Le Nouvelliste m’a récemment contacté pour un article sur la cohabitation entre automobilistes et cycliste sur les routes de cols. Cela m’a permis, entre autres, de rappeler le comportement exemplaire des automobilistes espagnols lorsque nous roulons dans la région de Girona, en Catalogne.

Les Espagnols attendent d’avoir une visibilité optimale. Toujours. Ils ne se fient même pas à vos signes pour les faire passer. Ils attendent de voir par eux-mêmes. Ils doublent au large, le plus souvent sur la voie de circulation opposée. Jamais à moins de 1,5 mètre. «C’est normal, c’est la loi», m’a glissé un autochtone alors que je relevais le plaisir de parcourir les routes de la région dans ces conditions.
Je me suis alors demandé depuis quand c’était la loi, car ces règles sont vraiment entrées dans les mœurs des conducteurs espagnols. Il s’avère que cela date d’un décret de 2003. Soit depuis plus de 20 ans.
À son article 4, il stipule: «Lors du dépassement de piétons, d’animaux ou de véhicules à deux roues ou à traction animale en dehors des agglomérations, la manœuvre doit être effectuée en occupant une partie ou la totalité de la voie adjacente de la chaussée, à condition que les conditions nécessaires soient réunies pour effectuer le dépassement dans les conditions prévues par le présent règlement ; dans tous les cas, la distance latérale ne doit pas être inférieure à 1,50 mètre. Il est expressément interdit de dépasser en mettant en danger ou en gênant les cyclistes circulant en sens inverse.»

Cette mesure simple, claire et concise est devenue un symbole de sécurité routière et la pierre angulaire de toutes les campagnes de sensibilisation. Cependant, la Direction générale du trafic a constaté que cette distance n’est pas toujours suffisante pour éviter les accidents, surtout à grande vitesse ou en cas de vent. La règle a donc récemment été complétée par l’obligation d’occuper entièrement la voie adjacente pour les dépassements sur les routes à plus d’une piste par direction.
Réduire sa vitesse en dépassant: obligatoire
Autre nouveauté, entrée en vigueur en 2025: la réduction obligatoire de la vitesse dans le dépassement d’un cycliste. Depuis cette année, pour dépasser un cycliste, les conducteurs doivent réduire leur vitesse de 20 km/h par rapport à la limitation maximale. Par exemple, sur une route à 90 km/h, le conducteur doit réduire sa vitesse à 70 km/h.
Protection refusée par le Conseil fédéral
En Suisse, le Conseil fédéral estime que la réglementation actuellement en vigueur, qui prévoit que celui qui dépasse doit avoir particulièrement égard aux autres usagers de la route, notamment à ceux qu’il veut dépasser, est suffisante. Dans sa réponse à l’interpellation du conseiller national Matthias Aebischer en 2018, le Conseil fédéral considère que l’absence de distance minimale est judicieuse, «d’autant plus qu’il serait difficile de contrôler le respect de celle-ci». Étrangement, c’est possible en Espagne ou en Angleterre, où la police participe à des actions nationales sur le sujet et accepte des témoignages vidéo pour sévir.

En résumé, sur une route à voie unique dans chaque direction, les conducteurs ne devraient dépasser les bicyclettes que lorsqu’ils peuvent s’engager dans la voie opposée vide.
West Midlands Police – Police advice to drivers on how to overtake bicycles
Le Conseil fédéral a également refusé d’introduire une interdiction de dépasser les cyclistes dans les ronds-points, pourtant parmi les endroits les plus dangereux et accidentogènes pour les personnes à vélo.
Une situation qui n’est pas sans rappeler celles des travailleurs sur les routes, qui a fait l’objet d’une campagne de prévention de l’État de Vaud et du Service intercantonal d’entretien du réseau autoroutier: «Le collaborateur se fait frôler par la voiture. Il ne se fait pas toucher, mais ça se joue à 3-4 cm. Quand un usager vous passe à côté à 80 km/h, c’est un sentiment détestable. Vous avez l’impression que vous n’existez pas. Les collaboratrices et les collaborateurs n’ont ni carrosserie ni airbags. Ils sont comme nus, donc très vulnérables». Remplacez «collaborateur» par «cycliste» et vous aurez le même vécu. Les mêmes témoignages.
Voilà où l’on en est en 2025 en Suisse, malgré quelques campagnes de sensibilisation, alors que règles claires et appliquées ailleurs ont prouvé leur efficacité depuis longtemps. Plus de 20 ans de retard et d’insécurité chez nous. Pas de règle, pas de punition. Rien. Pourquoi?
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