Réponse rapide, mais après réflexion: non, pas pour l’instant. Mais en restant prudent. La réponse longue ci-après…
Au début des années 2000, qui étaient pour moi celles de la découverte un peu plus approfondie d’internet et de la création de sites web (avec Microsoft Frontpage…), j’avais tenté de mettre en ligne quelques suggestions d’itinéraires autour de mon village de Fully. Avec, comme dans les magazines «papier», des étoiles pour les difficultés techniques, d’autres pour le physique, une description de l’itinéraire et des photos. Le tout dans un tableau bien rangé. C’était sympa, mais c’était quand même beaucoup de boulot.
Les premiers «Garmin Edge» nous ont libéré de la contrainte des compteurs filaires et permis de passer facilement d’un vélo, ou d’une activité, à l’autre. Mais, pour la publication des propositions de parcours, ce n’était guère mieux.
Puis sont arrivées des plateformes spécialisées: Garmin Connect, Ride With GPS (RWGPS), Strava ou Komoot pour n’en citer que quelques-unes, et surtout celles que j’utilise encore. Garmin reste la pierre angulaire inévitable des propriétaires des appareils de la marque. Les autres plateformes se basent souvent sur elle, même si l’on peut aujourd’hui s’en affranchir, avec des «devices» d’autres marques, comme mon excellent Karoo 3.
Le prix à payer pour la facilité
Les plateformes précitées ont amené la facilité et le confort pour le partage de sorties, d’itinéraires et de récits. Et avec le confort, comme toutes les plateformes «sociales», une forme d’emprisonnement, voire d’exploitation. Si c’est gratuit, voire même peu cher, vous êtes le produit ou l’esclave volontaire, créateur de richesse.
En effet, que seraient ces plateformes sans leur base d’utilisateurs fournissant gratuitement (et même en payant) des données précises de parcours, photos et commentaires? On paie pour alimenter de gigantesques bases de données que ces sociétés nous revendent ensuite. C’est surtout vrai pour Strava (dont la branche «Strava Metro» revend les données aux planificateurs de mobilité, par exemple) et Komoot. Un peu mois, je trouve, pour Ride With GPS, où j’ai davantage l’impression de payer pour un service qui ne cherche pas à exploiter mes données pour gagner encore plus d’argent. RWGPS offre déjà beaucoup gratuitement. Je peux par exemple proposer des traces au téléchargement sans que la personne intéressée n’ait besoin d’ouvrir un compte chez RWGPS. Et quand on veut partager, c’est important.
Komoot vendu
Chez Komoot, point de salut sans compte et cela m’a déjà énervé (lire «Komoot nous force la main et je n’aime pas ça»), car j’ai l’impression d’attirer les gens dans une prison. Certes bien dorée, mais bien fermée aussi.
C’est bien ce sentiment de payer relativement cher pour Komoot qui me dérange, pour au final leur fournir plein de données, de belles (enfin j’espère) images et des commentaires afin qu’ils puissent en faire un emballage sexy (c’est le cas) à vendre aux usagers, mais aussi à d’autres. À d’autres, car Komoot vient d’être vendu à Bending Spoons, une «société technologique» surtout connue pour «traire la vache», comme on dirait chez les anglophones. À savoir virer une bonne partie du personnel et maintenir le service en augmentant les tarifs. Alors, moi, j’ai juste l’impression d’avoir servi à habiller et embellir la mariée pour que certains se fassent plein de pognon. Alors oui aussi, en relative connaissance de cause et avec cette petite retenue que je ressens moins avec Ride With GPS.
Que faire alors? Car Komoot reste aujourd’hui bien pratique et séduisant pour tracer des itinéraires riches en détails et en informations, aussi bien à vélo (route, VTT, gravel et davantage encore) qu’à pied pour les activités qui me concernent. Leur « killer feature » reste à mon avis la « Trail View », ces petits points verts qui signalent une photo disponible pour voir à quoi ressemble la route (dans le cas des routes, le plus souvent on peut afficher la Google Street View) et, surtout, les chemins et les sentiers. Autant d’informations en images fournies… par les utilisateurs du service.

Avec Komoot, tracer un itinéraire est simple et convivial, aussi bien sur un écran d’ordinateur que sur un smartphone, ce qui est bien utile sur la route. Et les propositions de Komoot nous donnent souvent envie de partir à la découverte. Aujourd’hui, j’estime que le service rendu vaut ce qu’il coûte (60€ par an pour l’abonnement Premium), car cela va au-delà de tracer et télécharger une trace GPS. Pour en revenir au titre, j’attends de voir si la direction de Komoot est aussi toxique que celle de X/Twitter et Facebook avant d’aller voir ailleurs si j’y suis.

J’ai par contre décidé, depuis quelque temps déjà, de ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier. J’utilise ainsi Komoot, mais avec retenue (je surveille de près son évolution et arrêterai si cela devient trop cher ou contraignant pour un usage gratuit), et peut-être surtout Ride With GPS pour mon «archive» de sorties, ainsi que Strava pour rester en contact avec la communauté cycliste. On m’a conseillé Outdooractive aussi. Je vais regarder, mais pour l’instant, je ne suis pas prêt à y reconstruire tout mon système…
Pour les parcours que j’ai choisi de partager dans mes collections sur RWGPS ou Komoot, j’ai aussi décidé, pour assurer mes arrières, de conserver soigneusement les fichiers GPX et d’alimenter une carte Open Street Map, grâce à Framacarte. C’est du boulot, certes, mais cela reste toujours moins compliqué qu’au début des années 2000 😉

« All in » avec Ride with GPS
Ce printemps j’ai aussi décidé d’utiliser un peu plus intensément Ride with GPS, qui est vraiment très bien pour créer des itinéraires et les partager, et enregistrer ses sorties. Il lui manque la dimension « sociale » de Komoot, mais si vous devez « manipuler » des fichiers GPS (corriger une sortie, joindre deux traces, etc.), RWGPS fait vraiment beaucoup mieux.

L’abonnement « Club » permet aussi d’avoir une liste des itinéraires que l’on peut filtrer par mots-clés et autres critères, ou encore d’intégrer des collections de parcours dans une page web. L’abonnement Club est trop cher (250$ par an, contre 80$ pour l’abonnement Premium « normal ») pour un particulier, mais RWGPS me l’a offert, sans préciser pour combien de temps. Alors, pour l’instant, j’y vais avec ça. La page du club Bikinvalais est par ici. N’hésitez pas à vous créer un compte RWGPS, c’est gratuit, et à me rejoindre.