Quatre jours sympa entre routes et chemins avec Miloo

Je suis dans le train pour Lausanne et regarde défiler le paysage. Il pleut dehors. Pas très loin de moi, «mon» vélo pour quelques minutes encore: un Miloo Adventure Beast qui espère combiner les avantages d’un vélo électrique «rapide» (avec assistance jusqu’à 45 km/h) et ceux d’un «gravel» pas trop lourd pour quitter parfois les routes asphaltées et plus pentues. Et si je l’ai embarqué dans le train pour le ramener à la boutique Miloo de Lausanne, c’est pour des questions d’horaires (beaucoup) et de météo (un peu) et pas parce qu’il ne fait pas le job, loin de là.

Mon premier contact avec la marque genevoise s’est fait par l’entremise du Nouvelliste, lors de la présentation de l’Explorer Beast, «le vélo de Mike Horn» au sujet duquel le quotidien valaisan m’avait demandé mon avis. Celui-ci était plutôt critique, mais le journaliste n’a retenu que ce que j’en disais de bien et j’ai donc publié le fond de ma pensée ici même.

Si j’écris d’abord pour moi-même, ce site ayant débuté comme un petit bloc-notes personnel rendu public, il se trouve qu’il a parfois d’autres lecteurs. Dont Jonathan Gürr, «Sales manager» chez Miloo, qui a entendu certaines de mes critiques (que je n’étais pas le seul à avoir formulées) et m’a proposé de tester leur nouveau modèle, cet Adventure Beast en l’occurrence, le vélo de Marco Odermatt, après celui de Mike Horn. Voilà pour la petite histoire.

L’avis de Maxence Carroin et le mien au sujet de l’Explorer Beast dans Le Nouvelliste du 25 janvier 2023.

Comme mon trajet de «vélotaf» fait entre 22 et 25 kilomètres, selon le parcours, et me permet de varier les plaisirs entre route et «gravel», ce vélo m’a paru assez bien répondre à mes attentes et je me suis fait un plaisir de l’essayer quatre jours durant. Pour mémoire et «disclaimer», mon épouse gère un magasin de vélo en Valais et a travaillé naguère pour Stromer, dont elle vend encore les vélos aujourd’hui.

En théorie

C’est avec une petite expérience de ces vélos à moteur arrière que j’ai enfourché le Miloo à moteur central, dont je ne vais pas détailler toutes les spécificités techniques que vous trouverez sur le site de la marque. On signalera tout de même la présence d’un moteur plutôt silencieux délivrant un maximum de 1000 watts pour un couple de 100Nm, d’une batterie de cadre 708Wh et d’un ensemble «transmission et freinage» en SRAM et qui n’a pas prêté flanc à la critique durant l’essai. L’autonomie annoncée de 125 km semble un peu optimiste, mais un cycliste un peu entraîné et pas trop lourd devrait pouvoir atteindre les 100 km sans trop de problèmes en mode Eco sur un parcours plat.

Mise à l’épreuve

Au départ de Lausanne, la météo était favorable et l’occasion parfaite de tester l’autonomie de l’engin.

Le long du lac on roule presque aussi vite que les autos…

Après quelques tours de pédales, je m’aperçois que le mode «Eco» suffit amplement à mon bonheur. Démarrages et relances sont certes moins vifs qu’avec un moteur arrière, mais une fois la vitesse de croisière atteinte (45-46 km/h, le moteur coupe pile à 47), on s’y maintient sans peine.

Johnathan Gürr m’avait prévenu: mon exemplaire était doté d’un coupe-moteur au changement de vitesse pour préserver la transmission des passages «en force». Ce système, que l’on peut désactiver en atelier, est plutôt une bonne idée, surtout pour les nouveaux usagers d’un vélo à dérailleur. Les cyclistes plus aguerris, habitués à relâcher légèrement l’effort au changement de vitesse, peuvent s’en passer. Pour ma part, comme j’ai gardé cette habitude, c’était parfois une « double peine » avec mon effort coupé en même temps que le moteur, ce qui occasionnait parfois des «trous» un peu gênants dans mon accélération. Mais c’est désactivable, donc ça va 😉

A travers les Grangettes, sur des chemins parfois goudronnés et parfois non revêtus. Pas un souci avec ce vélo.
Beau temps, belle sortie…
Un peu de terre aussi.

Et cette autonomie alors? Aucun souci. Je suis arrivé sans peine chez moi, à Fully, après 83 km (300 m de dénivelé positif) et 2h20 (moyenne 36 km/h) d’un beau parcours en bordure du Léman, à travers la réserve des Grangettes (avec un peu de gravel), puis sur les berges du Rhône. La batterie affichait encore 24% de capacité.

Encore 24% de batterie après 83 km à 36 km/h de moyenne (en mode Eco), pas mal. Le display indique aussi le temp restant pour une rechrage complète (en bas à droite).
Un display par ailleurs simple et discret. A gauche, votre puissance « humaine », à droite celle du moteur.

