(Photo prise à Bologne, par Erik Witsoe sur Unsplash)
[Ce sujet a initialement été publié le 30 octobre 2018. La problématique est aujourd’hui d’une actualité toute particulière puisque le Conseil fédéral propose de rendre obligatoire le casque aux cyclistes en vélo électrique lent, comme suggéré parle BPA ci-dessous. Les réponses sont évidement les mêmes et l’on ne peut que déplorer que les autorités veuillent présenter le casque commeun remède miracle et reporter la responsabilité sur les seuls usagers alors que les solutions plus efficaces pour éviter les accidents sont connues.]
Chaque année depuis 1995, le BPA publie un sondage sur des thèmes liés à la sécurité en Suisse. La « punchline » 2018:
«Le port obligatoire du casque cycliste sur les vélos électriques lents est soutenu par 78% de la population suisse.»
Source: communiqué du BPA
Je ne sais pas si vous avez déjà pris un « Publibike », mais si vous voulez vous approcher de la vitesse vertigineuse d’un vélo électrique « lent », puisque c’est de ces derniers qu’il s’agit dans le sondage, vous devriez essayer. L’assistance se coupe donc à 25 km/h et il est pratiquement impossible d’aller plus vite au plat avec ces engins.
La plupart des vélos électriques lents sont par ailleurs des VTT, dont les usagers portent généralement un casque.
Un casque à 25 km/h max. Sérieux?
Chacun fait évidemment comme il veut, mais vouloir imposer le casque pour des vélos qui ne vont pas plus vite que 25 km/h va contre tous les efforts (bientôt?) entrepris pour la promotion du vélo. Parce que si on rend le casque obligatoire à 25 km/h à vélo, il n’y a pas de raison de ne pas le rendre obligatoire pour tous les vélos, qui vont plus vite avec un bon moteur à soupe.
Un environnement apaisé, sans voitures: casque pas forcément utile, comme ici lors de la présentation du nouveau Publibike à Sion.
Je trouve aussi assez étonnant que le BPA commande un sondage où l’on mêle gaillardement de vraies questions de sécurité pour les autres usagers, comme de conduire à très haute vitesse (puisque 25 km/h est si rapide à vélo, 50 et plus en deviennent vertigineux) un véhicule de 2 tonnes en étant alcoolisé ou distrait avec l’obligation du port du casque pour des gens qui ne « risquent » que leur propre peau.
Posez la question au milieu de autres et la réponse sera assez spontanément « oui, bien sûr, le casque obligatoire c’est bien». Surtout que ça arrange bien ceux qui roulent bourrés ou téléphone en main que les autres usagers doivent se protéger. Mais comme on leur pose la question, évidemment qu’ils sont pour le port du casque des cyclistes, ces nouveaux gangsters du bitume.
Attention, je ne dis pas que le casque est inutile et je le porte toujours pour mes activités sportives, lorsque la vitesse ou le terrain, ou les deux à la fois, constituent un risque important. Mais je ne le mets que rarement pour mes trajets « utilitaires ». Chacun fait comme il le veut et le rendre obligatoire serait contre-productif.
Casque obligatoire = moins de cyclistes
Le problème, c’est que le casque ne sera pas d’un grand secours lors de collisions avec un véhicule motorisé. Surtout, il n’évitera pas l’accident et c’est surtout à cela que devrait s’atteler un Bureau de prévention des accidents. Pas à leurs conséquences malheureuses. Et là, dans la prévention des accidents, le casque ne peut rien. Son obligation peut par contre beaucoup pour éloigner les gens du vélo, cela a été démontré partout: là où le casque a été rendu obligatoire, la pratique cyclable a diminué, avec des effets néfastes sur la santé de la population en général. Et je préférerais que le BPA s’active davantage pour promouvoir des infrastructures adéquates que pour pousser à l’adoption du casque ou à instaurer son obligation. Le casque n’est pas la solution et ils devraient le savoir au BPA. Ce ne sont pas les infos qui manquent à ce sujet, même si elles sont en anglais.
