La Transvésubienne, toujours aussi riche en surprises…

La plaque ornée du fameux sticker "Finisher". Yes, did it!

La Transvésubienne… En gros, on sait toujours à quoi s’attendre, mais on est toujours surpris quand-même, me suis-je dit en ce 30 mai 2010, quelque part sur le GR5 entre la Colmiane et Nice. C’était la 18e édition d’une course qui a vu la victoire de François Bailly-Maître chez les hommes et de la Valaisanne d’adoption Myriam Saugy chez les femmes. Un récit assez parlant sur le site de Vélo Vert. mention spéciale aussi à Florian Golay, 8e du scratch.

On sait que cela sera dur, très dur, qu’il va falloir pédaler, marcher, pousser, porter son vélo, trouver son chemin dans la caillasse, les pierres qui roulent, les marches, les troncs d’arbres, les broussailles qui vous fouettent bras, visage et jambes, manger de la poussière, de la boue, vaincre le vertige et s’engager sans peur dans les épingles… Tout cela on le sait, mais les surprises sont toujours au rendez-vous. Le tracé évolue chaque année et le patron de la course, George Edwards, ne manque pas d’imagination. «Il connaît l’arrière-pays niçois comme sa poche», souligne le journaliste spécialisé et 3e de l’édition 2010, Vincent Juillot.

Tout n’est de loin pas maîtrisable sur cette course de 80 km, avec 3000 mètres d’ascension pour 4000 de descente. Alors on prépare au mieux tout ce qui peut l’être, on soigne les détails. La préparation physique, évidemment, mais le matériel surtout. Un bon vélo d’enduro monté “light” ou un cross-country monté “lourd”, surtout en pneumatiques solides.

Un bon vélo

Pour cette “Trans” 2010, j’ai eu la chance de me faire prêter un Cannondale RZ 140 tout neuf par mon frère Raphaël. 140 mm à l’arrière comme à l’avant, 13,2 kilos avec des pneus bien costauds, pas de souci. Un Maxxis Ardent en 2,25 à l’avant et un Maxxis Crossmark en 2,1 à l’arrière. Un Camelbak est indispensable et le sac à dos obligatoire pour emmener un peu de ravitaillement, la couverture de survie, le sifflet et un téléphone portable (équipement obligatoire). On ajoutera encore une ou deux, ou trois chambres à air. Un paire de bonnes chaussures, adaptées à la marche, et une paire de gants longs (obligatoires) complètent l’équipement. Sans oublier casque et lunettes, évidemment.

Le 30 mai 2010 à 6h30, je suis donc fin prêt sur la ligne de départ à la Colmiane. Ce sera une grosse journée de galère. Je ne le sais pas encore, bien conscient tout de même qu’il ne faut pas l’exclure…

Premier constat, les pneumatiques ne sont pas vraiment adaptés aux premiers kilomètres, détrempés par l’orage de la veille au soir. Après, pas de souci à l’avant. En sous-bois sec ou légèrement humide, dans la caillasse et ailleurs, l’Ardent fonctionne à merveille. Durant la première heure, je remonte de la 281e place sur la ligne à la 50e, me retrouvant juste derrière le futur vainqueur, François Bailly-Maître, victime d’une crevaison.

Première crevaison

Tout va bien, les jambes sont là, la journée promet d’être belle, la montagne est superbe, le premier passage de caillasse est derrière quand… pschhh. Crevaison à l’arrière. Non, pas aujourd’hui, pas ici, pas à un endroit sans cailloux. Qu’est-ce que ça va être plus loin, dans la grosse caillasse? Depuis 2002, je n’avais jamais crevé un pneu Tubeless en course. Jamais crevé à la Trans. Il faut un début à tout, mais m…. quand-même. Je répare et repars, dans le “trafic”, sur un secteur bien glissant en sous-bois. Me retrouve dans la roue de François Dola juste après le premier ravitaillement. Sympa, il y a toujours des trucs à apprendre derrière ce genre de mec.

On enchaîne avec la montée du Brec d’Utelle, le coup d’œil est magique, encore une fois. Le choix des chaussures (des Northwave avec une semelle Vibram) s’avère des plus judicieux pour les portages. Pas de cloques, confortables et somme toute assez efficaces au pédalage.

