[Test] BMC Agonist : un crosseur qui aime le trail

« Disclaimer » pour commencer : je n’ai pas acheté ce vélo, mais y ai eu accès gracieusement par le magasin de mon épouse. De quoi placer mon ressenti sous le sceau de la complaisance pour certains (même si vous pouvez l’acheter où vous voulez, hein) qui peuvent s’arrêter ici.

Pour les autres, je vais essayer d’être aussi honnête que possible, même si j’ai surtout du bien à dire de ce vélo. Comme de mon Rocky Mountain Element 970 RSL, au sujet duquel je vais bientôt vous proposer un compte-rendu « longue durée ». Qui a pris pas mal de retard, surtout en raison de mes soucis de santé en 2017 (opération du genou en mai après une chute à 300m de l’arrivée de la Transvésubienne, thrombose au mollet en juin et embolie pulmonaire en août). Aujourd’hui, la santé est bonne, la forme de retour, en tous cas suffisante pour tester honnêtement quelques vélos au-delà de l’utilisation du PubliBike.

Levier « multiblocage » bien pensé

Ce week-end, c’est donc un BMC Agonist 01 (suivre le lien pour tous les détails du fabricant), le modèle haut-de-gamme, qui s’est pointé à la maison. Monté en SRAM XX1 Eagle, avec une fourche FOX Float 32 et un amortisseur de la même marque. Le tout assorti d’un levier permettant d’ajuster fourche et amortisseur en même temps et en trois modes : bloqué pour un vélo tout rigide, « trail » pour un amorti à mi-chemin et « ouvert » pour… ouvrir en descente 😉 Les pneus, d’origine, sont des Vittoria Barzo en 29’’ x 2,25. Poids total, sans pédales et en taille L : 10,85 kg avec le support pour compteur et des protections des manivelles.

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Le levier qui, en agissant simultanément sur l’amortisseur arrière et la fourche, permet de passer facilement d’un vélo tout-rigide à « tout mou » en passant par un mode « trail » des plus efficaces.

Départ en direction du coteau de Fully et ses chemins que je connais par coeur, ce qui facilite la comparaison entre les vélos. Premier arrêt pour régler la position des commandes de vitesses et premier constat : vraiment simple et personnalisable à souhait pour que les « shifters » tombent sous les doigts comme on le souhaite. Seul regret, la garde du levier de frein (l’éloignement du cintre) est certes ajustable sur ces Sram Level ltd, mais uniquement avec un outil, qui devra être petit… Une petite molette aurait été préférable, quitte à ajouter douze gramme à l’ensemble… Mais ce sera le seul bémol pour le freinage.

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Les leviers, de type « push-push » se positionnent très facilement selon vos préférences.

Transmission précise et solide

La sorte commence par un petit passage en montée raide, le fameux passage « des cactus » près du village de Mazembroz. Ça passe avec le 34 x 50 du groupe Eagle. Déjà un bon point, même si la chose dépend autant de la forme du jour et d’un bon choix de trajectoire.  Passer à cet endroit avec un vélo enfourché il y a moins de dix minutes, y a bon. Un peu plus loin, petit essai de passage des vitesses « en charge », sans relâcher la pression sur les pédales. Rien à dire, ça passe comme une fleur, avec un petit délai, comme si le système relâchait de lui même la pression. Quoi qu’il en soit, les vitesses passent sans problème, à la montée comme à la descente.

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Rien à dire sur la transmission, c’est précis, même sous la torture…

Freinage convaincant, vraiment (enfin)

Parti à l’assaut de la « montée oubliée » (pas par moi), je me réjouis la vivacité de l’avant, bien aidée par une fourche légère, une FOX certes en 32 mm, que certains trouveront trop « light » pour leur usage. Mais lorsqu’il s’agit de placer une roue à la montée, une proue un peu plus légère est appréciable et, en l’occurrence, appréciée. La descente très raide et longue qui suit, « tout sur les freins », me permet de constater que ces Sram Ultimate ne bronchent pas. Pas de « fading », pas de hurlements, pas d’influence de la chaleur intense des disques. Moi qui en étais resté au SRAM XO, avec un à priori disons… négatif, j’admet bien volontiers que l’équipementier US a fait un sacré bon boulot. Tout comme avec la transmission citée plus haut d’ailleurs, je mesure le chemin parcouru depuis les poignées tournantes Sachs, qui ont équipé l’un de mes vélos en 1997 et rachetées par le groupe américain (l’entreprise, pas mes poignées…)

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Le monoplateau n’est plus un souci, ici avec un plateau de 34 à l’avant, et un pignon de 50 à l’arrière.

