Quand on est petit, on adore sauter dans les flaques et jouer dans la boue. Quelques années plus tard, lorsqu’on est devenu grand, on n’ose plus trop le faire. À moins d’être cycliste, puisque l’activité est toute trouvée: le cyclocross. Je n’en avais jamais fait jusqu’à la semaine dernière. Venant du mountain bike, je trouvais cela, comment dire, un peu archaïque.
Mais il se trouve que le champion suisse de la discipline, Julien Taramarcaz, est originaire de mon village, Fully. Ces jours il brille en Belgique, la Mecque du cyclocross, qui déplace des foules immenses sur les courses. J’ai pu avoir un aperçu des ces foules en participant en cyclo au Tour des Flandres en 2010 et à Liège-Bastogne-Liège en 2012. Et, on trouvera cela bizarre, mais depuis ces épreuves, je crois que j’aime le mauvais temps… « Il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais habits », dit-on aussi en Suède, mon autre pays d’origine.
Après plusieurs années de compétition sur un VTT, j’avais décidé de ne plus m’aligner sur toutes les courses régionales au parcours connu par cœur et au résultat prévisible à la simple consultation de la liste de départ. Moins de courses régionales aussi pour avoir le temps de voir autre chose. Les cyclosportives sur route, la Transvésubienne, l’Eiger Bike Challenge, les Canaries au printemps, de l’Enduro…
Autant d’épreuves différentes et de vélos différents pour un plaisir toujours renouvelé. L’idée de m’aligner sur un cyclocross a ainsi fait son chemin. Location d’un vélo le jeudi, premiers tours de roue le vendredi, une seconde sortie de réglage le samedi et course le dimanche. À Rennaz, un cyclocross « international » comptant pour le championnat suisse. Un vrai temps belge, 4 degrés centigrades, de la pluie, du vent, quelques rayons de soleil tout de même.
Après avoir glané les derniers conseils sur la pression des pneumatiques auprès de Dominique Page – chez qui j’ai loué mon vélo -, c’est le départ. Au sprint pour les cadors, en queue de peloton pour moi. Premiers dévers, premières glissades, à vélo comme à pied, premier déraillement… Cela ne pourra qu’aller mieux dans un moment. Difficile de connaître l’accroche de ces pneus inconnus et de rouler en confiance. Les hésitations se paient cash et il faut poursuivre à pied. Là aussi, il y a des progrès à faire…
Au fil des tours, dont le nombre est fixé selon l’allure du leader lors des deux premiers pour que sa course dure environ 45 minutes, la technique et la confiance s’améliorent. Le terrain sèche un peu aussi. Je remonte plusieurs concurrents, mais la fatigue s’installe, les erreurs redeviennent plus fréquentes et je me contente de tenir mon rang. Pas venu pour me « péter la caisse » non plus.
La ligne d’arrivée franchie, le vélo a bien dû prendre deux ou trois kilos (j’ai roulé avec un seul vélo, sans m’arrêter pour le laver entre les tours), les habits devront passer deux fois en machine pour retrouver leurs couleurs d’origine et j’ai tout de même mal un peu partout. Mais, avec un immense sourire et le plaisir d’avoir découvert le principal charme de cette discipline « archaïque »: la simplicité.
Et, pendant que vous courrez, les enfants venus vous encourager peuvent toujours sauter dans les flaques.
C’est où que ça se passe dimanche prochain?
Ben il me semble que tu aimes déjà bien ça!