Editorial du magazine Vélo Romand n° 39, automne 2015.
C’était une des ces belles journées d’été et nous étions partis d’Ovronnaz pour le tour du Chavalard à vélo. Une bonne heure de montée sur le vélo, suivie d’un portage dans la combe du Fénestral, sous les encouragements et les flashes des touristes néerlandais, trop heureux d’être là sans vélo. A dire vrai, aucun marcheur, et ils étaient nombreux ce jour-là, ne nous a gratifié d’une remarque négative.
Avec mon vélo sur le dos, je me suis aussi pris à rêver d’une assistance électrique. Alors que le pratiquant moyen est bientôt perdu entre les tailles de roues et de pneumatiques (26 pouces disparus, mais encore bien présents en occasion, 29“, 27,5″, 650B (c’est la même chose que le 27,5“ mais cela aurait été trop simple avec une appellation unique) et maintenant 27,5-Plus (aussi appelé B+ ou ”fattie“) et 29-Plus, sans oublier le ”fat » bientôt déjà oublié), le VTT à assistance électrique est bien présent et fait un carton chez les revendeurs. Chez nos voisins français, il aurait déjà sauvé des magasins de la faillite si j’en crois le magazine Vélo Vert. Plus égoïstement, dans cette suffocante combe du Fénestral, avec une telle machine la plus grande partie du portage aurait pu se faire en selle. Mais certainement sans les encouragements de la foule, car là où l’effort n’impressionne plus, le cycliste dérange à nouveau.
Tellement vrai que les seuls «grincheux» de la journée ont été rencontrés à la descente, malgré toutes nos précautions, salutations polies et cédez-le-passage. Aucun retour pour le «bonjour» de la part de ce marcheur qui venait de garer sa voiture 100 mètres plus bas.
J’en retiens un mélange de crainte et de fascination envers ces VTT AE, bientôt si bien intégrés qu’il faudra un œil de lynx pour les distinguer d’un «mountainbike» sans moteur. Les touristes n’applaudiront plus et d’autres veulent déjà sa peau. Le conseiller national PDC bâlois Markus Lehmann a ainsi demandé au Conseil fédéral de légiférer sur l’accès des e-bikes aux chemins de randonnée pédestre, mais aussi aux routes d’alpage, par crainte de voir les montagnes «envahies» de VTT AE. Et comme il sera bientôt impossible de distinguer un vélo assisté d’un autre, la mesure la plus simple (comme toujours) sera d’interdire purement et simplement les VTT sur la plupart des chemins.
On pourra accéder à la montagne en auto, mais plus en vélo. Drôle d’époque.
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