Un mode trail remarquable

Rien à dire sur la transmission, pas davantage sur le freinage, quid du vélo au complet ? Franchement, rien que du bon. Un tronçon asphalté en montée ? Clac, une pression sur le levier de gauche et vous voilà aux commandes d’un « tout rigide » des plus efficaces. Un secteur plus cassant, ou une route forestière un peu inégale, se présente ? Re-clac sur le levier pour se mettre en mode « trail » et là vous êtes au guidon d’un monstre d’efficacité. La fourche et l’amortisseur travaillent de concert pour offrir une plateforme stable et une traction diabolique tout en conservant un sacré rendement. Illustration à l’entrée des Follatères depuis Branson pour ceux qui connaissent l’endroit et sa fameuse « voie romaine » mal pavée. Un endroit où il faut souvent être en grande forme et avoir un peu de chance pour « sortir en haut », comme on dit par ici. J’ai dû y parvenir deux fois en bientôt 30 ans de VTT. La troisième aujourd’hui, presque (j’ai dit presque) facilement. Peut-être un hasard, mais je n’y crois pas.

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Un amortisseur bien intégré dont le fonctionnement s’harmonise bien avec celui de la fourche pour un vélo stable et précis.

Confirmation dans le « Zag »

Un peu plus tôt, je suis évidemment passé par le « Zag », un segment Strava que j’avais créé justement pour aller y tester mes vélos et différents réglages : un tronçon descendant, mais pas trop raide, avec des relances, sur un sentier parfois parsemé de rochers, des passages plus « souples ». Bref, si j’arrive à rouler « fluide » et vite à cet endroit devenu depuis un passage obligé de pas mal de vététistes, je suis content 😉

Cela a été le cas aujourd’hui avec l’Agonist. Je me suis fait plaisir et le temps n’était pas trop éloigné de mon record personnel, tout en ayant dû fortement ralentir par deux fois pour laisser passer des marcheurs, toujours prioritaires dans cette zone protégée. Pas mal du tout en « selle haute », faute d’une tige de selle téléscopique, qui ouvrirait encore d’autres possibilités à ce vélo, et avec des pneus qui se sont avérés un poil trop gonflés.

Le vélo était monté en tubeless et j’aurais pu rouler à 1,8 bars de pression plutôt que les 2 bars que j’y avais mis. Ce gonflage un peu « dur » et une gomme peut-être un peu dure aussi (à coup sûr plus dure que celle des Schwalbe Hans Dampf Trailstar que j’ai utilisés cet hiver) ont certainement pénalisé un peu le ressenti dans ce « Zag », avec un avant un peu fuyant sur certains rochers et graviers. Peut-être le prix à payer (comme l’avant « à bien surveiller » à haute vitesse) pour un comportement général par ailleurs assez exceptionnel.

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L’Agonist à l’épreuve du coteau de Fully, défi relevé 😉

J’étais parti pour une petite prise en mains et j’ai rapidement trouvé mes marques au guidon de l’Agonist. Et après deux heures, j’avais déjà l’impression que ce vélo était le mien…

Pour qui, pour quoi ?

L’Agonist est le vélo de cross-country de BMC, mais il est capable de bien davantage que cela. À 10,8 kg, sans les pédales, le poids se laisse voir, pour ceux qui y sont attachés et pour un tout-suspendu.

Les 110mm de débattement peuvent sembler faibles, mais ils sont vraiment bien exploités et je n’ai pas l’impression qu’ils seraient limitants pour ma pratique. Au-delà des courses de XC technique, de XC marathon (comme le Grand Raid) ou de la rando sportive en montagne (parce que par chez nous, avant de descendre, il faut parfois s’appuyer plus de 1500m de montée), je n’hésiterais pas à emmener ce vélo sur des trucs un peu plus engagés, comme une Transvésubienne, après avoir monté des pneus plus costauds, comme mes Hans Dampf fétiches.

Polyvalent, c’est sûr.