A 32 ans, Marielle Saner-Guinchard vient tout juste de remporter le Grand Raid Verbier-Grimentz, record du parcours à la clé. Un résultat qui témoigne d’une reconversion réussie pour cette ancienne spécialiste de descente qui n’a pourtant que deux ans de XC dans les jambes. La Valaisanne d’adoption, installée aux Neyres, sur les hauts de Collombey-Muraz, n’entend pourtant pas s’arrêter en si bon chemin. Entretien.
Marielle Saner: «Je suis plus régulière et j’apprends à me connaître.» DR
Marielle, on pensait que vous arrêteriez après votre victoire en Coupe du monde DH en juin 2007, chez vous, à Champéry. Pourquoi être repartie pour une carrière en cross-country?
J’en avais marre de la descente, après 10 ans. J’avais toujours dit que 2007 serait ma dernière saison. Et comme j’avais toujours fait quelque courses en XC, sans être mauvaise, j’avais dans l’idée de me lancer. C’était un nouveau défi, avec un grand rêve: les Jeux olympiques. Irréalisable en descente. Cela a aussi été une des raison pour changer de discipline.
Vous allez donc continuer au-moins jusqu’aux prochains Jeux, ceux de Londres?
C’est le but, oui.
Passer de la descente au XC, n’est-ce pas difficile? L’entraînement est assez différent, non?
En XC, il faut être plus strict dans la planification. En descente, c’est aussi plus varié avec des entraînement de force, d’endurance, de technique. Le nombre d’heures n’es pas moins importants qu’en XC, mais c’est plus varié. Pour le XC, j’ai dû perdre du poids et cela a été un changement pour le corps.
La mentalité est-elle différente aussi?
En cross j’étais une débutante. J’ai donc dû me faire accepter des autres concurrentes… C’est spécial. Je dirais que les gens sont plus réservés qu’en descente. Mais j’ai toujours fait mon boulot et je le fais pour moi, pour personne d’autre. Donc cela ne m’a pas trop dérangé.
Vous roulez en Coupe du monde de XC, avec peu, voire aucune romande. Comment l’expliquez-vous?
Les romandes sont déjà peu nombreuses en équipe suisse. J’observe quand-même que la mentalité est différente, c’est clair. Les Suisses allemands crochent plus. Et le VTT est un sport difficile. Il faut vraiment avoir la tête faite pour des courses comme ça. Une Coupe du monde, c’est autre chose, un sacré niveau.
Ce niveau en Coupe du monde vous a-t-il surprise?
Non, pas du tout. Nous avions pas mal de manches de descente en même temps que celles du cross country. J’ai donc pu observer le niveau des filles. Après, l’approche d’une Coupe du monde ne peut pas être la même que pour une Coupe suisse. Je suis toujours plus nerveuse avant une Coupe du monde. Mais c’est aussi cela qui permet de se surpasser ensuite.
Comment s’est passée votre saison 2009 jusqu’à présent?
Plutôt bien. Je parviens à être beaucoup plus régulière dans mes résultats. J’ai été malade après un bon début de saison. J’ai attrapé un virus en Afrique du Sud et j’ai dû laisser passer deux ou trois courses avant de revenir en Coup du monde à Madrid, où je finis 12e. Mon meilleur résultat à ce jour. Je pense avoir bien progressé depuis l’année passée et je peux surtout tenir la forme. Je suis plus régulière et j’apprends à me connaître. L’année passée j’étais toujours à fond. Aujourd’hui, je sais où je peux me reposer, même en course. (NDLR, quelques jours après cet entretien, Marielle a encore remporté le Grand Raid Verbier-Grimentz, record à la clé).
Et il y a encore une marge de progression?
J’espère que oui… Cela ne fait que deux ans que je suis en XC. Les autres Suissesses ont dix ans de XC dans les jambes. Je ne peux pas m’entraîner comme elles et je dois prolonger les entraînements chaque année. J’y vais pas à pas…
Ecoutez l’entretien réalisé avec Marielle Saner lors de la Torgona Bike 2009: 20090808_marielle_saner
