Il y a des jours comme ça…

Il reste moins de dix minutes avant mon départ au cyclocross de Vallorbe en ce dimanche 27 novembre 2022. J’ai troqué le soleil du Valais pour la grisaille locale, mais ça va, cela aurait pu être pire. Alors que je suis en train de fixer mon dossard à mon maillot, Laurent Dufaux me salue et prend des nouvelles. “Ça va?”
Je lui réponds que “ouais, bof, aujourd’hui il n’y a rien qui va”.
“Il y a des jours comme ça”, rétorque-t-il en souriant.

Le pire, c’est que la cascade de m… a commencé bien des jours plus tôt.

Un peu de contexte: je ne suis pas un obsédé du matériel, ni du haut de gamme, ni du poids (même si j’y suis attentif) de ce même matériel. Mon vélo de cyclocross est d’ailleurs équipé d’un dérailleur SRAM Rival, qui est l’entrée de gamme selon mon épouse gérante d’un commerce de cycles. Pas obsédé du matos donc, mais ma petite marotte, ce sont les pneus. Venu au vélo par le VTT et des courses riches et variées, je sais la différence que peuvent faire les pneumatiques, qui sont d’ailleurs le seul point de contact avec le sol, garants de notre motricité, du freinage et de la sécurité.

Si, en général, pour le matériel tout ce qui fonctionne très bien est suffisant à mes yeux, pour les pneus, je me dis que l’on peut toujours faire mieux. D’autant plus en cyclocross, où les contraintes sont incroyablement diverses et antinomiques. Roulant mais accrocheur, souple mais solide, profilé mais avec un bon “débourrage”, supportant les pressions très faibles et les écrasements sur la jante… Bref, pas simple.

Au gré d’un article sur le web, mon attention a été portée sur les Challenge Grifo TLR, des tubeless (je roule en tubeless, ne faisant pas assez de CX pour investir dans un système de roues à boyau) qui semblaient cocher pas de cases comme pneu polyvalent. Ni une ni deux, je vérifie s’ils sont disponibles chez ma vélociste chérie. Mais non et je les commande chez le fabricant. Livrés en deux jours, sans souci.

Les nouveaux pneus après montage, ce qui ne fut pas sans mal…

Le souci, ce sera au montage. J’ai connu des pneus difficiles à monter, mais cela s’est toujours arrangé avec des démonte-pneus et de l’eau savonneuse. Là c’était impossible sur deux jantes différentes (des Roval Carbon et des DT alu). Mais vraiment impossible. Sauf peut-être passer commande de la pince spéciale « pneus difficiles » chez… Challenge. Aussitôt dit, aussitôt fait, non sans ajouter deux autres pneus « gravel grinder » à la commande, histoire de répartir un peu les frais de port et de douane sur des articles dont j’aurai de toute manière besoin (j’espère).

La pince salvatrice (mais pas toute seule) de Challenge.

La pince arrive, mais je vérifie tout de même si les nouveaux pneus passent sur mes roues. Aucun problème, à la main, sans forcer. Des pneus aux mêmes dimensions que les autres, du même fabricant. Allez comprendre. Bref, je sors la pince, qui ne peut pas grand-chose toute seule. Les flancs du pneu « rentrent » d’un côté pour ressortir plus loin et il me faudra user des grands moyens pour empêcher cela: le serre-joints.

Le pneu bloqué dans la gorge de la jante, avec quelques coups de pince c’est enfin bon. Une pince qui pourra certainement être utile en d’autres circonstances, notamment pour monter des pneus en chambre à air sans crainte de pincement, ou des tubeless avec des inserts, ce qui est souvent un peu difficile avec des inserts à la bonne dimension.

Enfin, c’est avec des pneus tout beaux tout neufs que je me suis pointé au cyclocross de Vallorbe. Un premier tour de reconnaissance avec les Challenge Grifo: pas si mal, mais pas exceptionnel non plus. Je vais faire un autre tour avec mes pneus habituels, les Vittoria Terreno Wet. Lors du changement de roues, je plie légèrement le ressort qui maintient les plaquettes de freins en place (je ne le découvrirai que bien plus tard) et les disques frottent assez fort durant la reco. Si fort que je décide de remettre les premières roues… qui frottent aussi (évidemment puisque le ressort était en cause). Lors du changement, c’est la roue libre DT qui tombe sur la route et j’égare un ressort. Il ne reste guère que quelques minutes avant le départ et je n’aurai pas de roues de rechange sur cette course. Tant pis, me dis-je. Je crève rarement.

Mais il y a des jours comme ça… Après un peu plus d’un kilomètre de course et un plutôt bon départ qui me rendait déjà optimiste, je roule dans une flaque et tape la jante arrière. Crevaison, pneu fendu, la course est finie. Un jour comme ça, on dira…

Quelques jours plus tard, après avoir réparé le pneu (et l’avoir remontée avec l’aide de la pince et du serre-joints) j’ai décidé de lui redonner une chance et c’est sur mon parcours « maison » que j’ai fait un premier tour « lent » avant d’accélérer. Je tape la jante et crève de l’arrière. Pneu fendu. Décidément, ces Challenge Grifo sont bons pour la poubelle. Aucun intérêt d’avoir un pneu qui réduit à néant l’avantage du tubeless, qui comme les boyaux permet de rouler en basses pressions, quitte à parfois taper la jante, mais en évitant les crevaisons.

Alors il y a peut-être des jours comme ça, mais aussi du matériel comme ça qu’il faudrait peut-être tester un peu plus soigneusement avant de vouloir prendre un départ de course avec.