer. Deuxième, un poids lourd sédunois qui avait tout fait juste: arrêt à la sortie du parking, regard à gauche, il me voit arriver… et s’engage quand même sur la route. Non mais ! Le troisième prix a été attribué depuis belle lurette à l’Etat du Valais. La bande cyclable sur la route cantonale entre Ardon et Vétroz compte presque une bouche d’égout tous les 50 mètres. Etonnez-vous ensuite que les cyclistes roulent au milieu de la route. En usant les nerfs des automobilistes et autres chauffeurs de camions. A énervé, énervé et demi.
Joakim Faiss
Train-train quotidien
- Ligne Guayaquil-Riobamba, Equateur, 1995. Les gens se pressent sur le quai, mais le train ne vient pas. L’attente se prolonge, toujours pas de convoi à l’horizon. Les Européens s’inquiètent. Pas les indigènes, qui s’installent pour la journée ou rentrent chez eux avec ce commentaire: «Le train ne viendra plus aujourd’hui. Peut-être demain…»
- Ligne Los Mochis-Creel, Mexique, 1997. Après quelques heures de trajet, le train de seconde classe rattrape celui de première classe des touristes fortunés, plus rapide et parti plus tôt, mais arrêté dans la nuit. Que se passe-t-il? «Un train de marchandise a déraillé et s’est couché sur la voie devant nous». Mince alors qu’est-ce qu’on va faire? «Ce n’est rien, juste cinq ou six heures d’attente, le temps de construire une voie pour contourner l’obstacle…»
- Gare d’Antsirabe, Madagascar, 1999. Sur le mur trône un magnifique tableau noir avec un texte préimprimé: «Le train en provenance d’Antananarivo arrivera avec … heures et … minutes de retard». Ne reste qu’à compléter à la craie…
- Ligne Antsirabe-Antananarivo, Madagascar, 1999. «Vous voulez prendre un train pour Tana à la fin de cette semaine? C’est impossible Monsieur, le train ne circule pas cette semaine. Pourquoi? La locomotive est occupée sur une autre ligne…»
- Suisse, juin 2005. Panne de quelques heures sur ce qui est peut-être le meilleur réseau ferroviaire du monde. Drame national.