« Quand le vélo déraille… » En plein Tour de France où les querelles entre scientifiques et « pseudo-scientifiques » (désignés comme tels par les premiers, autoproclamés) sur la manière de calculer la puissance développée par Froome et consorts l’emportent sur la cours elle-même, le titre du dernier ouvrage de Bertrand Duboux, sorti ce printemps aux éditions du Serin, a tout du constat prémonitoire. Ou alors, c’est qu’il déraille déjà depuis quelques temps, ce qu’il est aussi difficile de nier.
Retraité de la Télévision suisse romande, Bertrand Duboux n’a rien perdu de sa passion pour le vélo et c’est bien pour cela qu’il s’inquiète de son avenir. Ce qu’il voit aujourrd’hui lui « donne des boutons. L’esprit de famille a disparu« , regrette-t-il. « Tout n’est plus que business, marketing, image de marque, technologie et sport-spectacle. » Au vu de l’actualité récente, il est difficile de lui donner tort. Les athlètes ne seraient qu’une addition de chiffres, prédestinés à monter les cols plus ou moins vite selon leur rapport poids-puissance, guidés tels des pions via les oreilletes et les injonctions de leurs directeurs sportifs. « Le grand public ne s’y retrouve plus, perd la tête et devient indifférent« , déplore l’auteur.
Avec son livre, Bertrand Duboux réunit une quarantaine de billets inspirés de l’actualité entre 2007 et juin 2014, entre enthousiasme, coups de geule et vérités bien senties dont il a le secret. Des billets qui transpirent la passion. Passion d’un cyclisme plus flamboyant, pas encore réduit à une addition de chiffres plus ou moins crédibles, passion pour les hommes qui ont fait l’histoire du vélo, passion d’un sport… passionnant dès lors qu’il s’affranchit des cardiofréquencemètres, oreillettes et autres capteurs de puissance.
Entre coups de gueule et coups de coeur, un ouvrage à dévorer pour prendre un peu de recul sur les errances du cyclisme actuel.
« Quand le vélo déraille », Bertrand Duboux, Editions du Serin, 23.- CHF