Chaque année au printemps, je regarde vers le haut. En direction de Sorniot, sur les hauts de Fully, ou en direction de la Pierre à Voi, au-dessus de Saxon. Cela me paraît toujours si haut que je me demande si j’aurais le courage d’y remonter à vélo, encore cette année…
Mais ce qui est sympa avec le vélo pratiqué régulièrement, c’est que la motivation accompagne la forme physique et que tout soudain on ne se pose même plus la question. Ainsi, samedi, une soudaine envie de revoir le Portail de Fully m’a fait abandonner les travaux de jardinage à peine entamés.
Le plein d’eau au torrent
J’allais prendre la cabine à Dorénaz, m’étais-je dit, histoire d’économiser un bon dénivelé et ces maudites 45 minutes de grimpette sur le bitume. Mais comme j’étais un peu en avance sur l’horaire de la cabine, j’ai filé vers le haut à la pédale. Vite à sec, j’ai dû par deux fois remplir mon bidon à l’eau du torrent, pas trop rassuré à une époque où les vaches paissent déjà sur l’alpage…
Rien de grave n’est arrivé avec cette eau finalement potable et le décor qui se dévoile peu à peu vaut toujours cet effort prolongé: la plaine du Rhône qui s’éloigne, le massif du mont Blanc qui apparaît avec ce glacier du Trient en avant-plan. Et, dans l’autre sens, ces magnifiques Dents-du-Midi qui trônent au milieu du paysage.
Arrivé à la cabane du Scex Carro, j’opte toujours pour le petit chemin qui part sur la gauche une bonne centaine de mètres en dessus de ladite cabane. On peut certes suivre le chemin balisé, mais le portage est nettement plus long et la magnifique partie roulante jusqu’au portail amputée d’un petit bout, ce qui est tout de même dommage.
En ce mois de juin 2018, le chemin sous le Portail n’existe plus vraiment, victime de l’hiver qui a transformé le talus en… talus. On roule, marche, re-roule et re-marche sur un dévers d’autant plus glissant que la terre est sèche et fuyante. On passe, mais sans trop de « flow » on va dire. Ce sera pour plus tard.
Descente en évitant Beudon
Petite visite à la cabane de Sorniot où les gardiens d’été finissent de s’installer, avant de se lancer sur le « sentier » sous le chavalard. Avec des guillemets, vu les importants travaux réalisés au sortir de l’hiver pour offrir un peu de confort aux marcheurs. Le paysage est toujours magnifique, mais le chemin a perdu un peu de son intérêt pour le VTT en lui-même. Cela ira peut-être mieux quand tout sera bien tassé.
Le reste de la descente par l’Erié, Lousine, Chiboz et Buitonnaz est un pur bonheur, comme toujours. Je passe parfois par Beudon, avec de beaux passage en dessus du hameau, également en-dessous, mais je trouve que l’on perd trop vite l’altitude chèrement acquise quelques heures plus tôt… Mais si je suis pressé de rentrer, c’est toujours une option.
La tarte aux myrtilles…
Après quelques boissons de récupération au houblon, la motivation n’était pas non plus au top lorsque mon épouse Caroline me fait lever la tête vers la rive gauche le lendemain matin. « Si on allait manger une tarte aux myrtilles à la cabane Mont-Fort », me lance-t-elle. « Pourquoi, il n’y a en a pas à la boulangerie? », me dis-je. Avant de m’équiper et repartir pour un bon 2000m d’ascension comme la veille.
Et il n’y a pas à dire, la rive gauche a aussi ses charmes. Chemin 4×4 ombragé jusqu’à Sapinhaut, repiquage jusqu’à La Tzoumaz par La Vatze avec quelques passages spectaculaires. La route de la Croix-de-Coeur nous met dans l’ambiance du final du prochain Tour des Stations, en août, et, au sommet, la vue sur les Combins ne déçoit jamais non plus.
Le passage par le Ruinettes nous rappelle que Verbier a bien fait de miser sur le vélo. Ça roule fort sur les pistes de descente et la tentation est grande de faire de même. Mais la cabane, c’est plus haut…
Après quelques coups de pédale supplémentaires, nous y voici. Et pas de tarte aux myrtilles… Il a fallu se rabattre sur l’assiette valaisanne, qui nous a bien requinqués avant la suite du programme: retour en plaine par Savoleyres, le sentier (qui a bien souffert aussi) sous la Pierre à Voi avant de rejoindre le col du Lein via un sentier qui était un poil plus roulant dans mes (lointains) souvenirs.
La fin de la decente est également un classique par Le Planard, puis le sentier en direction de Charrat et ses quelques passages tout de même un peu « chauds ».
La dernière bonne nouvelle du jour: un bon vent dans le dos pour le retour à la maison. Avant la suite des boissons de récupération, mais toujours sans tarte aux myrtilles.