Lavez-vous les mains et tenez vous à distance les uns des autres. Difficile à échapper à ces injonctions en pleine pandémie de cornavirus. Et c’est assez facile à respecter en restant à la maison.
Cela va se compliquer avec les premiers assouplissements des mesures de « semi-confinement » prévues à fin avril en Suisse avec l’ouverture de davantage de commerces, entre autres secteurs d’activité, puis des écoles le 11 mai. Il sera difficile d’emprunter les transports publics sans une proximité indésirable, impossible de pratiquer le covoiturage, certaines distances seront trop importantes pour être couvertes à pied ou en trottinette. Autant d’inconvénients qui plaident pour le vélo à qui il devient urgent de donner davantage de place, ne serait-ce que de manière provisoire.
Si certains déplorent le manque de préparation et d’anticipation de l’Etat dans la crise de coronavirus, force est de constater que l’inaction de nos autorités est encore plus criante lorsqu’il s’agit des voies de circulation à pied et à vélo, exigées par la Loi sur l’aménagement du territoire depuis… 1979. Qu’avons-nous aujourd’hui? Rien. Au mieux quelques tronçons discontinus et mal entretenus, mais le plus souvent des voies partagées avec des automobiles sur des routes pleines de trous et limitées à 60 ou 80 km/h.
Ce n’est pas très différent dans certains pays qui nous entourent, qui sont par contre nombreux à mettre en place des mesures « d’urbanisme tactique« . Ce dernier vise à réaffecter temporairement, de manière opportune et pratique, davantage d’espace au vélo afin d’augmenter la capacité totale de la voirie et permettre à un maximum de personnes de circuler. Sur un même axe on peut faire jusqu’à 4000 vélos plutôt que 1000 voitures.
Un bon thread sur Twitter à ce sujet ici:
Vous entendez beaucoup parler d’#UrbanismeTactique depuis qq jours, notamment par @M_Chassignet, @Lelievre_Adrien ou @PierreSerne…
— Mathieu Rabaud (@MatttRab) April 16, 2020
L’objectif : créer des infrastructures cyclables temporaires pr préparer l’après-confinement…
Mais pourquoi est-ce indispensable ?#Thread
En résumé:
- Un report de la voiture vers le vélo permettra d’absorber la diminution de capacité du réseau automobile par la réaffectation d’espace.
- Un report des transports en commun vers le vélo permettra à ceux qui n’ont pas le choix de les emprunter toujours en sécurité.
- Un report des transports en commun vers la voiture sera aussi possible grâce aux automobilistes ayant laissé leur place.
- Grâce aux aménagements cyclables provisoires, même des personnes peu sûres d’elles à vélo pourront s’y mettre sans trop de craintes.
Il est évidemment assez urgent de prendre des mesures dans ce sens, même si le virus SARS-CoV-2, responsable de la maladie COVID-19, semble parti pour nous impacter assez durablement.
J’aimerais bien être assez optimiste à ce sujet, surtout en « année du vélo » en valais avec des championnats du monde toujours prévus en septembre à Martigny. Mais ce que je vois ces jours sur nos routes, et même sur les rares itinéraires cyclables de la région (voir les images ci-dessous) ne me laissent guère d’espoir.
Pourtant, je serais ravi d’avoir tort.
Sur la route cantonale, parmi les voitures à 60, 70, 80 km/h… Sans commentaire. Sur les berges du Rhône, itinéraire cyclable national, encore un piège potentiellement fatal. Encore sur les berges du Rhône. Imaginerait-on cela sur une autoroute, à l’échelle des voitures? Encore les berges du Rhône. Étonnant comme trou à un endroit pourtant interdit aux autos. Berges du Rhône. Vous le voyez le problème, en petit groupe ou de nuit (j’ai failli me le prendre 2x en mars au retour du travail en plaine crise de coronavirus)?