Les jours suivants, je ne me suis plus trop préoccupé de cette capacité emportant le chargeur et circulant à pleine puissance sur la grosse vingtaine de kilomètres entre la maison et le bureau. Histoire de voir ce que cette «bête d’aventure» avait dans le ventre…

Paré pour aller au-delà de la route goudronnée

Elle en avait pas mal d’ailleurs et je l’ai emmenée sur des chemins bien «gravel», voire VTT au pied de l’Ardève, entre Chamoson, Leytron et Saillon. Je l’ai poussée à bout dans la côte d’Anzé à Saillon (désolé cher cycliste «musculaire» pour le courant d’air à mon passage) ou dans la bosse de Chamoson au départ d’Ardon. Là, j’étais très fier de ma montée en 3 minutes, à 34,5 km/h de moyenne. Jusqu’à ce que ma douce moitié rentre à la maison avec son Stromer ST5 et m’explique qu’elle vient aussi de passer par Chamoson (nous sommes rentrèrent du travail séparément et sans concertation) en mettant 2’46’’ dans la bosse…

Voilà, sur le coup, j’ai encaissé. Comme le lendemain matin, lorsque nous sommes partis ensemble. Les relances de son Stromer à moteur arrière sont plus saignantes et je dois prendre quelques risques dans les virages pour en sortir avec davantage de vitesse. Mais je me suis vengé un peu plus loin, en passant par le chemin en gravier entre les Îles et Sion où l’on n’ose pas trop s’aventurer avec cette petite moto à pédales qu’est le Stromer.

Le gravier, ici entre Aproz et Sion dans le secteur des Îles, ne lui fait pas peur. Et avec ma sacoche accrochée au porte-bagages, j’ai tout ce qu’il faut pour me changer à l’arrivée, car il n’a pas toujours fait très beau durant ma période d’essai.

Compromis plutôt réussi

Le vélo est toujours une affaire de compromis et le programme du Miloo n’est pas celui du Stromer. Ce dernier, bien plus cher, sera plus efficace pour qui se cantonne aux routes goudronnées et veut parcourir son trajet le plus vite possible. Mais hors du goudron, point de salut et l’accès à certains trains sera très compliqué, comme d’avancer avec une batterie vide… Dans ces cas de figure, le Miloo a tout son intérêt. Vous voulez aller vite avec votre vélo urbain, sans renoncer à des chemins moins «propres» ou carrément difficiles? Bonne pioche. Mon exemplaire n’était pas doté d’une suspension de selle, mais ce sera un accessoire utile, l’absence de suspension par ailleurs se faisant vite ressentir sur les parcours bosselés.

Je me suis tout de suite senti à l’aise sur ce vélo et sa géométrie n’y est certainement pas étrangère. Il fait son poids et mieux vaut être prudent, même à l’accélération en sortie de virage, mais il reste assez agile et facile à placer. Après, tout va plus vite sur une telle machine et mieux vaut avoir tous les sens en éveil, dans le trafic bien sûr, mais aussi en dehors.

Une ligne plutôt réussie, qui rappelel un vélo « normal ».

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de le tester sur une ascension plus longue, où les vélos à moteur central comme ce Miloo sont en principe plus à l’aise que ceux avec un moteur arrière, susceptible de (sur)chauffer plus rapidement. Mais au vu de ma dernière ascension du Petit-Chêne, à Lausanne, avant de rendre cet exemplaire de test, je ne me fais pas trop de souci. Encore une fois, désolé pour le cycliste (en vélo électrique cette fois) que j’ai enrhumé, mais c’était peut-être aussi de la faute à la météo…

Trêve de plaisanterie, dans le programme de compromis «vélo électrique léger, rapide et passe-partout», ce Miloo remplit plutôt bien sa mission. Si vous voulez rouler vite, sans trop d’effort et varier les plaisirs en vous lançant parfois sur des routes forestières ou des itinéraires «gravel», cet Adventure Beast est une option de choix. Après, ce n’est pas un vrai « gravel » non plus, il reste plus à l’aise sur le bitume, surtout avec son équipement urbain complet (garde-boues, porte-bagages et sacoche).

Encore une fois, il faut savoir ce que l’on veut 😉

Le plus difficle à vivre pour un Valaisan avec ce vélo? La plaque VD… (JE PLAISANTE, hein).

4 réflexions au sujet de “Quatre jours sympa entre routes et chemins avec Miloo”

  1. Super article Joakim Faiss, dans une année ou deux, je devrais peut-être passer à la moto à pédales comme tu dis, mais peut être pas un 45 km/h, donc ton essai m’a beaucoup intéressée pour faire mon choix ; la distinction entre moteur central et roue arrière est une chose à laquelle je n’avais plus pensé; il y a une vingtaine d’année, j’avais un Focus Bionix ( fabrication canadienne) , ce moteur dans la roue arrière rechargeait la batterie à la descente! Je ne sais pas si ce type de moteur-batterie existe encore.
    Fabienne, 1943

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    • Bonjour Fabienne, merci. Oui, le système de recharge à la descente ou au freinage existe toujours sur certains vélos, comme les Stromer. Parfois on peut même indiquer une vitesse maximale en descente et le frein moteur adapte sa force.

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  2. Un grand merci Joakim de la part de Miloo pour cet essai et nos discussions autour du vélo. Je suis heureux de voir que le test du vélo vous a convaincu et nous prenons tout feedback pour l’amélioration de nos vélos. L’article est super et vraiment bien écrit. Vous donnez envie d’aller rouler :-).

    Au plaisir de se revoir à l’occasion (même avec des plaques vaudoises :p).

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