Cette fois, j’ai bien cru que j’y passais. Il faisait nuit, il pleuvait, mais j’avais mes feux, mes éléments réfléchissants sur les chaussures, les collants, la veste et la sacoche. Route de la Drague à Sion, un automobiliste s’élance sur la route, la traverse, la traverse, la traverse… Jusqu’à pratiquement traverser la bande cyclable sur laquelle je roule à environ 30 km/h. Il arrive à ma gauche, je ne peux pas m’échapper. À droite, j’ai le trottoir, mais je me concentre sur la place qu’il me reste et donne un coup de poing sur l’aile de la voiture, dont le conducteur se réveille et redresse sa trajectoire.
Ouf, mais grosse, grosse frayeur. Et démonstration, encore une fois, que la peinture au sol ne protège de rien du tout. Surtout pas des voitures lancées à 50 km/h. Nul, zéro, sans valeur, comme le disait notre prof de géographie au collège au sujet des travaux médiocres.
J’ai eu peur, mais le conducteur aussi. Il s’est confondu en excuses et je l’ai remercié de cette réaction par laquelle il reconnaissait ses torts. «D’autres m’auraient encore envoyé bouler», lui ai-je fait remarquer. Il était incrédule, jusqu’au moment où un automobiliste, légèrement gêné par notre présence pour quitter la station-service voisine m’insulte en me demandant ce que je foutais là… «Ah, mais vous avez raison, il y a vraiment des cons», dut admettre mon interlocuteur toujours sincèrement désolé.
Tout ceci ne se serait pas produit avec une piste cyclable protégée. Par une bordure, comme celle du trottoir, voire des petits potelets. Et à la route de la Drague, ce n’est vraiment pas la place qui manque.
«Plus il y aura de monde sur les vélos, dans les bus ou les trains, moins le réseau routier sera mis sous pression», avance Eric Duc, chef de section au Service de la mobilité, dans Le Nouvelliste du 25 janvier. Alors c’est toujours pareil, si vous voulez du monde sur les vélos, faites des routes adaptées au vélo. Des vraies, pas des routes en peinture. Ce sera moins cher que pour les voitures et utile à tout le monde.