Une récente étude a d’ailleurs mis en évidence l’augmentation de la pratique cyclable au Danemark. Le nombre d’accidents impliquant des cyclistes? Il a diminué dans le même temps et rien à voir avec le casque.
«In Copenhagen these opposite trends are even more marked with an increase of 30% in cycling while cycling related injuries decreased to 33% of previous injuries.»
Source: Sciencedirect
En passant, s’il faut un casque à vélo à 25 km/h, il en faudra à coup sûr en voiture où les traumatismes crâniens font toujours des victimes, malgré la ceinture et les airbags. Mais ça (le casque en voiture), étrangement, on n’en parle jamais. Une pub de bagnole avec des gens casqués, ça le fait moins non? Ou un marquage: « la voiture tue » sur les ailes?
Mais la tendance est lourde et les médias ne ratent jamais une occasion pour rappeler aux cycliste que, quand-même, ils pourraient faire un peu attention à leur intégrité physique tout de même. Ainsi, à la fin de l’été, l’émission A bon entendeur de la RTS était largement consacré aux cyclistes, plus particulièrement à leur casque, ou pas.
Rien à dire sur les sujets, plutôt équilibrés.
Mais lorsqu’il s’est agi d’interviewer Zoé Dardel, présidente de Pro Vélo Lausanne, la journaliste Manuelle Pernoud n’a pas pu s’empêcher d’insister lourdement sur l’obligation de porter un casque pour tous les cyclistes, revenant à la charge à plusieurs reprises et semblant trouver tout à fait incroyable qu’aucune association ne prône l’obligation de porter un casque et lançant un appel aux téléspectateurs pour en trouver une. Si vous voulez passer à la télé, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Le problème est pourtant simple et Zoé Dardel l’a bien rappelé, encore une fois: dans tous les pays où l’obligation a été instaurée, la pratique cyclable a baissé. Porter un casque rend le vélo moins attractif et la mesure obligatoire cache souvent une absence de vision plus large pour rendre le vélo plus sûr. Le casque n’est pas une solution, mais un symptôme des routes d’aujourd’hui.
Et alors me direz vous?
Et alors, le problème c’est que le monde étouffe déjà sous la circulation automobile et ce n’est pas la voiture électrique qui changera grand-chose. Rien qu’en Suisse, les coûts externes (le coût assumé par la société) de la mobilité motorisée sont évalués à près de 13 milliards de francs. Bruit, pollution et accidents coûtent de l’argent, mais surtout des vies.
La pollution de l’air tue 600 000 enfants par an
«L’air pollué est en train d’empoisonner des millions d’enfants et de ruiner leurs vies»
Source: Le Monde
Mais chez nous, c’est d’abord important que les voitures circulent sans entraves et que les cyclistes mettent un casque…
Et comme le résume bien le Washington Post, le problème n’est pas tant de rendre les cyclistes visibles avec de la peinture fluo ou des gilets « sapin de Noël » ou de leur mettre un casque, mais bien d’empêcher les automobilistes de les écraser.
Un bon moyen est bien sûr de mettre le plus de monde possible à la marche ou au vélo et là on peut inciter plutôt que de punir. Une idée dans ce sens à Bologne, pas trop loin de chez nous…
This Italian city rewards you for not driving your car | World Economic Forum
«In the Italian city of Bologna, people are rewarded for cycling, walking and taking public transport.»
Et moi, gagner des bons pour de la bière en faisant du vélo, ça me plaît bien… Et peut-être même que je mettrai un casque en quittant le bistrot.
Le casque est obligatoire pour les E-Bike 45kms/h. Pour les autres,vélos classique et ski ça serait contre productif.
Arrêtez de faire le bonheur des gens malgré eux.
Comme les gamins qui peuvent plus aller seuls à l’école… Trop de voiture ou Fourniret ? Rassure vous,Van Geloven est mort…
Comme si on était plus dommageable qu’en 1987…..
Non au casque obligatoire