Hier mon épouse s’est rendue au travail à vélo, à assistance électrique et un modèle dit «rapide» ici en Suisse. C’est à dire avec une assistance jusqu’à 45 km/h, un immatriculation obligatoire et l’interdiction de circuler sur les routes fermées aux motorisés, dont les cyclomoteurs. Et ces vélos en font partie selon la législation suisse (ceux avec une assistance jusqu’à 25 km/h étant des «cyclomoteurs légers»). Les «rapides» ont par contre aussi l’obligation d’emprunter les pistes cyclables, comme tous les cyclomoteurs.
Ne pouvant pas emprunter les berges du Rhône, qui bien qu’étant l’unique itinéraire cyclable cantonal restent interdites aux vélos électriques «rapides», mon épouse circulait donc sur la route. Et même sur une bande cyclable, sur la triste (pour les vélos) route de la Drague, à Sion. Une route munie de bandes cyclables JAMAIS respectées dès que la circulation s’intensifie.
Circulant de son plein droit à un endroit réservé aux personnes à vélo, cela n’a pas empêché mon épouse de se faire frôler par une conductrice, clope au bec. C’est peut-être le principal problème des bandes cyclables: dès que l’automobiliste est du «bon» côté de la ligne, il ou elle estime souvent être assez loin du cycliste.
La conductrice en question n’a ainsi pas apprécié le geste de mauvaise humeur (mais sans vulgarité) de mon épouse qui lui signifiait que non, 30 cm ce n’est pas assez loin. Réponse de la brave dame: «T’as rien à faire là, t’as qu’à aller sur la piste cyclable!» Comprenez, dans son esprit insuffisamment éveillé malgré la nicotine, «sur les berges du Rhône».
Dans ces cas, il est évidement difficile d’argumenter et de rappeler que quand-bien même lesdites berges fussent-elles autorisées aux cyclomoteurs (ce qui n’est pas le cas, je le rappelle), elles ne vont pas partout. Et surtout pas dans les villes et les villages que le Rhône évite soigneusement (et heureusement). Et aussi que les pauvres aménagements cyclables du canton (même les bandes) sont justement destinées aux personnes à vélo.
Le danger en frôlant un ou une cycliste, c’est vous, pas la personne à vélo. C’est si dur à comprendre madame?
Joakim,
Ton post m’interpelle puisque rempli de bonnes résolutions, mue par l’urgence climatique, je tente de me rendre à vélo 45km/h à Sion, à mon travail, par l’Est… mission périlleuse. Les berges sont interdites, la route rive gauche est gelée, mouillée en permanence durant les mois d’hiver et la route cantonale est un coupe gorge. Suite à l’adaptation du rond-point en turbo rond-point, il faut se tenir, de nuit en cette période, au milieu de la route afin de rentrer dans la ville. Je l’ai fait une fois… c’est du suicide.
Durant les travaux de rénovation de la route entre Grange et St-Léonard, j’ai tenté à deux reprises d’emprunter cette chaussée en travaux, limitée temporairement à 50km/h et munie de panneaux interdiction au vélo . Avec la grosse plaque jaune, je pensais y être autorisé. J’ai abandonné, klaxons, insultes, queue de poissons,…
Contraint et désolé, j’utilise les berges.
Interpellé aimablement par un agent de la police régional sur mon incivilité et me mettant en garde quant à une potentielle non couverture d’assurance en cas d’accident, car circulant dans l’illégalité, je m’interroge si l’urgence climatique ne devrait ou ne pourrait pas soutenir une dérogation du cadre légal !
Merci Michel. La situation que tu décris est en effet assez compliquée et montre bien que les personnes à vélo, on ne les « calcule » pas vraiment dans notre canton. Les autorités font bien peu de cas des cyclistes et cela déteint sur passablement de motorisés (ou est-ce l’inverse?).
Avec ta « grosse » plaque jaune, tu devrais en effet être autorisé à circuler sur la route cantonale en chantier et interdites aux vélos, car ton vélo électrique rapide est un cyclomoteur (ce que démontre bien la remarque de l’agent sur les berges où les cyclomoteurs sont interdits). D’ailleurs je suis sûr que si tu empruntes la route cantonale avec un vélomoteur poussif à 30 km/h, mais sans pédaler, personne ne va te klaxonner… Puer et polluer est OK pour certains motorisés, mais leur cerveau disjoncte dès qu’il voient quelqu’un actionner des pédales, même à 45 km/h sur une zone de travaux à vitesses réduite.
Une solution serait évidement de classer la routes des berges du Rhône comme piste cyclable, ce qui la rendrait d’ailleurs obligatoire aussi pour les vélos électriques rapides (et les cyclomoteurs thermiques). Cela éviterait aussi d’avoir une piste cyclable obligatoire se transformant en route interdit comme lorsque l’on arrive à Fully depuis Martigny.
Peut-être trop simple… Mais ces berges du Rhône sont un vrai serpent de mer, propriété du Canton, mais entretenus par les communes avec des différences notables quant à la qualité de cet entretien. Feuilles humides en automne, neige en hiver et j’en passe. Sans parler de la qualité du revêtement qui devient limite et dangereux (racines) à plusieurs endroits, sans que cela n’émeuve personne qui pourrait y remédier.
Et pour la question que tu poses, évidemment qu’il faudrait pouvoir déroger à des règlements inadaptés ou les modifier. Nos autorités devraient induire ou tout au moins accompagner le changement souhaité par une partie de la population, des gens comme toi qui voudraient circuler davantage à vélo et que l’on devrait encourager par tous les moyens.
Malheureusement, la situation que tu décris et plusieurs réalisations récentes (route de Chippis à Sion, route du canal à Fully, carrefour de Pont-de-la-Morge, turbo-giratoire de Sion…) indique que, malgré de belles déclarations, l’on en rend pas le chemin et que cette prise de conscience n’a pas encore atteint nos instances dirigeantes.
J’adorerais me tromper, mais j’ai peu d’espoir.