Pionnier suisse de l’aviation, Oskar Bider pourrait aussi être celui du vélo à Sion, la rue à son nom étant la première « rue cyclable » du canton depuis quelques semaines.
Les usagers de cette rue qui longe la voie de chemin de fer jusqu’au quartier de Châteauneuf ont récemment pu découvrir de très (très) grands pictogrammes « vélo » sur la chaussée. Cette dernière a en outre été modifiée pour permettre aux personnes à vélo de « bypasser » les aménagements servant à ralentir les usagers motorisés sur cette rue limitée à 30 km/h.
Mais qu’indiquent ces grands marquages au centre de la chaussée? Une priorité des cyclistes sur les autres usagers? Renseignement pris auprès de la Ville de Sion, ce n’est pas le cas, mais bien l’indication que l’on emprunte une « rue cyclable ». « Il s’agit simplement d’une zone 30, au sein de laquelle la priorité de droite est abolie, ce qui permet à la rue cyclable d’avoir la priorité sur les autres rues qui s’y raccordent« , explique Philippe Petit, coordinateur mobilité de la Ville de Sion. « En résumé, le vélo n’est pas prioritaire dans le sens où il peut circuler au milieu de la chaussée, mais dans le sens où les autres rues perdent la priorité sur celle-ci. Nous avons pris le parti de renforcer la continuité pour les vélos en aménageant ces modérateurs de vitesse adaptés.«
Si l’on se trouve ainsi bien en face de la première « rue cyclable » en Valais, on peut déplorer que la signalisation ne soit pas plus explicite, au moins dans une première phase d’apprentissage, tant cyclistes qu’automobilistes ne sachant trop sur quel type d’aménagements ils circulent. « La seule manière de le savoir est de s’intéresser de très près à l’Ordonnance sur la signalisation routière, qui a été modifiée le 1er janvier 2021 pour introduire ce concept de rue cyclable« , détaille Philippe Petit. Une ordonnance qui prévoit la seule présence d’un grand pictogramme vélo pour signifier la rue cyclable, exit le panneau spécifique qui existait durant l’essai pilote de ces aménagements lancés dès 2016 dans les villes de Bâle, Berne, Lucerne, St-Gall et Zurich.
«Les rues cyclables sont des rues de quartier optimisées pour la circulation à vélo et permettent aux usagères et usagers de circuler de manière sûre, confortable et fluide, à l’écart des grands axes. Jusqu’ici en Suisse, le principe de la priorité de droite dans les zones limitées à 30 km/h rendait difficile la réalisation de telles rues cyclables.» Source – Mobilservice
Depuis 40 ans aux Pays-Bas et en Allemagne
« Une mesure importante pour la promotion du vélo est la création de rues cyclables sûres et agréables, formant un réseau cohérent« , rappelle Mobilservice, la plateforme pour la mobilité durable et la gestion de la mobilité en Suisse. « En de nombreux endroits, un dilemme apparaît à ce niveau. Faire circuler les vélos rapidement, en toute sécurité et confortablement, n’est possible ni le long des axes de circulation où la fréquentation du transport individuel motorisé est élevée et l’espace restreint, ni sur les rues secondaires parallèles à vitesse limitée.«
Si les « rues cyclables » ont été introduites au Pays-Bas et en Allemagne déjà dans les années 1980 et 1990, la réflexion à leur sujet est plus récente en Suisse, où l’on s’est aussi aperçu que « les rues de quartier à vitesse limitée sont un modèle de succès en termes de sécurité. Cependant, un conflit d’intérêts peut apparaître entre les mesures destinées à limiter la vitesse et la priorité de droite ainsi que la progression rapide à vélo.«
La rue cyclable permet de régler le problème: limiter la vitesse des véhicules motorisés à 30 km/h tout en laissant la priorité aux cyclistes sur les rues venant se greffer sur la rue cyclable.
Plus près de chez moi, à Fully pour prendre un exemple que je connais bien, il serait désormais très facile d’accorder la priorité aux cyclistes en rive droite du canal, itinéraire préconisé pour les élèves à vélo ou toute personne se rendant à Vers l’Eglise.