Le « Guru » pour une bonne assise

«Je me sens bien sur mon vélo, mais est-ce que je pourrais être plus efficace ou avoir moins mal (aux mains, bras, épaules, fesses, jambes, genoux, dos, cervicales, cocher ce qui convient…) avec une position différente ?» Quel cycliste quelque peu assidu ne s’est jamais posé cette question? L’approche empirique peut prendre énormément de temps et coûter cher, entre le changement de géométrie du vélo, les essais de selles différentes, de largeurs de guidon, de longueur de potence et de manivelles… Sans parler des ajustements de la hauteur du guidon, de la hauteur de selle et de son recul. Ou, carrément, d’un changement de vélo.

Thomas Schmidlin change la selle pour un modèle ressemblant à celui qui équipe mon vélo habituel.
Thomas Schmidlin change la selle pour un modèle ressemblant à celui qui équipe mon vélo habituel.

C’est là qu’intervient le «bike fitting», ou l’étude posturale en français. Le regard et les outils d’un professionnel vont vous faire gagner énormément de temps dans la recherche de la position et du vélo idéaux. C’est particulièrement vrai avec le système «Guru» que les Valaisans Thomas Schmidlin et Arnaud Rapillard ont installé en première suisse à Sion, à l’enseigne de Reep Performance. Ce que Guru appelle «Dynamic Fit Unit» ou l’unité d’ajustement dynamique est la pièce maîtresse de l’ensemble, contrôlée par ordinateur, qui ajuste en temps réel votre position pour maximiser confort et efficacité.

Scanné et mesuré par l’écran

Le système d’origine étasunienne en jette dès la mise en route. Thomas me place debout face à un écran immense. La caméra du système me détecte quasi instantanément et affiche un bonhomme « fil de fer» en surimpression de mon tronc, de mes bras et de mes jambes. Dans le même temps, il procède aux différentes mensurations qui permettront de caler grossièrement le «vélo» de test pour les premiers tours de pédales. «Vélo» avec des guillemets, car c’est bien davantage que cela.

Potence et selle sont placés sur des chariots mobiles pour un ajustement en temps réel, sans stopper le pédalage.
Potence et selle sont placés sur des chariots mobiles pour un ajustement en temps réel, sans stopper le pédalage.

Le système Guru permet en effet d’ajuster à la volée et en deux clics de souris la position de la potence (avancée et hauteur), de la selle (idem), mais aussi les angles du vélo (tube de selle et de direction). Sans oublier, moyennant cette fois une petite manipulation mécanique, la longueur des manivelles et la largeur du guidon. Guru collabore également avec Fizik’ pour les selles et de nombreux modèles sont proposés pour que chacun puisse s’approcher de sa selle habituelle (ou en trouver une plus adaptée), même si rien n’empêche d’emmener la sienne. Une fois calé, l’ensemble peut encore s’incliner afin de simuler une montée plus ou moins raide et tester sa position dans chaque cas de figure.

Plusieurs modèles de cintres et la gamme de selles Fizik' permettent une très large palette de combinaisons.
Plusieurs modèles de cintres et la gamme de selles Fizik’ permettent une très large palette de combinaisons.

Le cycliste décide

Alors que je suis installé sur le « vélo », Thomas augmente d’abord la hauteur de selle, par incréments grossiers de trois centimètres. Puis procède à des ajustements plus fins, à la hausse et à la baisse, selon mes indications. «Il faut se concentrer sur son pédalage, la fluidité du coup de pédale, sans vraiment chercher à retrouver sa position habituelle», explique Thomas Schmidlin. Reste que c’est bien le cycliste qui décide, selon qu’il trouve le réglage meilleur ou moins bon, d’après son propre ressenti. Je demande à augmenter un peu la résistance pour conforter ma décision.

Le cycliste valide les changements de position en se fiant à ses propres sensations, sous le regard du spécialiste.
Le cycliste valide les changements de position en se fiant à ses propres sensations, sous le regard du spécialiste.

