Pendant longtemps, une sacoche au guidon vous faisait passer pour un touriste. C’est peut-être encore le cas et peut-être que je m’en fiche, mais il semblerait que l’avènement du gravel et du «bikepacking», pour ne pas dire voyage à vélo, ce qui à son tour vous colle une image de touriste en sandales, ait quelque peu changé cette image. La sacoche fait aujourd’hui de vous un baroudeur, de ceux qui se saluent discrètement en chemin… L’industrie ne s’y est pas trompée et chaque marque y va de sa solution. De mon côté, j’ai eu l’occasion d’acheter et tester différents modèles et à la fin j’en garde deux. La sacoche de Route Werks et celle d’Ortlieb, dans des genres assez différents.
Je vous parlerai de la seconde une autre fois et commencerai donc par cette sacoche Route Werks, assez remarquable, que j’utilise depuis un peu plus de deux ans. Elle est assez «typée» avec son couvercle rigide à charnière, qui bascule vers l’avant pour un accès très facile à vos affaires et se verrouille tout aussi facilement. Et solidement. Ce capot est également doté d’un logement pour différents inserts (Bar Fly, K-Edge, Quad Lock…) pour y fixer votre GPS ou téléphone préféré.
La fixation, métallique, au guidon est aussi très simple et solide. C’est vraiment très stable, sans compromettre l’espace pour vos mains au guidon. Il y a de l’espace en suffisance entre le cintre et la sacoche, de même que sur les côtés.
Le volume de 3,2 litres peut sembler faible, mais on y case pas mal de choses, aussi grâce à la forme bien rectangulaire de l’objet. J’y fourre facilement un appareil photo de type hybride avec un petit objectif (Lumix G81 pour ceux à qui ça parle) ou un coupe-vent, une batterie d’appoint pour smartphone, un peu de nourriture… Quatre poches internes et deux poches externes aident à garder le tout bien organisé.
Un autre avantage de la sacoche de guidon Route Werks est la possibilité d’ajouter des supports optionnels ronds (les Handlebar stubs) de chaque côté pour une lampe ou d’autres accessoires, comme une clochette.
L’intérieur de la sacoche est bien compartimenté et facilite l’organisation de vos affaires. De plus, le tissu « sombre mais pas trop » de l’intérieur évite l’effet «trou noir» dans lequel on ne distingue et ne retrouve plus rien. Aujourdhui la sacoche existe aussi dans des coloris plus clairs. Un élastique fait le tour de la sacoche et permet de facilement ranger un petit coupe-vent que l’on ne voudrait (ou ne pourrait) pas caser à l’intérieur. Deux petites pochettes sont aussi présentes à l’extérieur, mais je ne les ai jamais utilisées. Tout comme la sangle qui transforme la sacoche en « sac à main » une fois ôtée du vélo. Je la trouvais plus encombrante qu’autre chose et l’ai enlevée.
Au chapitre des inconvénients, on peut citer le prix, assez élevé, même si la réalisation est vraiment de qualité. Sur le site du fabricant, le prix normal se situe autour de 150 Francs suisses (pareil en Euros), mais au moment où j’écris ces lignes, il est de 100 francs sur le site de Route Werks, où les promotions sont assez fréquentes.
Le poids peut aussi en rebuter certains. Avec le couvercle rigide et l’armature qui conserve la forme «rectangulaire» de la sacoche, c’est forcément un peu plus pesant qu’une sacoche plus simple comme l’Accessory pack, moins pratique, mais étanche (j’y reviendrai) de chez Ortlieb. À vide, le poids de la sacoche se fait presque oublier (mais si c’est pour la trimballer à vide, autant l’enlever vu que c’est simple et vite fait). Et remplie elle sera toujours moins lourde qu’un «rouleau» avec le matériel de camping… Le poids est donc un peu secondaire à mon avis et vite éclipsé par le côté pratique.
Le principal inconvénient de cette sacoche reste sa (non)résistance à l’eau. Le fabricant ne prétend pas qu’elle est imperméable, mais résistante à l’eau. Malheureusement, elle capitule un peu trop rapidement à mon goût. Expérience faite et répétée, après seulement quelques minutes sous une pluie «normale» et sans garde-boue, vos affaires seront au mieux humides, plus certainement mouillées. Alors je n’ose pas penser à quelques heures de pluie lors d’un voyage à vélo, comme la Northcape4000 sur laquelle j’envisage de me lancer en été 2024.
J’ai contacté Route Werks à ce sujet, leur suggérant d’ajouter une option «waterproof» à leur sacoche, par exemple en utilisant un tissu étanche comme le font Ortlieb ou Tailfin. Réponse: «Bien que notre sac ne soit pas imperméable, il est fabriqué à partir d’un tissu extérieur résistant à l’eau avec un revêtement en uréthane. Ce tissu résiste à la plupart des averses, sauf les fortes. Les projections d’eau des pneus (eau constante et sous pression) sont la principale cause d’infiltration d’eau dans notre sac. Cela se produit le plus souvent au niveau de la couture du bord avant (où se trouve l’attache réfléchissante). À cet égard, nous avons deux recommandations: rouler avec des garde-boue ou, si vous avez des objets de valeur qui ne peuvent pas être mouillés, utiliser un petit sac ziploc ou un sac étanche.»
C’est un peu plus loin que j’ai bien rigolé: «Si le sac était imperméable et que vous ouvriez le couvercle pendant une tempête, vous auriez essentiellement un grand récipient qui capturerait toute la pluie, noyant tout ce qui se trouve à l’intérieur. Cela ne nous semblait pas être une bonne idée.»
C’est sûr que c’est beaucoup mieux avec un tissu non imperméable: je n’ai même pas besoin d’ouvrir le couvercle pour que mes affaires soient noyées… Et pour ce qui est des garde-boue et du sac étanche, je n’y avais pas du tout pensé, hein…
Cela dit, et plus sérieusement, dans nos contrées on n’est pas toujours à l’abri d’une averse surprise ou d’un changement de météo en cours de journée. Qui peut le plus peut le moins et il est dommage que cette sacoche ne soit pas équipée pour le «plus». L’accès rapide au contenu est l’un des gros avantages de la sacoche et devoir protéger le tout dans un sac étanche supplémentaire le réduit à néant.
Malgré cet inconvénient, la sacoche de guidon Route Werks n’en reste pas moins un bon choix par temps sec (pour les « Schönwetterfahrer dirait-on en allemand), pratique et fonctionnelle, pour les cyclistes qui ont besoin d’un espace de rangement supplémentaire à portée de main. De plus, elle est (vraiment) vite mise et vite enlevée, la pièce de fixation au guidon pouvant y rester à demeure sans gêne. Elle peut aussi servir, avec l’accessoire idoine (Out Front Mount), de support à votre seul GPS ou smartphone.
Franchement, tout a bien été pensé dans ce système, sauf peut-être le tissu… Et c’est dommage, car un accessoire qui vous laisse tomber quand on en a le plus besoin le rend bien moins pratique et séduisant. Pour l’instant, je fais avec. Plus tard, on verra bien.