Emeric Turcat, une consécration tricolore

«Ces jours j’ai encore besoin de mon maillot pour supporter l’équipe de France de foot, mais après je vais lui trouver un beau cadre», rigole Emeric Turcat, le spécialiste du VTT marathon, pensionnaire de l’équipe valaisanne SWTY Mountain Tschopp. Dimanche dernier il s’est emparé de la tunique tricolore en s’imposant lors du Championnat de France de VTT marathon, devant Alexis Paris et l’ancien professionnel sur route Arnold Jeannesson. La quatrième place d’un professionnel en activité (Charles Planet) témoigne encore s’il en fallait du niveau des coureurs présents.

«À la pédale, nous étions certainement trois ou quatre du même niveau», note Emeric Turcat. «Mais pour avoir reconnu plusieurs fois le tracé et l’avoir déjà parcouru en course, je savais exactement où j’allais, où je pouvais m’alimenter et où je pouvais attaquer. Quand ça se joue à peu de chose, ça se joue aussi à ça…» Le bonhomme est par ailleurs plutôt adroit au guidon d’un VTT et ce n’est certainement pas dans les portions techniques que ses concurrents pouvaient espérer faire la différence.

« Je me suis forcé à rester tranquille »

Après s’être fait violence en début de course pour ne pas trop s’enflammer, Emeric se retrouve avec un peu d’avance au bas d’une descente à l’approche de la mi-course. «Jusque-là, je m’étais vraiment forcé à écouter les conseils d’avant course de mon coéquipier Arnaud Rapillard et à rester un peu tranquille. Mais là, en me retrouvant avec un peu d’avance et en sachant ce qui suivait, une montée suivie d’un sentier monotrace où il n’y a pas d’avantage à rouler en peloton, j’ai attaqué.» Une accélération à quelque 40 km de l’arrivée qui s’avère payante. «L’écart s’est toujours creusé jusqu’à l’arrivée et là, c’était surtout un soulagement… Je suis passé si près ces deux dernières années que je savais que même en ayant tout fait juste, je pouvais vite tout perdre sur cette course d’un jour…»

Un soulagement donc, tant le coureur a attendu, espéré et tout mis en oeuvre pour concrétiser cet objectif. «Six mois que je « fais le métier », en essayant de faire tout juste pour y parvenir…» Pas de sorties, pas de restaurant, au lit de bonne heure, pas d’écart alimentaire, un régime quasi monastique pour arriver fin prêt dans les Cévennes en ce 8 juillet 2018.

« Pas un jour sans penser à cette course »

«Pas un jour depuis le 1er janvier où je n’ai pas pensé à cette course», avoue-t-il. Un jour où tout se « goupille » à merveille. La forme est là, le vélo tient le choc, pas d’erreur de parcours, pas de cycliste attardé d’une autre catégorie à doubler et qui vous envoie dans un arbre… Autant d’événements intempestifs (pour les deux derniers) qui ont privé le Français d’un titre lors des précédentes éditions. «Cette année, tout a fonctionné et j’ai même identifié quelque signes qui me disaient que ce serait pour 2018», sourit-il. «L’hiver dernier j’ai par exemple assisté à une une conférence où un spécialiste a dit qu’il fallait dix ans d’entraînement pour être au top. Et dix ans, c’était justement mon cas…»

Aujourd’hui, lorsqu’on lui parle d’un repos bien mérité, Emeric s’enthousiasme: «Mais non, j’ai trop envie de faire du vélo ces jours!» Le « repos » viendra sous une autre forme, avec trois mariages en août, dont le sien et quelques autres rendez-vous festifs en famille. «Cela me fera une bonne coupure», se réjouit-il tout de même. Suivront encore quatre ou cinq marathons VTT à l’automne. Ensuite, récompense à la hauteur des sacrifices, place à un voyage de noces de… trois mois. Et avec un maillot bleu-blanc-rouge qui devrait rester sagement dans son cadre à la maison.

Encore un moment fort pour SWTY Mountain Tschopp

Le week-end qui vient de se dérouler restera un de moments forts de l’histoire de l’équipe créée en 2015 autour de Johann Tschopp, qui quittait le monde professionnel du cyclisme sur route pour le VTT.

Après le titre de champion Suisse de VTT marathon conquis par Johann cette année-là,  c’est Emeric Turcat qui vient de décrocher le maillot de champion de France de VTT marathon.

On n’oubliera pas non plus la performance d’Arnaud Rapillard à la MB Race, une course qu’il a remportée en 2013, avec des deuxièmes places en 2012, 2014, 2016 et 2017. Le week-end dernier, après ce qu’il a estimé être sa meilleurs course, il a terminé 4e avec un plateau toujours plus relevé. « Dans les 10 premiers, il  n’y a que de pros« , relève Emeric Turcat. « Et puis Arnaud, 4e par là au milieu… C’est franchement top et je pense que notre équipe a encore franchi un palier le week-end dernier.«