La hauteur de selle et son recul confirmés, on passe à la distance selle-guidon. Comme pour la selle, la potence avance et recule sans qu’il ne faille interrompre le pédalage. Après la longueur, on cherche encore la bonne hauteur, avec une position plus ou moins plongeante.

Place à la montée

Ces réglages validés, la position est enregistrée dans le système et nous pourrons y revenir à tout instant par la suite. Thomas poursuit son exploration en modifiant les angles du vélo, d’abord en m’avançant un peu plus au-dessus du pédalier, puis en me reculant. Je me sentais mieux au milieu, retour à la position enregistrée quelques instants plus tôt. Il bascule alors l’ensemble en position «montée», d’abord en simulant une côte de 6%, plutôt roulante, avant d’augmenter la pente et tester la danseuse et s’assurer que les genoux ne viennent pas heurter le guidon.

Le vélo bascule en position de montée et on peut également tester la danseuse.
Le vélo bascule en position de montée et on peut également tester la danseuse.

Nous testerons encore des manivelles plus courtes et un cintre plus large, mais je reste sur mes premiers choix. Un dernier essai avec le cintre un peu plus bas et plus proche de la selle me convient plutôt bien et ce sera mon dernier mot.

La longueur des manivelles peut aussi être rapidement ajustée.
La longueur des manivelles peut aussi être rapidement ajustée.

Petits changements, grands effets?

Comme je suis venu avec mon vélo, la comparaison est vite faite. Je suis pratiquement retombé sur ma position habituelle, à l’exception du guidon, un poil plus bas et plus proche de la selle. Deux modifications qui ne devraient pas me ruiner pour les appliquer à mon vélo… Ouf! «Cela n’a pas été un gros chantier de t’amener d’une bonne position vers LA bonne position que nous avons validée ensemble », résume Thomas. Si les suggestions de modifications seront probablement sans incidence directe sur la puissance instantanée, la position devrait être plus confortable et aérodynamique, ce qui devrait payer sur la durée. Je vous tiens au courant 😉

L'écran affiche les valeurs qui permettront au marchand de vélo de modifier mes réglages... ou de trouver un nouveau vélo.
L’écran affiche les valeurs qui permettront au marchand de vélo de modifier mes réglages… ou de trouver un nouveau vélo.

S’il s’agit d’acheter une nouvelle bécane, le système Guru compte des centaines de vélos de toutes marques dans sa base de données, avec leurs cotes précises. Vous avez une préférence pour une marque particulière ? Pas de problème, le système vous suggère le modèle et la taille qui correspondent à la position définie lors du test. Si votre vélo ne devait pas figurer dans cette base de données, Thomas et Arnaud sont équipés d’un système laser pour le mesurer de manière très précise et proposer les ajustements en fonction de votre test.

Arnaud Rapillard (à gauche) et Thomas Schmidlin proposent le système Guru en première suisse.
Arnaud Rapillard (à gauche) et Thomas Schmidlin proposent le système Guru en première suisse.

Pour mon test, nous sommes partis de manière totalement «ouverte» à la recherche de la position idéale dans l’absolu. C’est le « full fit ». Avec le « retro fit » il est également possible de partir de sa position habituelle, après avoir reporté les cotes de son vélo dans le système Guru. Et comme les deux compères collaborent avec plusieurs vendeurs de cycles formés à la lecture de leurs rapports, chacun pourra faire monter son vélo en tenant compte des mesures définies avec l’aide de la machine.

Thomas et Arnaud vous proposent aussi de mesurer précisément votre vélo existant et de démarrer l'essai en partant de votre position habituelle.
Thomas et Arnaud vous proposent aussi de mesurer précisément votre vélo existant et de démarrer l’essai en partant de votre position habituelle.

