Swiss Epic: voir Zermatt et finir

Après les déboires de la troisième et la quatrième étape, cela ne pouvait qu’aller mieux pour la dernière, entre Grächen et Zermatt, la plus belle de cette première Perskindol Swiss Epic, à notre goût, avec de magnifiques sentiers, également à la montée. Amaël avait fait changer ses pneus la veille au soir, mais a malheureusement dû constater que le mécano devait être fatigué lui aussi pour monter le Continental Mountain King 2,2 à l’avant et le 2,4 à l’arrière… Mais plus le courage de changer cela à vingt minutes du départ.

Amaël Donnet sous le Cervin en fin de 5e étape, juste avant la 5e crevaison...
Amaël Donnet sous le Cervin en fin de 5e étape, juste avant la 7e crevaison…

Les plus beaux sentiers de la semaine

Dès le départ, le pneu avant d’Amaël perd un peu d’air et deux arrêts de regonflage seront nécessaires en début d’étape. Rien à voir avec les péripéties des jours précédents et le début de journée se passe plutôt pas mal, même si la fatigue accumulée se fait bien sentir. Après une superbe première descente depuis Grächen et une longue montée, souvent en sentier de Saint-Nicolas à Zermatt, on enchaîne par une très longue route 4×4 jusqu’à l’arrivée du métro alpin de Sunegga. Ensuite, les sentiers succèdent aux brefs passages sur route 4×4, du pur bonheur. La descente sur le Riffelalp, puis sur Furi, est très cassante et piégeuse avec d’innombrables rigoles artificielles fabriquées avec des pierres plates posées sur la tranche. Mieux vaut réussir ses « bunny-hop », sinon la punition risque bien d’être la crevaison instantanée. Un des moments de la course où j’ai vraiment apprécié mon « gros » vélo.

L'étape Grâchen - Zermatt était juste inoubliable. Photo Sportograf
L’étape Grâchen – Zermatt était juste inoubliable. Photo Sportograf

Plus tard, la dernière descente sur Zermatt depuis Stafel est vraiment somptueuse, dans paysage exceptionnel. Un vrai sentier valaisan, alternant les parties souples et les pierres bien scellées et parfois cachées à la sortie du virage. Label 13 étoiles à 100 %…

Une crevaison, la septième…

Pour Amaël, un peu dans le dur après les efforts supplémentaires en « fixie » puis à plat sans selle, l’épique aventure ne pouvait bien sûr pas s’achever sans une ultime crevaison. Il aurait eu besoin d’un troisième regonflage de son pneu avant, mais en avait trop ras le bol pour s’arrêter encore une fois. Sur un appui un poil plus musclé que les précédents, son tubeless a fait « pschitt » et il s’est retrouvé complètement à plat. Le temps de relancer quelques jurons et de me confirmer qu’il n’allait pas mettre une chambre à air pour ces cinq misérables derniers kilomètres, il était déjà reparti, doublant même plusieurs concurrents, peut-être effrayés par ce raffut, qui ne comprenaient pas bien comment cela pouvait bien être possible. Pas une surprise pour moi qui avais pu admirer un festival de « nose turns » dans les épingles et autres manuals ou wheelings à une main sur la ligne d’arrivée durant toute la semaine. Techniquement, ce mec assure. Et si un roulement de la roue DT nous avait trahis quelques jours plus tôt, la jante de la marque suisse, elle, n’a pas bronché. Ces XM 1501 Spline One ne semblent pas seulement indestructibles, elles le sont.

Le roulement coupable d'une bonne partie de nos maux de la 3e étape, entre Leukerad et Grächen. Trop faible pour les cuisses d'Amaël.
Le roulement coupable d’une bonne partie de nos maux de la 3e étape, entre Leukerad et Grächen. Trop faible pour les cuisses d’Amaël.

Emotions et bières partagées à Zermatt

À Zermatt, nous avons franchi la ligne main dans la main, Amaël avec son pneu plat, tout un symbole après ses sept crevaisons de la semaine, et cela m’a semblé presque normal de finir après ces 400 kilomètres et 15’000 m de dénivelé. Après tous les ennuis rencontrés, et après avoir à chaque fois trouvé une solution — au prix de gros efforts pour mon capitaine — je ne voyais pas comment il aurait pu en être autrement. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance et mon périple aurait aussi pu s’arrêter aussi net que m’avait bloqué un fil de fer de clôture sur la première étape Verbier-Leukerbad. Je l’ai payé d’une grosse entorse à la cheville, heureusement pas trop douloureuse au pédalage. Le repos forcé avec une attelle, c’est pour cette semaine…

L'arrivée à Zermatt, après près de 30h de vie commune sur les sentiers valaisans...
L’arrivée à Zermatt, après près de 30h de vie commune sur les sentiers valaisans… Photo Sportograf

À Zerrnatt, au soleil, c’est aussi toute une cohorte de concurrents fatigués, mais heureux, qui s’est retrouvée derrière la ligne d’arrivée pour partager une bière en toute décontraction, car durant la semaine, l’appréhension de l’étape du lendemain empêchait parfois de savourer pleinement les émotions du jour. Et, toujours à Zermatt, les « finishers » ont pu se retrouver pour une petite « party » au Vernissage. Et là, nous avons enfin pu savourer une douce revanche: après quelques breuvages de trop, nous étions encore bien plus frais que quelques « pros » qui nous avaient atomisés à longueur de journée durant la semaine. Pas le même physique je vous dis…

Un moment intense: la traversé du pont bouthanais, à Susten, lors de la 2e étape, en boucle autour de Leukerbad. Photo Sportograf
Un moment intense: la traversé du pont bouthanais, à Susten, lors de la 2e étape, en boucle autour de Leukerbad. Photo Sportograf
En route pour la falaise de Leukerbad lors de la 2e étape. Photo Maaswerd
En route pour la falaise de Leukerbad lors de la 2e étape. Photo Maaswerd