C’était un Monsieur de 64 ans au large sourire. Une automobiliste l’a mortellement percuté alors qu’il circulait sur une traître bande cyclable sédunoise. Une histoire que l’on ne voudrait jamais lire ni entendre. Plus jamais.
Le communiqué de la police cantonal valaisanne:
Le jeudi 15 juin 2023, une collision s’est produite entre un véhicule automobile et un cycliste sur la route d’Italie à Sion. Le cycliste a perdu la vie.
Le jeudi 15 juin 2023 peu après 17h00, une automobiliste portugaise âgée de 64 ans s’engageait sur la route d’Italie en empruntant la rampe d’accès située sur la transversale d’Hérens en direction d’Uvrier. Parvenue à l’embranchement avec la route d’Italie, pour une raison que l’enquête devra déterminer, une collision s’est produite entre l’avant de son véhicule et un cycliste qui circulait sur la bande cyclable de Sion en direction d’Uvrier.
Suite au choc, le cycliste, un Sri-Lankais âgé de 64 ans domicilié dans le Valais central, a été projeté au sol. Inconscient et grièvement blessé, il a été médicalisé sur place avant d’être acheminé par ambulance à l’hôpital de Sion où il a succombé à ses blessures dans la soirée.
Le Ministère public, en collaboration avec la Police cantonale, a ouvert une instruction afin de déterminer les circonstances exactes de l’accident.
C’est évidemment horrible et on ne peut qu’avoir une pensée émue pour ce Monsieur au grand sourire et ses proches, victime d’un « accident » qui ne devrait jamais se produire, plus jamais. Paix à son âme, qu’il repose en paix.
Et que l’on s’en souvienne. Tous. Tous les jours sur la route.
Au-delà de l’incompréhensible « accident », personne n’est à l’abri d’une inattention ou d’une erreur. Nos routes devraient ainsi être pensées et réalisées de manière à ce que les erreurs des uns et des autres n’aient pas d’issues fatales. Cet endroit, proche de giratoires qui viennent d’êtres refaits pour faire passer davantage de voitures et plus rapidement, en oubliant les cyclistes, est malheureusement à l’opposé d’une infrastructure « pardonnante ». Un vrai hachoir à cyclistes entre route cantonale et rampe de lancement pour y accéder. Un endroit honteux qui met douloureusement en lumière le fait que la peinture jaune ne protège de rien du tout et qui portera encore longtemps les stigmates de cet « accident » qui n’aurait jamais dû arriver.
En mars 2018, pas loin de 75% de la population suisse a approuvé l’arrêté fédéral « Pour la promotion des voies cyclables et des chemins et sentiers pédestres ». Cinq ans plus tard, au vu de réalisations récentes, certaines de nos autorités semblent plus enclines à simplement tolérer quelques personnes à vélo supplémentaires que d’assurer la promotion de cette pratique et d’assurer la sécurité des personnes concernées. Cela doit changer et rapidement.
«Et puis un jour tu pars sur la route pour mourir»
«C’est le jour où tu vas mourir, tu ne le sais pas bien sûr mais il y a un camion qui t’attend au contour comme on dit, même dans une ligne droite au contour. Un type qui ne te verra pas, ou pensera qu’il a le temps de passer, ou plus sûrement regardera son portable, tout le monde regarde son portable en conduisant, quand tu fais du vélo tu le vois bien.»
Denis Maillefer
Moi j’ai cru que c’était le 1er juin 2023 à 16h20 et j’ai par la suite repensé très fort à ce brillant texte de Denis Maillefer. L’événement de ce noir jeudi soir me remet en mémoire cet autre jeudi, 1er juin donc, où un camion était à quelques centimètres de me renverser sur la toute nouvelle route de Chippis à Sion. Son chauffeur m’a doublé (pourquoi?) pile dans les dangereux rétrécissements de la chaussée prévus pour que les automobilistes ne puissent pas dépasser un autobus arrêté (si j’ai bien compris).
J’en tremble encore chaque fois que j’y repense en maudissant les incapables qui ont réalisé cet ouvrage. Incapables lors d’une réfection de la chaussée en 2023 d’intégrer la protection des usagers vulnérables sur un axe bordé d’habitations, d’écoles, menant à l’hôpital et parcouru par plus de 11’000 véhicules par jour. Le giratoire à l’angle de l’Avenue du Grand-Champsec ne vaut pas mieux.
Ce jeudi 1er juin, j’ai eu la chance dont ce Monsieur du Sri-Lanka n’a pas bénéficié deux semaines plus tard et chaque fois que je passerai par là, j’aurai une pensée pour lui. C’est bien le minimum que je lui dois. Que nous lui devons.