Multiples combinaisons en quelques minutes

Dans les deux cas, le gain de temps de ce système informatisé dont la partie mécanique est montée sur des chariots motorisés pour un ajustement en « live » est indéniable. En une petite quarantaine de minutes, sans se presser, il a été possible de tester des dizaines de combinaisons sans descendre du vélo. Du sur-mesure adapté au prêt-à-porter en quelque sorte. Système adopté et conseillé, ne serait-ce que pour la tranquillité d’esprit et la certitude d’être bien posé sur son vélo. « Je suis bien sur mon vélo. » Je le savais, mais c’est encore mieux lorsque c’est mon Guru qui me le dit…

Infos: www.reep.ch

6 réflexions au sujet de “Le « Guru » pour une bonne assise”

  1. Comme tout bon Guru qui se respecte, s’il veut entretenir la secte de ses adeptes, il doit délicatement délester les fidèles de quelques deniers.
    Combien devrais-je donc débourser pour demander conseil à ce Maître-cycliste?
    Et ce Guru est-il un fervent défenseur de la pensée unique ou adapte-t-il son divin message aux vététistes également?

  2. Lorsque je vois ecrit ceci :  »

    Le cycliste décide

    Alors que je suis installé sur le « vélo », Thomas augmente d’abord
    la hauteur de selle, par incréments grossiers de trois centimètres. Puis
    procède à des ajustements plus fins, à la hausse et à la baisse, selon
    mes indications. «Il faut se concentrer sur son pédalage, la fluidité du coup de pédale, sans vraiment chercher à retrouver sa position habituelle»,
    explique Thomas Schmidlin. Reste que c’est bien le cycliste qui décide,
    selon qu’il trouve le réglage meilleur ou moins bon, d’après son propre
    ressenti. Je demande à augmenter un peu la résistance pour conforter ma
    décision. »

    deux choses me perturbent :

    – il faut se concentrer sur le pédalage

    – reste que c’est bien le cycliste qui décide

    C’est oublier un peu vite ( compte tenu de la durée de l’effort ) que le corps a ses références d’efforts et donc va rechercher à revenir vers ses références spatiales .

    Si c’est le cycliste qui décide ..là je pige pas car s’il décide c’est qu’il sait …là je suis vraiment dans le floue .

    Lorsque je fais une EP j’indique au cycliste ce que je vais faire et je lui explique comment je souhaite le faire pédaler tout en prévenant les pathologie et en optimisant au maximum son rendement à condition physique égale .

    Le cycliste va ensuite devoir « valider  » sur le terrain , sur son terrain , les effets du changement …..Parfois il faut faire les changements de position avec plus de lenteur …

    Bref , j’ai l’impression que la rédaction n’est pas parfaite ( et je sais combien il est difficile de faire une bonne rédaction) ou j’ai loupé quelques choses .

    Enfin le SAEP est indispensable ( à mon humble avis ) pour s’assurer que le cycliste a bien obtenu ce qu’il était venu chercher , traitement de ses pathologies , meilleur rendement, plus de confort etc…

    • Lorsque je suis sur mon vélo de route ou mon VTT, il m’arrive de me demander si je ne serais pas mieux avec la selle un poil plus haute, ou plus basse, plus en arrière, en avant, avec le cintre plus bas, plus haut, plus loin, etc.

      Sur ce système, je peux tester facilement et rapidement ces différentes variantes et les valider, ou pas. En ce sens, je décide.

      Le spécialiste peut aussi partir de la position qu’il juge idéale, mais à la fin c’est tout de même le cycliste qui valide (de suite ou après un essai grande nature, en effort).

      Et pour ce qui est de se concentrer sur le pédalage, dans mon cas certains ajustements ont clairement influencé directement la cadence et la fluidité du coup de pédale. Moins bien et je décide, encore, que ce réglage ne me convient pas.

        • J’y suis passé en début d’année … avec comme point de départ
          des douleurs dans les genoux et dans le bas du dos après 1h30 – 2h de roulage …
          la position validée lors du passage chez Thomas me permet aujourd’hui de rouler
          sans douleurs sur plus de 5h … Comme quoi, même si la durée de l’étude parait
          courte cela a été efficace pour moi

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