Edito du magazine Vélo romand n°42 – printemps 2017 – Le vélo est une affaire de cœur, au propre comme au figuré, et la passion l’emporte souvent sur la raison. Qu’il s’agisse d’acheter un nouveau vélo, de nouvelles roues, un groupe avec ou sans fil. Ou alors, sur la route ou dans le terrain, lorsqu’il s’agit de se lancer à la poursuite de ce «concurrent» qui a osé vous doubler sans un regard…
Au-delà de la passion, cela confine parfois à la guerre de religion. Les puristes seraient Campa, mais pas Shimano ou Sram, boyau plutôt que pneu ou tubeless (quel gros mot), guidoline noire et freins sur jante (comme s’il y avait autre chose). Justement. Il y a autre chose: les freins à disque. Le plus gros mot que l’on puisse prononcer dans le «milieu» en ce début d’année 2017.
Les disques: les vététistes les utilisent depuis le début des années 2000, ils ont essuyé les plâtres, mais ces freins fonctionnaient déjà plutôt pas mal voilà une quinzaine d’années. Sur la route aussi d’ailleurs, surtout si vous roulez par tous les temps (ce que ne font évidemment pas les professionnels, qui n’en veulent pas). Peu importent les raisons profondes de cette abjection pour les disques, tous les arguments pour les abattre sont bons, surtout les plus irrationnels. Un peu comme en politique au fond. Faites peur aux gens, il en restera toujours quelque chose.
Deux «affaires» ont semé le doute. Celle de Ventoso à Paris-Roubaix 2016 et celle de Doull à Abu Dhabi en 2017. Aucune des deux ne résiste à une analyse froide et rationnelle des incidents et des images quand il y en a. Comme de savoir comment on peut se couper le pied gauche sur le disque d’un concurrent qui se trouve à sa droite, entre autres.
Il n’en fallait pas davantage pour que le web s’enflamme, histoire de savoir qui a raison, ou pas. Et je me suis aussi fait avoir, le soir même et ci-dessus, tout simplement. La passion, je vous dis. Et c’est tant mieux, car si nous n’écoutions que notre seule raison, pas sûr que nous serions cyclistes. Et que nous irions rouler tout à l’heure. Ou demain. Ou bientôt, au pire.
La passion l’emporte souvent sur la raison. Encore heureux.
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