Champion suisse de VTT marathon, Johann Tschopp avait « la patte »

Il l’a fait ! Après 3h10 d’effort, Johann Tschopp franchit la ligne en jetant son vélo vers l’avant. Un sprint final, la victoire au bout. Pas le temps de lever les bras, du suspense jusqu’à la dernière seconde. Vingt centièmes, soit l’écart qui le sépare de son poursuivant, le Grison Lukas Buchli. Le public valaisan est aux anges, ce dimanche 22 juin à Evolène, son champion a conquis un 2e titre national de VTT marathon, après celui glané du côté de Champéry 11 ans plus tôt. La famille, les amis, son mécano, tous sont là pour l’accueillir, le féliciter. La pression retombe après un succès conquis de haute lutte.

Johann Tschopp, une victoire acquise de haute lutte et sur le fil. Photo Raid Evolénard
Johann Tschopp, une victoire acquise de haute lutte et sur le fil. Photo Raid Evolénard

Cité parmi les favoris, devant un public acquis à sa cause, il fallait faire preuve de calme et de sang froid pour réaliser ce que peu auraient pronostiqué quelques mois plus tôt. Johann Tschopp, le routier, le grimpeur… que s’est-il passé dans sa tête pour prendre ce virage et quitter le peloton professionnel ? Du VTT, du marathon. De la folie ? Pas vraiment !

Tschopp intenable dans les ascensions

Le garçon apprend vite, très vite. Quelques courses, un podium, une victoire et hier, dans le val d’Hérens, le titre national. Johann a fait la course en tête et les Huber, Fanger, Freiburghaus ou Stauffer, n’ont pas été en mesure de l’inquiéter. Le grimpeur a démontré sa supériorité dans les ascensions. Seul Lukas Buchli aurait pu briser le rêve du Miégeois. Distancé avant la descente finale, pointé à plus d’une minute, Buchli a pris tous les risques pour recoller. Se créant un nouvel itinéraire dans la partie sommitale de la descente. Grâce à cette attitude « limite », pour ne pas dire davantage, il revenait au contact de l’homme de tête à 3km de la ligne. Johann fit alors preuve de sang froid et régla son adversaire au sprint.

Johann Tschopp, enfin seul! Photo Didier Panchard - www.photos.ch
Johann Tschopp, enfin seul! Photo Didier Panchard – www.dphotos.ch

« J’avais la patte »

« J’étais devant et j’ai vu le panneau des 50 mètres », confie Johann Tschopp. « Là, j’ai su que le titre était pour moi. Aujourd’hui, j’avais « la patte » comme on dit dans le milieu. J’ai voulu m’échapper dans la première montée. Repris une première fois avant les Haudères, je suis resté calme. J’ai remis une couche dans la deuxième partie et suis parti seul. Quand Lukas est rentré j’étais dégoûté. J’étais presque à bout de force. J’avais laissé du jus dans la bosse et son retour lui donnait un ascendant psychologique. Dans les derniers mètres, le public valaisan m’a porté et cette victoire me comble! »

Le champion de Suisse en compagnie de Georgy Debons. Photo Raid Evolénard.
Le champion de Suisse en compagnie de Georgy Debons. Photo Raid Evolénard.

Rapillard  « Je vis des moments privilégiés »

Douze minutes plus tard, son coéquipier Arnaud Rapillard franchit la ligne au 9e rang. Il ne descend pas de son vélo, file tout droit vers la tente des cycles Tschopp et tombe dans les bras de son leader. Les deux hommes sont aux anges, ce succès ils l’ont construit ensemble.  « Le scénario idéal, celui qu’on espérait et qui aboutit. C’est magnifique, une grande fierté de pouvoir accompagner ce gars là », s’enthousiasme-t-il.

Johann Tschopp et Arnaud Rapillard:les deux compères ont bien préparé leur coup, et réussi. Photo Didier Panchard - www.dphotos.ch
Johann Tschopp et Arnaud Rapillard:les deux compères ont bien préparé leur coup, et réussi. Photo Didier Panchard – www.dphotos.ch

Revenant sur sa course, Arnaud se montrait également satisfait  « 9e c’est bien, mes deux prédécesseurs sont pointés à moins d’une minute, mais c’est anecdotique. Je me retrouve à un niveau bien plus élevé que la saison dernière. Ces mecs-là, je ne je les voyais même pas. Aujourd’hui je bataille avec eux. J’ai un énorme plaisir, je profite et grâce à Johann et au team IAM Mountain Tschopp, je vis des moments privilégiés. »

Les mondiaux en fin de semaine

Les deux compères fonctionnent à l’unisson, ils surfent sur la vague qui les mènera du côté de Val Gardena le samedi 27 juin. Championnat du monde, une autre course, un autre combat. Celui qu’on n’attendait pas fait aujourd’hui partie du groupe des favoris pour la conquête du maillot arc-en-ciel. Une course d’un jour ou tout est possible. Le titre national donne le droit de rêver…

Esther Süss: Ariane lui donne du fil à retordre

Chez les femmes, la favorite Esther Süss s’est imposée, non sans peine devant Ariane Kleinhans, auteur d’un début de course trop rapide pour la future championne de Suisse. «Dans la première montée, nous devions rouler trop doucement au goût d’Ariane», confie Esther Süss sur sa page internet. «Elle a pris la roue d’un homme (qui était votre serviteur, pour l’anecdote) et a commencé à me distancer. »

Ariane Kleinhans, 2e, et Esther Süss, victorieuse à Evolène. Photo Raid Evolénard
Ariane Kleinhans, 2e, et Esther Süss, victorieuse à Evolène. Photo Raid Evolénard

Elle ne la reverra plus, ou de loin, avant la fin de la deuxième ascension, où Esther Süss creusera un écart finalement suffisant pour contenir sa rivale dans la descente. Pour son plus grand bonheur, évidemment: « C’était vraiment une belle course, bien organisée, sur un très beau parcours. Je suis vraiment heureuse d’y avoir participé, et encore plus heureuse d’avoir gagné! »
(communiqué – JF)