Depuis ce 29 janvier 2018 au matin, Strava a droit à une couverture mondiale dans la presse généraliste, en raison d’une de ses fonctions parfois méconnues, la “heat map”. Une carte des trajets réalisés dans le monde entier par les sportifs (ou pas) qui enregistrent leurs parcours sur la plateforme, via un GPS, le smartphone ou d’autre moyens.
Selon qu’un itinéraire est emprunté plus ou moin souvent, le trait grossit et la couleur change, ce qui permet de reconnaître les itinéraires les plus fréquentés. L’accès est public et gratuit, mais les organismes qui le souhaitent peuvent obtenir des données plus détaillées, mais payantes.
Ces derniers jours, le Guardian s’est ainsi aperçu que l’on pouvait, entre autres, retrouver des bases militaires grâce à Strava: “Fitness tracking app Strava gives away location of secret US army bases”.
Une information largement reprise, également sur des sites francophones, où l’on peut lire que “cette application ne s’encombre pas de tabous”: “Cette application de fitness dévoile les plans de bases militaires top-secrètes”
On est à la limite du scandale alors que tout le monde oublie que ces données ont d’abord été fournies par les militaires eux-même, qui ont téléchargé les données sur la plateforme, indiquant leur parcours et leurs horaires. La plateforme récolte ce qu’on lui donne, rien d’autre.
Strava pour servir les collectivités?
Au-delà des militaires qui ne peuvent s’en prendre qu’à eux-même, Strava n’a pas que des avantages, avec son système qui incite à la compétition permanente, même sur des itinéraires pas forcément indiqués où les passages répétés de cyclistes à tombeau ouvert commencent à causer des problèmes.
Au-delà de l’égocentrisme volontiers exacerbé par Strava, la plateforme peut se révéler très utile pour les collectivités qui souhaitent planifier des itinéraires cyclables, en ville et à la montagne. Car elle sait très bien identifier les trajets parcourus, comme le relève encore le Guardian: “Strava demonstrated that the new heatmap was detailed enough to see kiteboarding in Mexico, to track the route of the Camino de Santiago across northern Spain and to see the sea route of the Ironman triathlon in Kona, Hawaii.”
A notre échelle, comme on le constate sur la “heat map” de la région de Fully, certains itinéraires sont bien fréquentés (en rouge), mais on découvre aussi les parcours intéressants, même si moins courus (en bleu).
On peut ainsi identifier les routes utilisées par de nombreux cyclistes (comme entre Fully et Charrat), malgré l’absence d’aménagement cyclables. Et y remédier, ou pas.