De Tour du mont Blanc, il ne reste guère plus que le nom, tant les changements ont été nombreux pour cette quatrième édition de l’E-Tour du Mont Blanc qui s’est concentrée autour de Verbier du 10 au 12 août 2022.
Des nouveautés pour le meilleur à en croire les réactions des coureurs et le bilan tiré par le patron de la course, Nicolas Hale-Woods.
Le parcours: du tour du mont Blanc au tour du mont Chemin…
Les trois premières éditions se sont courues autour du mont Blanc, avec des étapes emmenant les coureurs à Chamonix et Courmayeur. Cette année, le parcours n’a guère quitté le district d’Entremont. Nicolas Hale-Woods: «Notre priorité, c’est la qualité des chemins, et du tracé, pour que les athlètes aient du plaisir. Ça a été génial pendant trois ans autour du mont Blanc, mais il commence à y avoir beaucoup de marcheurs. Nous devions donc faire des concessions sur le tracé, avec aussi des difficultés pour obtenir des autorisations en France. Après l’édition de l’année passée, nous nous sommes dit que nous tournions autour du nom Blanc par concept géographique, mais que nous n’atteignions plus nos objectifs de proposer trois jours de ride incroyable aux athlètes.»
«Et ce soir je suis vraiment content, parce que 100% des athlètes avec qui j’ai parlé m’ont dit qu’ils s’étaient éclatés, avec une grosse banane et c’est ça l’e-bike. C’est de se faire plaisir à la montée, à la descente, avec ce sentiment d’aventure quelque part. Et dans le Val de Bagnes et les communes avoisinantes on a pas loin du plus beau terrain de jeu au monde.»
«Quand on joue à la maison on est meilleur, par définition. Nous nous sommes donc dits « on essaie d’y aller comme ça », de voir ce que les riders disent, car certains étaient déçus quand on leur a annoncé que nous ne ferions pas le tour du mont Blanc. On leur a aussi dit: «On en parle vendredi soir…» Et ce soir, il n’y a en a aucun qui m’a dit « je suis déçu de ne pas avoir fait le tour du mont Blanc».
La formule: des épreuves spéciales plutôt que de longues étapes
«Aujourd’hui, si on propose une longue étape avec des tronçons en bitume ou de la route 4×4, personne n’est intéressé à rouler cela», explique Nicolas Hale-Woods. «Après il y a aussi l’aspect des autorisations, là vous pouvez passer, là non… » Deux éléments qui expliquent le changement de formule de course: des épreuves spéciales chronométrées, avec des secteurs neutralisés et des liaisons non chronométrées plutôt que de longues étapes à la journée. «Notre travail d’organisateur reste de proposer des parcours de qualité et cette formule va dans ce sens.»
Du côté des coureurs on apprécie: «Ce format est très sympa», note le Valaisan Olivier Grossrieder, double vainqueur de l’épreuve, 2e l’an dernier et 4e cette année, toujours aux côtés de l’autre «régional de l’étape», Florian Golay. «C’est plus concentré, les liaisons sont courtes. Par contre, c’est plus intense aussi. On est sur des spéciales de 15’ à 1h environ et on donne tout du début à la fin. On est moins dans l’endurance que lorsque l’on partait pour la journée.»
Parmi les athlètes qui regrettaient au départ un peu de ne pas partir autour du mont Blanc, la Vaudoise installée à Fully, Myriam Saugy, 3e de la course en 2022, salue aussi cette formule. «J’aurais bien fait le tour du mont Blanc, mais c’était vraiment sympa de monter les chemins que nous ne faisons habituellement que de descendre…»
Une course ouverte à tous, ou presque
Les trois premières éditions étaient réservées à des équipes invitées par l’organisation. Changement de cap là aussi pour la course 2022, avec des inscriptions libres, ou presque. «La course est ouverte à tout le monde, oui et non», tempère Nicolas Hale-Woods. «Il ne faut pas mettre plus du double de temps que Julien Absalon, ce qui est déjà très bien. Il faut être un très bon amateur, mais cela ouvre la course à beaucoup de monde et cette année nous avions 74 garçons et filles sur la ligne de départ. Ces gens vont en parler et c’est comme cela que nous allons faire évoluer la discipline et l’activité en général».
L’avenir: un nouveau nom et un parcours appelé à évoluer?
Avec une épreuve qui ne «tourne » plus autour du mont Blanc, même s’il n’est jamais très loin, le nom va-t-il changer? Nicolas Hale-Woods: «Je l’ai déjà dit à notre directeur de l’Office du tourisme, Simon Wigget, nous restons «autour» du mont Blanc. Le Tour de France ne fait pas non plus le tour de France, il démarre au Danemark, le Dakar a lieu en Arabie saoudite… Donc on va prendre le temps de décider cet automne si on change de nom, ou pas.»
Que le nom change ou pas, le parcours pourrait encore évoluer. Pour cette édition 2022, il était prévu de passer par les hauts de Fully, ce qui n’a finalement pas été possible, notamment pour des raisons d’autorisations. «On s’y est mal pris, je ne vais pas chercher d’excuses. La bonne nouvelle, c’est que Fully souhaite nous reparler, dès cet automne pour l’année prochaine. Fully a un terrain sublime et on espère pouvoir y aller. Nous allons prendre le temps de parler avec les autorités et toutes les parties prenantes, les zones protégées, les chasseurs, les consortages, le Département des cours d’eau, celui de la faune et la flore, afin que nous soyons tous sur la même longueur d’onde.»
«Ce qui compte, quand on regarde un peu plus loin que le court terme, c’est que l’activité se développe de manière cordonnée et respectueuse de tout le monde. Je suis convaincu qu’on peut le faire, si on s’assied autour d’une table avec les bonnes personnes, toutes les parties prenantes, et que l’on parle raisonnablement. Je le répète, on a le ou l’un des plus beaux terrains du monde. Tous les riders sont là. Il y avait des gars de France, d’Italie, d’Allemagne, d’Autriche, du Honduras, des champions olympiques. Plusieurs m’ont dit: « Aujourd’hui, la dernière descente, sous le Rogneux, c’était plus belle que j’ai fait de ma vie, Et ça, quand on l’entend comme organisateur, on se dit qu’on a quelque chose de fort…»