Grosse gamelle

Au sommet du Brec, un concurrent finit tranquillement de s’habiller et bloque le passage. “Oh, tu y vas?” lui dis-je, pensant qu’il me laissera passer. Il s’active encore quelques secondes avant de s’élancer devant moi. Quelques mètres plus bas, dans la caillasse du Brec, il se bloque légèrement sur une marche avant de repartir. Juste trop tard pour moi. Mon coup de frein m’envoie embrasser la Vésubie au terme d’un magnifique “over the bars”… Le menton tape fort et le sang coule. Deuxième “M…. !” de la journée. Pas ici, pas au sommet du Brec! La douleur est supportable et tout à l’air de fonctionner. Je repars, bien décidé à finir. La course est partie depuis 2h30 et il reste à peine moins de 60 km…

« Votre tour viendra »
L'indispensable sac à dos. Ici dans son état à l'arrivée…

Le but est désormais de finir. Point. Au départ on se dit toujours qu’il y a la possibilité de “claquer” une perf si tout va bien. Si tout va bien… Là ce n’est déjà plus le cas et je décide de continuer tranquille en me faisant plaisir. Car la Trans, c’est aussi cela: des kilomètres de sentiers, en pleine nature, seul avec son vélo. Il y a près de 900 concurrents sur le tracé, mais on roule souvent seul durant de longues minutes. Chacun a trouvé sa place, les crosseurs ont pu faire le trou dans les montées, les enduristes s’amuser dans les descentes. Pas la peine de s’exciter “votre tour viendra” avait promis George Edwards lors du briefing la veille au soir, sourire en coin.

Myriam me dépasse, grande classe

Au Pont du Cros, à 223 m d’altitude et après 45 kilomètres de course, la “partie techniquement la plus longue”, dixit George Edwards toujours, est derrière. Un peu plus de 4h40 de course pour moi. Il m’en reste encore une fois autant, mais cela, je ne le sais pas encore. Quelques rudes montées et changements de pansement au menton plus tard, je me fais rattraper par Myriam Saugy, qui est en route pour sa deuxième victoire de suite sur la Trans. Respect et chapeau bas. “Je suis cuite”, me glisse-t-elle. “J’ai voulu faire la différence au début, mais ce n’était peut-être pas une bonne idée”. Bonne idée ou pas, le résultat est là avec une deuxième victoire.

Grillé mais pas fini

De mon côté, je suis bien “grillé” aussi. Me revient une phrase d’une athlète américaine qui disait: “En sport d’endurance, que tu sois bien ou mal, ne t’inquiète pas, cela ne va pas durer…” Tellement vrai qu’après une bonne période, le crampes se pointent juste avant le col d’Aspremont et la dernière montée du jour. Un portage plus loin, je me retrouve enfin sur le Mont Chauve d’Aspremont. Mais la poisse me poursuit aujourd’hui. Trente seconde de descente et pschh… deuxième crevaison.

Dernière "réparation" avec trois points de suture dans la zone d'arrivée. Photo Bernard Sapin.

La délivrance était proche, elle s’éloigne. Il reste 10 km à parcourir jusqu’à l’arrivée. Plus rien pour réparer, je continue à pied… dans une descente qui me tendait ses bras. Rageant. Je marche depuis plus de 40 minutes lorsqu’un concurrent me passe une boîte de rustines. Sauvé, me dis-je. J’en colle une, la chambre fuit toujours. Je colle la seconde, ça fuit toujours… Plus de rustines. Galère quand tu nous tiens… Heureusement, un autre concurrent s’arrête un peu plus loin. Prévoyant, il lui reste deux chambres à air et il m’en offre une.

Finisher, le sticker!

La fin de parcours en devient très facile, malgré les nombreux “variantes” proposées par le traceur en chef. Marche et réparations m’ont permis de bien récupérer et la forme est là pour les derniers kilomètres, notamment dans le lit caillouteux du Paillon, le fleuve qui se jette dans la baie des Anges de Nice. Un dernier OTB dans un trou d’eau n’est que péripétie, tout comme la dernière montée jusqu’à Cimiez.

A l’arrivée, Laure applique le sticker “Finisher” sur ma plaque de cadre, quelque 9h40 après le départ de La Colmiane. Les autocollants font en général le bonheur des enfants. Celui-ci suffira largement au mien.

6 réflexions au sujet de “La Transvésubienne, toujours aussi riche en surprises…”

  1. Bon, OK pour le coup de pub. C'est bien parce qu'il y a des stickers sympas…

    Sinon, je n'ai pas trouvé de sticker « Finisher » et c'est bien normal. Rien ne vaut l'original, gagné à la sueur de son front agrémentée d'un peu de sang.

    😉

    Joakim

  2. Bon, OK pour le coup de pub. C'est bien parce qu'il y a des stickers sympas…
    Sinon, je n'ai pas trouvé de sticker « Finisher » et c'est bien normal. Rien
    ne vaut l'original, gagné à la sueur de son front agrémentée d'un peu de
    sang.

    😉

    Joakim

    Le 2 juin 2010 11:02, Disqus <> a écrit :

  3. Salut!

    Joli récit, belle galère en tout cas… Pas de bol. J'étais pas loin derrière toi sous le Caire Gros et je t'ai vu réparer sur l'herbe :-/

    Magnifique course dans tous les cas, même si j'ai aussi eu mon lot de mésaventures avec une chaîne cassée et crevaison également dans le début de la descente du Mont-Chauve 😉

    Salutations

    Allaz Emmanuel, St-Maurice

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